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L'Enseignement Superieur

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É IL RESTE ENCORE DU TRAVAIL À FAIRE

n II du Plan d’Urgence «Najah» du ministère de l’éducation nationale, deuxième année du Plan Émergence II, création de grandes universités privées et balbutiements de l’élaboration du cahier des charges pour l’accréditation des diplômes privés, 2009-2010 est une année scolaire qui bouge. L’enseignement supérieur au Maroc subit de profondes mutations, et s’engage - lentement mais sûrement - sur la voie de l’excellence. De façon générale, les employeurs et recruteurs s’accordent à dire qu’au niveau technique, les grandes écoles marocaines n’ont plus rien à envier à celles de l’étranger. La «Fac», de son côté, demeure cependant encore trop mal perçue. Le plus grand nombre d’étudiants s’orientent vers les Sciences juridiques, économiques et sociales, avec 320 427 inscrits en 2008, soit 34% du total de jeunes en études supérieures publiques.

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Ils sont suivis des 80 879 jeunes en lettres et sciences humaines, qui représentent 28%. Or, du côté des recruteurs, on fait encore la moue sur ce type de profil. Le département de l’enseignement supérieur fonctionne normalement avec un budget de près de 5 milliards de DH. Reste à savoir quelle part des 40 milliards de DH accompagnant le plan «Najah» lui sera véritablement allouée et surtout, de quelle manière les sommes seront investies. L’enseignement supérieur est directement concerné par trois des 23 projets inscrits au plan : promotion de l’excellence, amélioration de l’offre d’enseignement supérieur et promotion de la recherche scientifique. Le public doit aussi s’atteler à former suffisamment d’ingénieurs pour satisfaire l’appétit du Plan Émergence II. Quelque 15 800 postes seront à combler d’ici 2015. Or, les derniers chiffres disponibles montrent que 5 361 étu-

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en janvier dernier stipule que l’accréditation ne sera possible qu’à travers le respect intégral et rigoureux d’un cahier des charges… dont on ne sait rien à ce jour. Dans le privé, la multiplication des diplômes délocalisés offerts sur le territoire se poursuit également. Argument marketing massue pour les opérateurs, on apprend cependant qu’il ne s’agit pas du tout d’un élément décisif dans l’embauche d’un candidat. En effet, pour nombre d’employeurs le diplôme ne fait pas la personne. Ceux-ci recherchent des candidats bien formés, certes, mais qui disposent d’un savoir-être avant tout. Du coup, le développement personnel de l’étudiant devient aussi important diants étaient inscrits aux Sciences de l’ingénieur en 2008, soit seulement 1,84% de la population totale à l’enseignement supérieur public. En 2007, seulement 881 ingénieurs ont reçu leur diplôme, alors que la capacité d’accueil actuelle est de 12 218 places. Autre élément important sur lequel l’État doit également se pencher: la cohérence des formations avec les besoins du marché. Plusieurs employeurs ont évoqué le fait que le développement économique du Maroc fait émerger de nouveaux besoins, notamment en logistique et en ressources humaines, sans que les formations offertes aujourd’hui ne soient tout à fait à point.

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que sa moyenne, et que la renommée de l’établissement où il a été formé. Enfin, on apprend que la faiblesse de l’enseignement supérieur au Maroc se situe dans le savoir-être, mal ou insuffisamment enseigné aux étudiants. Les jeunes diplômés, pour être compétitifs sur le marché du travail, doivent au minimum maîtriser l’arabe et le français. Pour ceux qui visent les multinationales, l’anglais est aussi devenu indispensable. A ces insuffisances en termes de communication s’ajoute un manque d’initiative, de capacité d’adaptation, de leadership, de sens de la citoyenneté et de capacité à résoudre des problèmes. A quand une intégration réelle de ces éléments dans les programmes éducatifs ? I

DE NOUVEAUX IMPÉRATIFS : LA MAÎTRISE DES LANGUES, L’INITIATIVE, DES CAPACITÉS RELATIONNELLES...

Du côté du privé, 2009-2010 a vu grand. Plusieurs opérateurs, notamment à Casablanca et Rabat, se lancent désormais dans le nouveau concept du campus et de l’université privée. Certains sont déjà opérationnels et d’autres ouvriront leurs portes dans les deux années à venir. Malgré ces grandes structures, le privé a toujours du mal à s’approprier le marché. Sur les 213 écoles d’enseignement supérieur recensées, plus de 170 appartiennent au secteur privé. Pourtant, seulement 9,6% des étudiants inscrits aux études supérieures, soit 30 500 jeunes, ont opté pour ce choix. La principale raison demeure évidemment les frais de scolarité élevés. Pas de subvention ni d’avantages fiscaux pour les parents qui font le choix du privé pour leurs enfants. Les banques offrent cependant de plus en plus de crédits spécialement dédiés à cette fin. L’autre tare du privé est la non-reconnaissance par l’État des diplômes décernés par les opérateurs privés. Ce chapitre semble loin d’être clos, puisqu’un décret voté

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De grandes avancées en dix ans, mais il reste encore beaucoup à faire

Les spécialistes du recrutement reconnaissent que, par rapport à il y a dix ans, les profils sont plus nombreux et de meilleure qualité sur le marché ® Des opérateurs du privé s’accordent sur l’urgence d’une mise à niveau ® La reconnaissance des diplômes délivrés par le privé font toujours l’objet de débats interminables.

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Il y a douze ans, je pouvais m’entretenir avec 90 candidats pour trouver un jeune cadre diplômé qui avait du potentiel.Aujourd’hui, le ratio se situerait plutôt autour de 3 sur 10», lance d’emblée Chantal Aounil, du cabinet de recrutement Bil Consulting. C’est à peu près le même discours qui se répète chez les autres recruteurs, employeurs et professionnels de l’éducation interrogés par LaVie éco. La table est donc mise : la situation de l’enseignement supérieur au Maroc est certes meilleure qu’il y a douze ans… mais il nous reste encore un long chemin à parcourir. Du point de vue des employeurs, les profils intéressants sont les diplômés des instituts et grandes écoles publiques marocaines, ou encore ceux issus d’universités ou écoles privées référencées. À demi-mots, on nous explique que les jeunes qui choisissent la fac s’inscrivent en quelque chose sorte au chômage, et que ceux qui optent pour une école privée lambda sont promis à une carrière dans le privé, sans réelle envergure. Seule exception, peut-être, les universitaires qui complèteront un premier cycle en sciences et techniques, et qui enchaîneront ensuite avec un master au privé. Mais attention, on parle encore ici de privé «référencé». Le privé Comment en sommes-nous arrivés là ? «Depuis 15 ans, dans le secteur privé, on note une légère évolution qualitative et une grande évolution quantitative. On compte aujourd’hui quelque 170 écoles privées à travers le pays, dont plusieurs ne dépassent pas la vingtaine d’inscrits», observe Abderrahmane Lahlou, président fondateur de Mundiapolis. «Le résultat est catastrophique et nuit énormément à l‘image du secteur», nous confie un enseignant. Sur ces 170 établissements, à peine une douzaine est véritablement reconnue par les employeurs. «Je constate une amélioration différenciée du sens de l’éthique chez les privés, admetYasmine Benamour, directrice de HEM, car si quelques établissements se sont alignés sur les standards internationaux, on trouve encore des écoles qui font de la “pub mensongère”, ou qui ne sont pas fidèles à leur programme de formation», dénonce-t-elle. En effet, on a vu pendant les années 2000-2010 de nombreux investisseurs ouvrir des écoles privées, sans pour autant détenir de formation ou d’expé-

rience en sciences de l’éducation. Pour certains d’entre eux, la priorité va à la marge de profit plutôt qu’à la qualité de l’enseignement. Comme le nombre total d’étudiants aux études supérieures privées n’a pas augmenté autant qu’on l’aurait souhaité, cette multiplication des écoles privées n’a fait qu’émietter le marché. Selon M. Lahlou, les effectifs seraient passés de 18 000 étudiants en 1998, à environ 30 500 aujourd’hui. Cela représente 9,6% des étudiants aux études supérieures, alors que l’objectif était d’atteindre les 20%. «Ce qui est raisonnable comme objectif, quand on considère qu’en 1998 entre 50 000 et 60 000 jeunes passaient leur Bac, contre 110 000 aujourd’hui», avance-t-il. Pour de nombreux intervenants du secteur, la solution pour mettre le secteur à niveau est aujourd’hui entre les mains de l’État. Le ministère de l’éducation nationale a certes établi un cahier des charges pour qui veut ouvrir un établissement d’enseignement supérieur. Cependant, les administrateurs sont nombreux à dénoncer le laxisme de son contenu. «Ce n’est définitivement pas assez strict», affirmeYasmine Benamour. En termes d’infrastructure, l’État doit tué dès le départ et

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