L'individu et la société dans Roméo et Juliette

L’individu contre la société

Un thème dans Roméo et Juliette de William Shakespeare

« L'élément le plus violent dans la société est l’ignorance. » 

- Emma Goldman                

La structure de la société est un facteur contraignant pour l’humain, qui lui oblige occasionnellement à abandonner sa passion, lui empêchant de faire ce qu’il désire. Dans ce cas, la société s’oppose à l’humain subversif, ce qui suscitera des conflits. Une grande partie de l’histoire de Roméo et Juliette, de William Shakespeare, implique la lutte des amoureux contre les institutions publiques et sociales qui s'opposent explicitement ou implicitement à l'existence de leur amour. De telles structures vont du concret à l'abstrait : la distribution du pouvoir décisionnel dans les familles patriarcales de la Renaissance; la loi qui a pour objectif l’ordre public; la religion; et l'importance sociale accordée à l'honneur masculin. Ce sont principalement avec ces institutions de la société que nos jeunes amoureux maudits rencontrerons les obstacles de leur amour.

Bien qu'elles ne fonctionnent pas toujours harmonieusement, chacune de ces institutions de la société présente des défis à surmonter pour Roméo et Juliette. L'hostilité de la querelle entre leurs familles, couplée à l'importance accordée à la loyauté et à l'honneur de la famille, crée un conflit complexe pour les jeunes, qui doivent se rebeller contre leurs proches et leurs héritages. En outre, la structure du pouvoir patriarcal inhérente aux familles de la Renaissance, où l’homme de la famille (soit le père) contrôle les actions de tous les autres membres de la famille, en particulier des femmes, place Juliette dans une position extrêmement vulnérable. Son cœur, dans l'esprit de sa famille, ne lui appartient pas. La loi et l'accent mis sur la civilité sociale exigent des conditions de conduite auxquelles la passion aveugle de l'amour ne peut se conformer.

La religion exige également des priorités que Romeo et Juliette ne peuvent pas respecter en raison de l'intensité de leur amour. Bien que dans la plupart des situations les amants soutiennent les traditions du christianisme (ils attendent de se marier avant de consommer leur amour), leur amour est si puissant qu'ils commencent à se décrire en termes blasphématoires. Par exemple, Juliette nomme Roméo « Le dieu de mon idolâtrie », ainsi comparant Roméo à un Dieu (Acte II, Scène II). Dans le dernier acte, le double suicide des deux jeunes est également une action non-chrétienne et impardonnable. Le maintien de l'honneur masculin force Romeo à engager dans des actions qu'il préférerait éviter. Mais la pression du machisme est si forte que Romeo ne peut pas simplement l’ignorer.