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L'aventure dans les Lais

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Par   •  14 Mars 2020  •  Dissertation  •  2 242 Mots (9 Pages)  •  940 Vues

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Dissertation Littérature française

Sujet: L'aventure dans les lais, c'est d'abord une rencontre avec l'altérité, l'extériorité,

l'étrangeté. C'est un vecteur de transformation, voire de métamorphose, qui remet en

question l'état présent en le confrontant à un possible inattendu, invraisemblable,

mais espéré et désiré, parfois redouté, et qui dans tous les cas fonde un destin digne

d'être relaté et commémoré. Commentez et illustrez.

Notre culture est imprégnée de cet héritage qu'est celui des lais. Qu'ils soient de

Marie de France ou d'anonymes, les récits de la matière de Bretagne sont à l'origine

de nombreuses croyances, de nombreuses idées. En effet qui n'a jamais rêvé

d'aventure? De partir un jour vers l'inconnu? De changer du tout au tout? De même,

quel petit garçon n'a pas un jour rêvé de devenir un preux chevalier? Ou de combattre

avec l'épée Excalibur? Toutes ces représentations que l'on donne des légendes

arthuriennes, cet attrait pour l'aventure et cette fascination pour le merveilleux

proviennent directement des lais, et de ces récits du Moyen-âge. Ces contes , dont on

nomme certains légendes, sont présents partout dans notre société. On les retrouve

dans les livres, les dessins animés pour enfants, dans des séries (en ce qui concerne

les légendes arthuriennes en tout cas) ou encore les films où ces héros d'un autre

temps se retrouvent modernisés et leur histoire transportée et adaptée à notre société.

Nous nous laissons donc souvent aller à la comparaison avec ces personnages

héroïques dont notre culture et notre patrimoine témoignent les exploits. Pour que ces

récits traversent les siècles, un véritable travail de transmission s'est effectué : en

premier lieu du bouche à oreilles puis une mise à l'écrit. Mais ce sont leurs contenus

qui leur ont permis de perdurer. Les lais ont un certain nombre de leitmotivs qui

transforment ces contes en légendes. Ce sont ces mêmes leitmotivs qui légitiment

cette transmission. Donc le merveilleux et l'aventure sont l'essence même des lais.

Alors comment l'aventure en fondement de la matière de Bretagne instaure, par le

merveilleux, la notion de commémoration ? Nous verrons que l'aventure est présente

dans la grande majorité des lais et qu'elle se présente sous différentes manières. Aussi

fait-elle à la fois communion et opposition avec le merveilleux, créant une tradition

du lai et sa commémoration.

L'aventure est une notion floue en ce qui concerne la matière de Bretagne et en

particulier les lais. En effet il ne s'agit pas simplement du déplacement physique et

concret d'un chevalier à la recherche de quelque chose. L'aventure contient l'idée de

parcours que l'on peut retrouver dans d'autre nom comme l'avent. Et ce parcours peut

concerner n'importe quel individu et peut être autant physique que moral.

La conquête spatiale, le parcours physique va tout de même davantage se lier

aux chevaliers dans les lais, qu'aux autres personnages. Le personnage au cours de

ses déplacements est confronté à des choix qui le font avancer, reculer, dévier... Ces

choix sont présents sous forme de haltes pendant l'aventure : le chevalier s'arrête à

cause d'une rencontre, d'un obstacle, etc. L'aventure est le point de départ de

nombreux lais. Marie de France commence et termine d'ailleurs souvent ses lais en

parlant d'aventure: « L'aventure d'un altre lai,/ cum ele avint, vus cunterai. » (v.1 et 2,

Lanval) ou encore « L'aventure qu'avez oïe/ veraie fu, n'en dutez mie. » (v. 315 et

316, Bisclavret). Ainsi le chevalier quitte son centre : la cour. Il s'éloigne de son point

d'attache pour partir vers l'inconnu, l'aventure commence. C'est le cas dans le lai

de Lanval de Marie de France où le chevalier Lanval quitte la cour d'Arthur dans

laquelle il était intégré pour se promener : « Fors de la ville en est eissuz ;/ tuz suls est

en un pre venuz.». Cet extrait de Lanval met en évidence un autre point crucial de

l'aventure : la solitude du personnage pendant sa quête. En effet si l'aventure est un

parcours physique, concret il est aussi un cheminement interne, psychologique. Le

chevalier se remet en question et quitte la cour en recherche de réponses. Il est donc

important qu'il soit seul, sans personne pour lui rappeler son origine social, son

identité. C'est une quête d'identité qui entraîne une véritable transformation du héros.

Ainsi le chemin physiquement parcouru par le chevalier peut être perçu comme le

chemin intérieurement parcouru. En partant à l'aventure, le chevalier se crée une

renommée, et se démarque des autres chevaliers : on entend parler de ces aventuriers,

mais les chevaliers qui sont restés à la cour, qui ont servi leur roi, sans s'égarer de leur

voie, nous ne les connaissons pas. Ils sont des chevaliers inconnus, anonymes,

contrairement à Lanval, Tyolet ou encore aux chevaliers de la Table Ronde.

L'aventure remet l'identité des chevaliers à zéro. Ils s'en forgent une nouvelle qui se

détache d'ailleurs de la chevalerie, de la cour, du centre social. Et c'est de cette

identité dont nous nous souviendrons au fil des siècles. L'aventure contient donc cette

idée de création, de transformation mais aussi en quelque sorte de guide, de

professeur. Car elle initie les chevaliers à des côtés inexplorés de la vie notamment la

vie amoureuse ou spirituelle.

Ainsi la rencontre est en grande majorité présente dans les lais, elle est même

essentielle à l'aventure pour l'initiation à l'amour. Un lai peut être composé de la

manière suivante : introduction du lai, présentation du personnage, élément qui le

pousse à quitter la cour, départ du protagoniste, errance, rencontre avec un être

souvent extérieur au monde connu, promesse de fidélité, transformation du

personnage qui renie son centre pour se lier à l'autre monde, trahison de l'être

inconnu, pardon de celui-ci, départ définitif du centre. Voici donc plus ou moins

comment définir la structure narrative d'un lai où l'aventure nécessite la rencontre. En

effet, sans la rencontre, l'aventure se limite à une errance. Alors que la rencontre

donne au personnage l'occasion de prendre un véritable recul quant à son monde

social, son univers, ses habitudes, ses fréquentations. La rencontre change tout

puisque dans le cadre de lai comme celui de Graelent, la rencontre change la raison

de vivre du chevalier. Le chevalier ne vit plus pour son roi, son épouse, son peuple,

mais pour l'être rencontré, la promesse faite, pour accomplir la mission demandée par

la fée... Le lai de Lanval illustre tout à fait le sacrifice que le chevalier est prêt à faire

suite

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