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L'Habit Ne Fait Pas Le Moine

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O JUVANTE » qui signifie en latin « avec l'aide de Dieu ». Imaginons un moine habillé non pas d'une robe de bure, mais d'une jupe plissée par exemple avec des talons aiguille, une chevelure sensuelle féminine et un maquillage de femme. Pourrait-on imaginer que cet être se « sente » réellement « moine ». Ceci peut paraître ironique; pourtant ça ne fait qu'illustrer caricaturalement le fait que la manière dont nous nous présentons, notre apparence, est en rapport avec notre personnage. Et ce que le client peut percevoir. Mais à bien y réfléchir, cet adage n'est pas sans rapport avec la réalité perçue. Il

VATEL Maurice – 2011 / 2013 – Année 1

est simplement l'aboutissement d'une démarche « erronée » : nous constatons que les idées que nous pouvons nous faire à partir des apparences peuvent être fausses. Nous « déduisons » donc que les « apparences sont trompeuses », au lieu de comprendre, du fait d'une analyse plus fine, que c'est peut-être notre capacité à percevoir et analyser objectivement qui est en défaut. Car en effet ce que nous percevons des autres, leurs apparences et leurs comportements, sont bien souvent interprétés de manière totalement subjective, faisant intervenir des idées reçues des impressions des sentiments, ou projetant des fonctionnements psychologique personnels. Il est intéressant d'observer cet adage avec un filtre. C'est à dire voir avec des citations, comment l'apparence peut être perçue : « Être, c'est être différent, c'est n'avoir pas de sosie, pas même dans la glace. » de Louis Pauwels « Mme de Staël montrait volontiers ses bras, sa gorge, en un mot ce qu'elle avait

de mieux, et elle disait : "Chacun montre son visage où il l'a. " »

de Charles-Augustin Sainte-Beuve « La beauté, comme le succès en tout, est une question de personnalité. » de David J. Schwartz « C'est d'ailleurs l'un des pièges de la coquetterie : soigner ses cheveux, c'est se

préoccuper de l'aspect que l'on a de dos. »

de Michel Tournier « L'apparence n'est rien ; c'est au fond du coeur qu'est la plaie. » de Euripide. Extrait d' Oreste

Image de soi – Sujet : l'habit ne fait pas le moine Johan MAMINDY-PAJANY / M1B0911 – Page 4

« Les apparences suffisent largement à faire un monde. » de Jean Anouilh. Le Rendez-vous de Senlis « Pour rester belle. Si vous avez les seins qui tombent, faîtes-vous refaire le nez,

ça détourne l'attention. »

de Pierre Desproges « Il n'y a point de mal à voir ce que les gens nous montrent. Ce n'est point moi

qui ai tort de vous trouver coquette ; c'est vous qui avez tort de l'être. »

de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Au delà de l'adage, se pose aussi la question de l'identité. Admis par l’opinion, il suppose une distinction entre ce qui est montré, observable, perçu, et l’essence, l’intimité ou le moi profond. Il est d’abord certifié par la présence de l’être au monde social. Dans un univers aux comportements réglés, il convient de se plier aux convenances, avec l’apparat qu’ils suscitent. Discours de circonstance, visibilité du vêtement, adaptation à la fonction, nous sommes « caméléon » de ce qui se montre. Faut-il saluer l’autorité, et la déférence qui s’impose ? Faut-il négocier avec les compagnons de travail ? Le ton change, les mots ne sont plus les mêmes... Faut-il inspirer confiance ? Alors l’amabilité et les nuances affables sont de mise. Faut-il séduire, et nous construisons une plus « belle image ». Mais après tout, nécessité fait loi. Pourtant, le dicton sonne comme une mise en garde, exprime le sentiment d’une méfiance. Il n’est pas honnête de n’être pas soi-même, veut nous dire la sémantique de l’adage. Après des siècles de condamnation de l’apparence, degré inférieur de l’être chez Platon, source du vraisemblable et non

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du vrai, qui oserait encore valider cette extériorité, et la constituer en base solide de la relation humaine ? Cependant, dire qu’il y a apparences d’un côté et essence de l’autre, c’est supposer qu’il y a changement, et à l’opposé permanence. Je puis changer ma garde-robe, non mon identité propre. C’est aller vite, car enfin, qu’est-ce donc que ce fameux moi ? Substrat immuable du « je » sur lequel s’articulent les habits du moine, convenons qu’il n’est pas d’abord une évidence. Les mots abondent, mais pas les certitudes : personnalité, caractère, originalité, etc. Ma personnalité est faite de traits ; cependant, ils sont en constante évolution, se déclinant par de multiples nuances selon les circonstances. Du latin persona, terme de 1180, il reprend un mot d’origine étrusque qui signifie masque de théâtre. Le masque grec utilisé au théâtre se dit hypocrites. Tout est dit... Quant au caractère, on s'en méfie souvent lorsque l’engagement ou la passion sont excessifs. Cela dépend de nous de le former, ou le reformer. Enfin, l'originalité n'apparaît point si nette si on prend en compte la variété des « moi » qui m’entourent. Toujours, observer avec les autres, points communs, heureuse rencontre des caractères qui se ressemblent, ou différences et antagonismes, rencontre conflictuelle de l’altérité. On le voit, le vocabulaire est usité, blanchi sous le harnais de l’habitude et des croyances, mais trahit de grandes indéterminations. Revenons au moine. Il pourrait ainsi n’être point moine tout en en possédant les attributs extérieurs. Mais pourrait-il y avoir un moine sans ses habits ? Un moine qui ne se montre jamais comme moine ? Un moine pour lui tout seul ? Et

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comment pourrait-il avoir la certitude qu’il l’est, si les autres ne le reconnaissent pas comme tel ? En effet, il serait intéressant pour notre moine de se poser la question de savoir comment il se pense lui-même. D’une manière directe et spontanée, dans une certitude claire et distincte ? Ou s’éprouve-t-il moine en s’apparaissant à lui-même ? En d’autres termes, dans ses habits intérieurs. Il s’observe ainsi en identifiant les caractéristiques du moine en lui. Mais s’observer implique pour une part un objet, et d’autre part, un observateur. Et nous voilà reparti. Qui est donc celui qui observe ? Est-ce le moine projetant dans la vision intérieure ces qualités de moine, schizophrène cherchant à se connaître, ou est-ce un sujet qui se représente comme moine tout en ne

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