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L'illusion du vrai dans le roman

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Par   •  13 Décembre 2021  •  Dissertation  •  3 816 Mots (16 Pages)  •  2 366 Vues

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DISSERTATION – Illusion du vrai dans le roman

« Faire vrai consiste (…) à donner l’illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession. J’en conclus que les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes. Quel enfantillage, d’ailleurs, de croire à la réalité puisque nous portons chacun la nôtre dans notre pensée et dans nos organes (…) Chacun de nous se fait donc simplement une illusion du monde (…). Et l’écrivain n’a d’autre mission que de reproduire fidèlement cette illusion avec tous les procédés d’art qu’il a appris et dont il peut disposer. » (Maupassant, « Le Roman », septembre 1887, publié en tête de Pierre et Jean, 1888) ». Dans quelles mesures vos lectures de L’Œuvre de Zola et des Faux-Monnayeurs de Gide vous semblent-elles éclairer ce jugement de Maupassant ?

     Le réalisme est un mouvement littéraire du XIXe siècle. Précédé par la révolution de 1848 et les affrontements ouvriers dû au capitalisme, le réalisme est un mouvement décisif sur l’ensemble de la société du second empire, et plus particulièrement sur la classe populaire contemporaine. Cette classe, laissée à l’abandon durant des décennies, marque le réalisme et éveille les consciences sur ce qu’est la vie d’un paysan, d’un ouvrier ou encore d’une prostituée. Les classes sociales défavorisées sont au centre du réalisme contrairement aux mouvements qui le précède comme le classicisme ou le romantisme ou l’écrit était basé sur la classe bourgeoise.     Le naturalisme est un mouvement suivant l’exemple du réalisme avec quelques ajouts conceptuels. Les écrits de ce mouvement dépeignent et décrivent une réalité paraissant immorale et vulgaire aux yeux du public de l’époque. Associé au réalisme, une valeur est ajoutée au naturalisme : le contexte physiologique. Selon Hippolyte Taine, la race, le milieu naturel, la situation socio-politique et le contexte d’écriture serait l’essence du comportement et de l’évolution du personnage naturaliste. Les personnages dans le roman naturaliste évolueraient donc dans une histoire naturelle. C’est par ce procédé, qui découle du positivisme de Claude Bernard que Zola écrit un ensemble de 20 romans appelés les Rougons-Macquart sous titré : L’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire. Guy de Maupassant (1859-1893) est un auteur réaliste du XIXe siècle, connu pour ses œuvres telles que Le Horla, Une vie ou encore Pierre et Jean. Il fait partie intégrante des auteurs réalistes et naturalistes entre 1880 et 1890. C’est en 1887 que la préface Le roman de son célèbre roman Pierre et Jean apparaît. Considérée comme le manifeste du réalisme, cette préface théorique et argumentative discute le slogan « Rien que la vérité, toute la vérité » dans le roman réaliste. L’auteur commence sa thèse en donnant sa propre définition du réalisme en déclarant que écrire le vrai ne serait que représenter une illusion du vrai. Maupassant réfute en effet la vision étroite du réalisme qui ne serait qu’une reproduction de la réalité, et ce par différents procédés argumentatifs comme “puisque” ou encore “donc”. Il met en opposition par l’utilisation d’une négation « et non à » l’idée de transcrire les faits réels « suivant une logique de pêle-mêle de leur succession » mais plutôt à donner « l’illusion complète du vrai ». Maupassant conclut sa thèse par une antithèse, “les Réalistes de talents devraient plutôt s’appeler des Illusionnistes”. Il associe le réel, ce qui existe, ce qui n’est pas une invention avec l’illusion qui est par définition une interprétation fausse de ce que l’on perçoit. Guy de Maupassant critique. Il caractérise le fait de croire à une seule réalité “d’enfantillage” car selon lui, “nous portons chacun notre réalité dans notre pensée et dans nos organes”, il existerait donc selon lui autant de réalité que de vies. Par ce procédé, les réalités perçues par chacun seraient associées à une illusion du monde portée par chaque Homme. La citation se termine par la place de l’auteur réaliste dans ses écrits. Maupassant convient que le rôle de l’écrivain réaliste est de donner l’illusion de la réalité dans ses œuvres par ses procédés artistiques et littéraires. Nous  nous demanderons dans quelles mesures l’Oeuvre d’Émile Zola et Les Faux-Monnayeurs d’André Gide reflètent la réalité ou n’en donnent t-ils qu’une illusion. Pour répondre à cette question, nous expliquerons que ces romans transcrivent le réel, puis nous verrons les limites de cette réalité écrite, puis nous terminerons avec la multiplicité des points de vus présentés dans les deux œuvres.

Amélie      La description est l’un des piliers du roman. C’est grâce aux descriptions développées par l’auteur que le lecteur peut s’imaginer les personnages, les lieux ainsi que l’époque dans laquelle l’histoire se dénoue. Les romans l’Oeuvre d’Emile Zola et Les faux Monnayeurs d’André Gide semblent écrire leur histoire respective dans un cadre spatio-temporel réel, semblable à une société qui a historiquement existé. Les auteurs nous décrivent un lieu dans une époque où ils semblent être témoins. 

     En effet, le point commun entre L’Oeuvre de Zola et Les faux monnayeurs d’André Gide est la description du cadre spatio-temporel dans lequel évolue leur histoire. Leur point commun est la ville de Paris. Tous deux font évoluer leur histoire dans la capitale. La description du lieu est tellement présente que l’on peut tracer le chemin des personnages dans Paris. 

Dans l’Oeuvre, on retrouve un Paris identifiable, en accord avec l’époque contemporaine : en pleine industrialisation et divisé par les classes sociales. 

Dans Les Faux Monnayeurs, Gide nous décrit le Paris qu’il connaît. Un Paris bourgeois des années 1920. On peut y retrouver le jardin du Luxembourg, le quartier Latin ou encore la Sorbonne. 

     

     Les auteurs se présenteraient comme des témoins d’une époque qui a bien existé et où ils ont vécu. Paris associé à leur  époque respective retranscrites dans leur œuvre par des descriptions très précises. Dans leur écrits, Gide et Zola n’hésite pas à mettre en relief des faits tirés d’une triste réalité. Une réalité écrite sous toute ses coutures, qu’elle soit étouffée par l’époque, médiocre ou pleine de tristesse.

     Dans Les faux Monnayeurs, Gide parle d’un sujet très peu abordé par les auteurs de son époque. Il évoque la sexualité entre deux hommes en évoquant la pédérastie et l’homosexualité. C’est en effet par sa propre homosexualité que Gide enrichie le sujet de la sexualité dans son œuvre. Sujet sensible, l’auteur en parle avec des jeux de non dits et des allusions, notamment entre les personnages d’Olivier et Édouard.

Dans la totalité de l’Oeuvre, Zola met en relief la triste réalité des artistes dont il a été spectateur au XIXe siècle, notamment les refusés. Persécuté par la folie et rage, le manque de reconnaissance ou encore l’échec amoureux, Zola explore la réalité d’un homme, d’un artiste du XIXe siècle.

     Nous pouvons voir que beaucoup de traits de la réalité sont présents dans les œuvres de Gide et de Zola. Mais quelles sont les limites du réel transcrites dans leur roman.

    Charlotte La réalité laisse une place à la subjectivité, qu’est-t-elle réellement? Il n’est pas possible d’y répondre puisque chacun s’en fait sa propre idée, chaque réalité est unique et individuelle c’est pour cela que le roman ne peut pas vraiment être une reconstitution du réel. Il n’est que copié subjectivement grâce à l’imagination, bien qu’il arrive à s’en rapprocher.

Le réalisme est bien une imitation du réel. Il crée un cadre spatio-temporel très proche de celui des contemporains de l’époque. Par exemple, Émile Zola dans l’Oeuvre recrée Paris avec des schémas narratifs très importants, il décrit un Paris industriel et précaire comme dans la scène où il rencontre Christine. Il use de procédés tels que des accumulations et des énumérations ou encore des parallélismes pour rendre les quais réels. André Gide fera de même mais de manière moins pesante : ce sera par petites touches en faveur de l’intrigue, pour suivre l’itinéraire des personnages, comme par exemple Passavant qui habite dans le quartier très conservateur de Babylone. De plus, l’évocation d'événements précis réels ancrent encore plus le lecteur dans la réalité. Les Faux-Monnayeurs abordent le naufrage du Bourgogne en 1898 (un fait relaté dans les journaux). Les références culturelles, populaires et actuelles pour l’époque tentent donc de donner l’illusion d’histoire vraie et surtout de réalisme au lecteur. L’objectif de l’auteur est donc de recréer la réalité en se rapprochant le plus possible de la leur. Le danger ou la limite de cet objectif est l’expérience ou encore l’influence de l’auteur : son point de vue sur le monde n’est pas totalement ouvert et objectif. L’auteur crée une fiction, basée sur la réalité, mais elle reste néanmoins une création artificielle, voulue et donc orientée. Si l’aspect politique ou social n’est pas directement perçu par le lecteur on peut néanmoins comprendre que l’auteur écrit pour faire passer des messages : Gide s’inquiète de la conscience de son époque, de manière assez mélancolique ( et même pour certain mélancolique romantique) et Zola tente de prouver sa théorie de l’hérédité et met en avant le “petit peuple”. Leur réalisme respectif permet au monde de s’ouvrir et d’une certaine part de faire face à la réalité de l’époque, mais d’une réalité écrite et scriptée.

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