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L'Ile Des Esclaves

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ts d'Homère ». Il écrit le Télémaaue travesti (publié seulement en 1736) et l'Iliade travestie (1717), deux parodies dans lesquelles on peut déjà déceler des préoccupations « sociales ».

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bourgeois, la société mondaine. 1719. Mort de Nicolas Carlet : Marivaux essaie sans succès de succéder à son père dans sa charge à Riom. Naissance de sa fille. 1720. Banqueroute de Law : graves difficultés financières pour Marivaux. Il se réinscrit à la faculté de droit et sera admis à la licence en septembre 1721. Mais il ne renonce pas à la

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PREMIÈRE

APPROCHE

UNE VIE P O U R L ' É C R I T U R E Mme du Deffand. Il se rendra chez Mme Geoffrin après la mort de Mme de Tencin en 1749. Le Jeu de l'amour et du hasard est une comédie créée au Théâtre-Italien et très appréciée à la cour. 1731-1741. Le romancier travaille beaucoup : la publication de la Vie de Marianne ou les Aventures de Madame la Comtesse de ... s'étend sur dix ans. En 1734 et 1735 paraît le Paysan parvenu. Marivaux n'en néglige pas pour autant le journalisme {le Cabinet du philosophe, 1734), et encore moins le théâtre : il écrit au moins une pièce par an, dont le Triomphe de l'amour, les Serments indiscrets (1732) et les Fausses Confidences (1737). 1742. Marivaux est élu à l'Académie française. Il y lira régulièrement des « réflexions » sur des sujets philosophiques, moraux et littéraires. Il retouche une comédie de Rousseau : Narcisse. 1744. Il habite vraisemblablement avec Mlle de Saint-Jean, avec qui il sera lié jusqu'à sa mort. Création de la Dispute, sans succès. 1746. Sa fille entre au couvent, protégée par le duc d'Orléans. 1747-1760. Alors qu'une traduction de certaines de ses pièces paraît en Allemagne, Marivaux ne compose plus que quelques comédies et écrits de réflexion. 1763. Malade depuis 1758, il meurt sans aucune fortune.

littérature. Sa collaboration avec les comédiens-italiens, de retour à Paris en 1716, commence par deux comédies : l'Amour et la Vérité et Arlequin poli par l'amour, dont seule la seconde a du succès. Sa tragédie la Mort d'Annibal, jouée par les comédiens-français, est un échec. 1721-1724. Marivaux journaliste : dans les publications échelonnées du Spectateur français, il observe la vie quotidienne, alternant tous les tons. Son activité théâtrale se poursuit : la Surprise de l'amour (1722), la Double Inconstance (1723), le Prince travesti et la Fausse Suivante (1724) sont joués par les comédiens-italiens. Échec du Dénouement imprévu, au Théâtre-Français. Sa femme meurt en 1723. 1725. Le 5 mars est créée l'île des esclaves au Théâtre-Italien. Énorme réussite : vingt et une représentations. La pièce est jouée devant la cour le 13 mars et est publiée en avril. Moindre succès pour l'Héritier de village. 1726-1730. Une comédie, la Seconde Surprise de l'amour, et un nouvel écrit journalistique, l'Indigent philosophe (1727). Marivaux exploite à nouveau l'idée de « l'île utopique » dans l'île de la raison (ThéâtreFrançais, 1727) et la Nouvelle Colonie ou la Ligue des femmes (de cette pièce, créée au Théâtre-Italien en 1729, ne subsiste aujourd'hui qu'une version en un acte, publiée en 1750).

Mme de Tencin.

1730. Marivaux fréquente les salons littéraires : il est assidu chez Mme de Lambert. On le verra ensuite chez Mmc de Tencin et 6

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MARIVAUX ET SES CONTEMPORAINS

Comprendre l'Île des esclaves aujourd'hui

Le succès de l'île des esclaves est le plus grand que Marivaux ait connu de son vivant : après vingt et une représentations en 1725, la pièce a été constamment reprise au Théâtre-Italien durant le xviiie siècle. Enrichie par la verve des comédiens venus d'Italie, cette pièce touchait les préoccupations des spectateurs et s'inscrivait d'une manière à peine voilée dans la réalité du temps.

La collaboration avec les comédiens-italiens

Les anciens comédiens-italiens avaient été chassés par Louis XIV en 1697. En 1716, le Régent les remplace par une nouvelle troupe, celle de Luigi Riccoboni. Ces comédiens parlent à peine le français, mais ils ont l'intérêt d'être les héritiers de la commedia dell'arte, tradition théâtrale italienne fondée notamment sur l'improvisation et sur les jeux de scène. Ils travaillent avec Marivaux dès 1720 et lui apportent un jeu naturel et gai, un art du geste et du mouvement, une vivacité du langage : dans la commedia dell'arte, les répliques s'enchaînaient sur des « mots-repères » (F. Deloffre). De même, les dialogues de Marivaux progresseront souvent par la reprise de certains mots (voir par exemple les scènes 1, 2, 3, 6). Et ce langage, réellement « dynamique », fondé sur des rebondissements, des jeux sur les mots, des effets de citation, des glissements de sens, formera l'objet même de l'action des pièces de Marivaux.

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PREMIÈRE

APPROCHE

C O M P R E N D R E L'ÎLE DES ESCLAVES Plus « spécialisés », ils sont alors cochers, laquais ou intendants... Valets ou femmes de chambre, ils vivent dans l'intimité des maîtres (voir scène 3) et deviennent parfois complices ou confidents. Il arrive que des maisons s'attachent pour plusieurs générations des familles de domestiques (voir scène 9). Mais les gages restent partout très faibles et ne sont pas toujours payés.

À la création, les rôles d'Arlequin et de Cléanthis — les plus « italiens » de la pièce — étaient tenus par Thomassin et Silvia. Thomassin, qui jouait tous les rôles d'« Arlequin », savait unir au comique sensibilité et finesse. Le jeu de Silvia, l'interprète privilégiée de Marivaux, était réputé pour sa retenue, son intelligence et sa grâce. Silvia, par De Troy Mario, Mlle La Lande et Dominique, (1645-1730). lui-même auteur de pièces, incarnaient respectivement Iphicrate, Euphrosine et Trivelin. L'île des esclaves n'est entrée au répertoire de la Comédie-Française qu'en 1939 (voir p. 106).

Thomassin (Arlequin) Tableau de La Tour (1704-1788)

Des domestiques mal traités

Le maître a une grande liberté. À tout moment, il peut renvoyer son serviteur, qui doit tout supporter. Un grand intendant pouvait écrire à la fin du xvii e siècle : « II y a des maîtres si inhumains qu'ils ménagent moins leurs valets que leurs chevaux, parce que les valets ne leur coûtent point d'argent. » En effet, les domestiques travaillent durement et continuellement. Ils sont traités avec brutalité, injuriés, souvent battus (voir scènes 1, 5, 9). Le serviteur est un objet sans dignité : son nom est remplacé par un sobriquet ou une origine géographique (voir scènes 2 et 3). On ne l'autorise pas à fonder une famille et l'on oublie le « devoir d'instruction ». Les traités préconisent pourtant des sentiments de type paternaliste : le maître doit veiller non seulement à la subsistance de son domestique, mais aussi à sa moralité (en éloignant les logements des deux sexes, par exemple). Il doit le traiter non en « esclave », mais en « enfant » (voir ce terme à la scène 9) : il faudra donc le corriger plutôt que le renvoyer, quitte à le battre (voir scène 9). Le maître doit instruire son serviteur, récompenser son mérite, l'assister dans la maladie. Vœux pieux... très partiellement écoutés ! 11

Maîtres et serviteurs en 1725 Diversité des situations

Au XVIIIe siècle, les domestiques, souvent d'origine rurale, représentent 5 à 10 p. 100 de la population urbaine. Engagés pour une durée déterminée, moyennant gages et logement, ils dépendent d'un maître : on dit qu'ils lui « appartiennent ». Ils ne pourront le quitter sans un certificat, à fournir au prochain patron. Leurs statuts demeurent vagues, sans application, et la justice est fort sévère à leur égard : le témoignage d'un serviteur est sans valeur ; en cas de vol, il risque la peine de mort. Les conditions sont très variables. Dans les foyers modestes, les domestiques, souvent des femmes, font tout. Le lit meuble un recoin de la cuisine, la nourriture est fruste, la vie personnelle inexistante. L'emploi est précaire. On trouve plus d'hommes au service de maisons plus riches. Investis d'un rôle de représentation, les domestiques peuvent y être mieux vêtus, mieux logés et mieux nourris. 10

PREMIÈRE APPROCHE

COMPRENDRE L'ÎLE DES ESCLAVES cause de la servitude. Il s'agit de prouver que les domestiques sont des êtres humains susceptibles d'avoir de la bonté et de la sensibilité. C'est ce que Marivaux s'efforce de montrer dans l'expérience qu'est l'Ile des esclaves.

Mépris ou bons sentiments

La question domestique suscite la réflexion. L'île des esclaves s'inscrit

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