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Jacques Maritain

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s catholiques : les affinités du nationalisme intégral et de l’intégrisme catholique.

C’est en 1898, dans le cadre de la prolifération de groupements nationalistes nés de l’Affaire Dreyfus que le journaliste Henri Vaugeois et l’écrivain Maurice Pujo fondent l’Action française, rassemblant des intellectuels nationalistes opposés au régime parlementaire. Charles Maurras rejoint le mouvement en 1899 et devient rapidement le principal doctrinaire et le leader charismatique du groupe. L’originalité du mouvement est d’avoir su concilier le monarchisme -qui semblait condamné par l’évolution politique du temps- et un nationalisme autoritaire. Selon ses principes, le régime Républicain est irréformable parce qu’il est issu de la Révolution. Pour redresser la nation, il faut d’abord restaurer le roi. Il faut ensuite éliminer de la communauté nationale tous ceux qui y sont étrangers : les juifs, les francs-maçons, les protestants et les « métèques ». Enfin, il faut restaurer la puissance de l’Eglise catholique, indissociable de la nation, prise comme instrument d’unification des français. L’Action française a, de fait, rajeuni un royalisme déclinant et renouvelé sa doctrine : elle a doté d’un système de pensée la passion nationaliste. Forte d’un prestige littéraire et du soutien de plusieurs intellectuels, l’Action française gagna l’appui de quelques milliers d’adhérents dont une grande majorité de l’opinion catholique française.

Comment expliquer l’attirance des milieux chrétiens pour l’Action française ? Face à l’attrait exercé par l’amour de la France, nombre de catholiques ne pouvaient éviter de se poser la question de leurs rapports avec l’Action française. Ils entretinrent des liens étroits avec le mouvement monarchique qui apparut comme une porte vers la foi, un aboutissement civique de leurs croyances. En fait, l’adhésion au nationalisme intégral que proposait Maurras et ses pairs semblait coïncider avec les désirs politiques et spirituels des catholiques. L’attachement aux notions d’ordre, de hiérarchie, d’autorité et de tradition se retrouvaient dans les deux milieux. C’est aussi cette exposition du catholicisme comme un élément essentiel au destin et à la cohésion de la nation qui a poussé les catholiques à voir, peut être, en l’Action française le parti politique qu’ils n’avaient jamais eu. Ils ont perçu dans le maurrassisme -la doctrine de Maurras- la renaissance de la foi catholique sous une forme nouvelle, une sorte de régime politique à caractère théocratique. Les catholiques avaient trouvé des alliés dans leur combat contre la modernité.

b) Le rôle de Jacques Maritain au sein du mouvement.

Une constellation d’esprits, d’élites et d’intellectuels catholiques se joignirent au mouvement. Parmi eux, Jacques Maritain joua un rôle décisif dans le destin de l’Action française et dans sa relation avec l’Eglise catholique.

Jacques Maritain, né en 1882 dans une famille Républicaine (il est le petit fils de Jules Favre) est d’abord socialiste et évolue dans les milieux dreyfusards. Il fit des études de philosophie et se convertit au catholicisme en 1906 en même temps que son épouse juive Raïssa. Agrégé de philosophie, il choisit d’enseigner à l’Institut catholique de Paris. Jacques Maritain était un thomiste, c'est-à-dire qu’il se réclamait de la pensée de saint Thomas d’Aquin. Il chercha à diffuser le thomiste tout en élaborant une doctrine politique qui traduise la place du chrétien dans la cité.

C’est cette quête d’une politique exprimant les positions des catholiques qui le conduisit vers les voies du maurrassisme et de l’Action française. Dans les années de l’immédiate après guerre, vers 1911, Jacques Maritain se rapprocha, sans pour autant en être membre, du mouvement. Il s’abonna au journal l’Action française. Il apporta son soutien a Maurras et publia en 1926 Une opinion sur Charles Maurras et le devoir des catholiques où il affirme que les catholiques peuvent suivre Maurras en politique, tout en gardant entière la pureté de leur foi. Car Jacques Maritain défend la légitimité du nationalisme maurrassien dans la mesure où il affirme qu’il se distingue du « culte aveugle de la nation prise comme supérieure à toute loi morale ou religieuse ». Puis, il collabora avec Henri Massis, qu’il aida à lancer la Revue universelle. Peu à peu, le philosophe devint un pilier au sein du mouvement monarchiste : une référence spirituelle et culturelle.

Ainsi, les rapports entre l’Action française et le milieu catholique est une histoire singulière. Tout comme la majorité de l’opinion catholique française, Jacques Maritain adhéra aux principes novateurs du mouvement monarchiste trouvant en lui un aboutissement politique de leur foi. Le thomisme de Maritain et le maurrassisme étaient perçus comme deux piliers essentiels au mouvement. Le philosophe devint le second maître à penser du mouvement reconnaissant en l’Action française l’expression parfaite de la place du catholique dans la vie politique. Mais cette concomitance entre les catholiques et les ligueurs de l’Action française pouvait –elle réellement durer ?

II- La condamnation pontificale de l’Action française et l’évolution de la pensée de Jacques Maritain.

a) La sentence pontificale (1927) : Pourquoi Rome a parlé ?

A un moment donné, l’Eglise romaine a considéré comme dangereux le maurrassisme et l’école de l’Action française. Son nationalisme autoritaire ne pouvait plus s’accommoder de l’universalisme catholique. Dès les années 1910, quelques ecclésiastiques ont mis en évidence sur le plan théologique les origines peu orthodoxes de la pensée maurassienne. Mais la crise réelle débuta en 1926, lorsqu’un Cardinal, le Cardinal Andrieu, dénonça les principes de l’Action française, appuyé par le pape Pie XI. Aux exigences pontificales, les dirigeants du mouvement répondirent par un Non possumus manifestant le refus de se soumettre à l’autorité suprême. Pie XI condamna alors le mouvement par une mise à l’index des ouvrages de Maurras et du quotidien par décret de la Congrégation du Saint-Office le 26 décembre 1926.Mais qu’est ce qui est réellement condamné par la décision pontificale ? C’est d’abord le paganisme de Maurras, c'est-à-dire le « politique d’abord » : le fait que le mouvement considère comme absolu l’intérêt national et refusent de subordonner la politique à d’autres valeurs que la grandeur de la France, qu’elles soient religieuses ou non. Ce qui est également reproché à Maurras et ses pairs c’est leur nationalisme excessif qui consista à nier l’interdépendance entre les nations et donc à réfuter l’universalisme de l’Eglise. En outre, cette crise s’inscrit dans un contexte plus large de difficultés qui affectent l’Eglise catholique : elle n’est plus en mesure de guider et de maîtriser la culture des élites de la société française. Maurras était insoumis à l’autorité pontificale et exerçait une emprise croissante sur les fidèles : c’était un second magistère pour les catholiques. La condamnation pontificale, issue d’une longue gestation, répondit à des considérations théologiques mais eu des conséquences politiques capitales. C’est à ce moment là que Jacques Maritain eu un rôle déterminant. Lui, défenseur du maurrassisme et partisan de l’Action française, se détourna du mouvement et devint le porte -parole de la papauté au moment de la condamnation. Comment expliquer ce basculement ?

b) L’évolution de la pensée du philosophe : le porte-parole du pontife.

Parallèlement à son adhésion à l’Action française, Jacques Maritain avait de très bonnes relations avec la papauté : il disposait d’un énorme crédit de confiance à Rome. Il était presque devenu le philosophe de l’Eglise Romaine et il avait lui-même le sentiment d’avoir une mission particulière à accomplir au service de l’Eglise : faire rayonner la foi catholique. Lors de la condamnation pontificale, la décision de Jacques Maritain n’est pas sans difficultés. Devait- il obéir à l’ordre pontifical ? Ou maintenir ses convictions politiques ? Le fait est que le philosophe choisit de se mettre au service du pape. Il donne à Rome des gages de soumissions en publiant avec cinq ecclésiastiques Pourquoi Rome a parlé ?en 1927. Dans cet ouvrage commandé et approuvé par Pie XI, Maritain explique pourquoi les catholiques doivent obéir au pape et démontre par une étude doctrinale de quelles erreurs le souverain pontife a délivré les fidèles en condamnant l’Action française.

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