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Gargantua, Rabelais

Dissertation : Gargantua, Rabelais. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  19 Février 2023  •  Dissertation  •  3 063 Mots (13 Pages)  •  734 Vues

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Mossé—Manso                                                                                                                                1er2

Stella  

Dissertation

Rabelais-Gargantua

François Rabelais est né aux environs de 1493 et meurt en 1553. Il exercera par la suite la fonction de moine, puis de médecin, mais il est surtout connu pour son métier d’écrivain, laissant alors transparaître ses convictions humanistes. Comme il le déclare, en reprenant les termes d’Aristote, dans l’épigraphe avant le prologue de son livre Gargantua, “le rire est le propre de l’homme”. En effet, dans ce récit inspiré des contes folkloriques du Moyen-âge, Rabelais espère démontrer qu’une éducation par le rire est efficace. Ainsi, il parsemera son récit de comique dans le but d’avancer des arguments en faveur de la cause qu’il plaide.

Peut-on penser que l’expression du rire chez Rabelais rend-elle seulement compte de la valeur littéraire et philosophique de Gargantua ?

Il sera tout d’abord utile de démontrre que le rire est au centre de l’écriture de Gargantua et se révèle sous de multiples formes. Puis, il conviendra de compléter cette étude en insistant sur la portée philosophique et sérieuse des idées de l’auteur que le comique invite à découvrir.

Dans son récit, Rabelais s’appuie sur le comique dans la grande majorité du récit. En effet, le comique est omniprésent, le rire est donc très souvent sollicité et presque tous les passages du récit sont burlesques. Le registre humoristique qui constelle les chapitres ne peut être manqué. Un des passages qui illustre ce propos est notamment celui du chapitre 25, la guerre déclenchée par la querelle entre les fouaciers et les bergers relève d’une satire de la société éveillant le rire chez le lecteur. En effet, le déclenchement de cette guerre sera la partie la plus importante du livre, on peut s’attendre alors à un déclenchement de guerre brutale et justifiée. Cependant, celle-ci relève de l’absurde. Alors que les fouaciers sont en route pour vendre leurs fouaces, sorte de brioches, ceux-ci passent devant les bergers qui demandent de leur en vendre. Ces derniers sont alors insultés par une multitude d’expressions grossières, qui relèvent de l’hyperbole « misérables, de brèche-dents, de plaisants rouquins, de coquins, de chie-en-lit, de vauriens….. ». De surcroît, le langage est grivois afin d’éveiller le rire des lecteurs « merde ; se chient dessus ; péter ; étrons » est bien d’autres termes encore. Alors que le chef des bergers, Frogier cherche à connaître la raison de l’agressivité des fouaciers, celui-ci se fait attaquer par le chef des fouaciers, Marquet en lui donnant un coup de fouet. Une bataille générale s’ensuit alors, avant que les bergers mettent finalement les fouaciers en déroute et se régalent des fouaces qu’ils ont tout de même payées. Le déclenchement n’est donc en aucun cas sérieux, par conséquent il déclenche le rire. Cette parodie de la société caricature les déclenchements de guerre obtus et sans raison qui se déroulaient à l’époque de Rabelais. Ici, le rire est donc utilisé sans limite par l’auteur qui n’hésite pas à exagérer et à le solliciter.

Toutefois, même si l’utilisation du comique de la part de Rabelais est omniprésent dans le récit, celui-ci varie les différentes formes d’humour disposées dans le récit. Son usage est réfléchi. Ainsi, l’auteur décline le comique sous toutes ses formes possibles afin de proposer à son lecteur une certaine diversité.

En effet, afin de proposer à son lecteur une diversité des formes du rire dans son récit, Rabelais le décline sous toutes ses formes possibles. Ainsi, de nombreux chapitres sont un mélange de satire, de langage grivois, de  parodie, d’hyperbole, et de la truculence des verbes. Un chapitre attestant bien cet aspect est notamment le chapitre 13, celui du « torche-cul », où le langage grossier ainsi que d’autres formes de comique sont utilisées sans limite. Tout d’abord, le langage grivois est notable, en effet les mots grossiers ne manquent pas tels que « chieur ; merdeux ; péteur ; torcher le cul ; chiais…. ». Afin de compléter ce langage familier, l’auteur ne s’empêche pas d’user de la truculence du verbe, qui rend son récit cocasse et haut en couleurs « Ton lard qui s’échappe se disperse sur nous. Sale Crotteux qui s’égoutte…. ». Ici, ce sont deux procédés qui éveillent le rire du lecteur, celui-ci s’amuse à sa lecture. De surcroît, ce chapitre consiste aussi en une parodie de la médecine. Il ne faut pas oublier que Rabelais fut médecin, ainsi des termes de hautes médecines dans un chapitre si vulgaire et grossier ne peut-être que comique. Ainsi, l’auteur parle de l’anatomie humaine «  ...se répand facilement dans tout le boyau du cul ainsi que dans les intestins, jusqu’à la région du cœur et du cerveau. ». Dans ce chapitre, le grotesque ainsi que l’hyperbole est aussi beaucoup utilisé, rappelons que Gargantua est un géant, le grotesque est donc un des appuis majeurs du livre pour faire éveiller le rire. Ainsi, les énumérations des torches-culs qu’utilise le petit géant sont bien trop nombreux pour être réalistes « poule, coq, poulet, peau d’un veau, lièvre, pigeon, cormoran, sac d’un avocat, barbute, coiffure, leurre ». D’autres énumérations sont aussi présentes dans le chapitre, l’auteur exagère et s’appuie donc sur l’hyperbole qui relève du grotesque. Ainsi, ces nombreuses formes du comique concentrées dans un seul chapitre montre la volonté de l’auteur de faire rire son lecteur. Ainsi, le rire offre donc une certaine diversité.

Toutefois, bien que le comique soit présent dans l’entièreté du récit et que celui-ci se décline sous toutes ses formes possibles, il confère au livre un autre pouvoir. En effet, le comique rend ainsi le texte plaisant et accessible pour tous.

Le comique mis en place dans le récit permet aussi un atout majeur. En effet, le registre du rire rend le texte accessible et plaisant, ainsi la lecture de Gargantua n’est pas rébarbative ; elle accroche vite le lecteur et le transporte dans un univers de conte merveilleux. Bon nombre de chapitres vont dans le sens de cet argument, mais le chapitre 6, contant la naissance de Gargantua est peut-être celui qui en atteste le mieux. La naissance du bambin relève bien-sûr du comique le plus fantaisiste possible mais aussi et surtout du surnaturel.  En effet, alors que Gargamelle, la mère du géant a du mal a accouché, une vieille femme lui donne un remède bouchant ainsi les voix naturelles. Le nourrisson remonte ainsi par l’oreille « une partie du placenta se relâcha. L’enfant….entra dans la veine cave et grimpant par le diaphragme jusqu’au dessus des épaules….sortit par l’oreille ». Dans ce passage le surnaturel est bien présent, mais on remarque une nouvelle fois une parodie de la médecine avec des termes précis de l’anatomie humaine. La naissance du héros éponyme est d’autant plus comique que celui-ci ne s’écrit pas « Mies!Mies!Mies ! » comme les autres enfants mais « A boire ! A boire ! A boire ».  Ce trait humoristique sur l’ivresse d’un si jeune enfant est renforcé par une hyperbole de l’auteur « Et si fort qu’il fut entendu dans tout le pays de Beuxes et du Biberais », de surcoît cette phrase est dans le même temps un jeu de mots sur la boisson car « Biberais » équivaut à « Vivarais » et « Beaux » à « boire ». Rabelais fait par la suite en sorte de démontrer à son lecteur que cette naissance, pour le moins étrange, est tout à fait naturelle. Il énumère alors bon nombre de héros de l’Antiquité qui naquirent de manière surnaturelle « Bacchus, Minerve, Adonis... » et bien d’autres encore.

Ainsi, Rabelais s’appuie sur le surnaturel et le comique afin de stimuler son lecteur, dans le but que celui-ci ne s’ennuie pas et accroche vite au récit. Cependant si l’auteur met tant de moyens pour attirer son lecteur à lire la suite de son livre, c’est que celui-ci cache un sens sérieux que Rabelais souhaite partager.

Il est vrai que Rabelais, dans Gargantua, exprime toutes les facettes du rire et se complaît à divertir son lecteur. Mais réduire l’œuvre au rire serait une erreur. En effet, l’auteur propose une réflexion sérieuse qui convient de bien cerner afin de posséder une vision affinée du récit.

Cependant, bien que le comique soit l’atout majeur de ce livre, il ne faut pas s’arrêter à cette première perception du texte. En effet, le comique n’est qu’une posture habile de la part de l’auteur pour transmettre un message sérieux et profond à ses lecteurs. Ainsi, Rabelais attire l’attention du lecteur sur cette particularité du livre, il le met en garde contre la tentation de refermer le livre d’apparence grivoise et légère. Dans le prologue du récit, on peut, en effet, y lire un avertissement de la part de Rabelais. L’auteur s’explique clairement « il ne faut pas faire preuve de tant légèreté lorsque l’on juge les œuvres humaines ». Ce type de phrase permet de faire passer un message au lecteur de manière logique, en effet, il s’agit d’un syllogisme. Les deux propositions suivantes montrent les  causes et les conséquences que défend l’auteur « Car vous-mêmes dites que l’habit ne fait pas le moine » et « C’est pourquoi il faut ouvrir le livre et soigneusement en étudier le contenu ». De plus, Rabelais utilise des exemples concrets afin de démontrer à son lecteur que l’apparence ne définit en rien le contenu. Il compare ainsi son livre à des silènes, petites boîtes ornées de figures grotesques mais contenant des substances précieuses. L’auteur passe aussi par des références à l’Antiquité ; « fasciné par le chant des sirènes ». Ici, Rabelais compare son lecteur à Ulysse, le héros de l’Odyssée d’Homère, il veut que son lecteur rit du livre mais ne s’arrête pas là, il doit comprendre le sens caché. Ainsi, Rabelais utilise une allégorie bien connue, celle du chien et de l’os moelle. En effet, le chien voit au-delà de l’apparence, il sait que l’os cache un trésor nutritif précieux à ses yeux. Le lecteur doit donc faire de même, il doit chercher la « substantifique moelle » du livre et ainsi il pourra se nourrir de l’écrit ou des idées profondes que contiennent le livre.

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