La Leçon - Eugène Ionesco

sans plus risquer de tomber dans les oreilles des sourds qui sont les véritables gouffres, les tombeaux des sonorités. » (Ligne 16 à 19). Le professeur parle comme un enfant, en utilisant des mots simples à prononcer : « papi, papa » (ligne 16). A la fin de l’extrait, il donne une leçon à l’élève sur les consonnes. Elles sont capables de changer de son : « Les f deviennent en ce cas des v, les d des t, les g de k et vice versa » (ligne 34).

Puis dans un quatrième temps, le comique de caractère est relevé. Le professeur n’a pas l’impression d’être humain, l’élève souffre : « J’ai mal aux dents, Monsieur » (ligne 29) mais il ne se soucie pas de son cas. Au contraire, il la laisse souffrir de plus en plus : « Nous n’allons pas nous arrêter pour si peu de chose. Continuons… » (Ligne 30 à 31). Il ne ressent aucun sentiment de compassion. L’élève ne rétorque pas et continue à écouter la leçon.

Dans l’extrait, le professeur est ridicule mais il est également inquiétant. En voici plusieurs exemples.

Tout d’abord, dans cette pièce de théâtre, le professeur et son élève n’ont pas la même domination. Le professeur domine l’élève par des ordres et des ordres : « Taisez-vous » (Ligne 14), « Ecoutez, plutôt » (Ligne 7) « Ca n’a pas d’importance. Nous n’allons pas nous arrêter pour si peu de choses. Continuons… » « Oui, Monsieur. » (Ligne 30 à 32). L’élève ne donne que des petites répliques, le professeur ne lui laisse pas le choix dans celles-ci : «°Oui, Monsieur » (Lignes 14, 32 et 39).

Puis nous voyons également que la fille souffre beaucoup à cause de ses dents : « J’ai mal aux dents » (Lignes 29 et 37). Nous le remarquons également grâce aux didascalies qui nous montrent que l’élève souffre et que son mal de dent s’aggrave de minutes en minutes : « (L’élève a soudain l’air de souffrir.) » (Ligne 27), « qui aura l’air de souffrir de plus en plus. » (Ligne 32). Le professeur, étant dominateur et méchant, ne veut pas interrompre sa leçon pour un simple mal de dent : « Nous n’allons pas nous arrêter pour si peu de choses. Continuons » (Ligne 31 à 32). Nous pouvons en déduire que son mal de dent influe sur ses paroles, qui sont de plus en plus courtes au fil de la scène.

Et enfin, ce texte annonce une fin tragique. Nous pouvons le voir à partir de répliques ou de mots du professeur qui sont froides et inquiétantes telles que : « Souvenez-vous en, jusqu'à l’heure de votre mort… » (Ligne 1), « véritables gouffres » (Ligne 19), « les tombeaux des sonorités » (Ligne 20), « succomber, s’écrouler … » (Ligne 24), « Ou crever comme des ballons » (Ligne 27). Tout ces mots et répliques ont un vocabulaire faisant penser à la mort, au désastre. Le professeur l’annonce sans gêne, comme si cela était normal. Mais nous remarquons que le professeur hausse le ton de plus en plus, il commence à s’énerver. Cela annonce la fin tragique de cette leçon. L’élève va mourir dû à la colère du professeur.

Pour conclure, cette pièce de théâtre est à la fois comique mais inquiétante tout de même. Le comique de mots, de geste, de situation et de caractère du professeur peuvent faire rire le lecteur. En l’occurrence, ces différents comiques nous montrent que le professeur est une sorte de psychopathe qui aime tuer et voir des gens mort.

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