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impuissance. Donc manquer de "libre-arbitre", ce n'est pas vraiment manquer de quelque chose.

Ainsi, il n'y a pas de contradiction à affirmer qu'un être absolument infini "manque" de l'indétermination. Être absolument infini signifie être affirmation pure, ne subir aucune négation, interne ou externe. Être fini, consiste au contraire à être limité dans sa nature par un autre être fini, la finitude en elle-même signifie négation.

La négation de l'indétermination en Dieu est ainsi une négation de négation s'annulant elle-même. Dieu ne manque de rien de positif, mais si l'on veut, on peut dire que cela implique immédiatement qu'il manque de tout ce qui est négatif, autrement dit qu'il ne manque de rien. Croire qu'il puisse y avoir une positivité du négatif relève à un moment ou un autre de la confusion, voire de la pensée magique, qui admet des effets sans comprendre clairement et distinctement leurs causes.

La liberté de l'homme

Au niveau humain, cela se complique. L'être en soi de l'homme ne saurait être libre : dans la mesure où on le considère en lui-même, l'homme n'est pas cause de soi, son essence n'enveloppe pas son existence. Mais en fait, il n'y a pas d'être en soi de l'homme, car justement il n'est pas une substance, comme le sens commun ordinaire le croit plus ou moins confusément. Il n'est qu'un mode de la substance divine.

Mais il peut ainsi comprendre sa propre nature comme n'étant pas différente, et donc pas contrainte par la substance divine, puisqu'elle constitue son être. Mais cela suppose qu'il y ait bel et bien compréhension du rapport qui unit Dieu (ou la Nature) et l'homme.

Ordinairement, l'homme vit dans la servitude parce que son être et ses actes son déterminés par une connaissance imaginaire du lien qui l'unit à la nature. Il ne peut alors être cause suffisante de ce qu'il est ; pour comprendre son être, il faut se référer à des causes extérieures à son simple pouvoir de comprendre : le rapport avec les idées d'autres corps que l'idée de son corps propre.

Dans la mesure où il acquière une connaissance complète de ses déterminations, et qu'il comprend que le lien avec ses déterminations est en fait interne à son entendement, les affects qui suivront d'une telle compréhension s'expliqueront par son seul pouvoir de comprendre (il en sera "cause adéquate"). Les actes qui suivront de ces affects seront ainsi entièrement autodéterminés, libres. Ex. : vous augmentez votre puissance de comprendre en découvrant une nouvelle hypothèse en physique, permettant d'expliquer des problèmes restés jusqu'à présent dans l'ombre. Cette augmentation de puissance se traduit affectivement par un sentiment de joie. Vous êtes cause adéquate de ce sentiment, car c'est par votre entendement que vous avez formulé cette hypothèse. Votre joie vous pousse à continuer de chercher, en testant votre hypothèse par ex., cette activité s'expliquant par votre seule joie sera libre. A un degré supplémentaire, quand vous comprenez la nature du lien intemporel qui vous unit à la nature, vous accédez à une joie intemporelle qui vous permet d'agir librement de façon permanente.

Voir aussi le concept d'action pour un autre exemple.

Questions et objections diverses :

La critique spinoziste de la croyance commune à la liberté ne revient-elle pas à un fatalisme ?

On a pu voir dans ce déterminisme un fatalisme subtil. Mais le fatalisme consiste à croire qu'il faut se résigner à l'inaction, en raison de l'impuissance humaine face à la puissance de la nature. D'abord, il y a dans le déterminisme de Spinoza une philosophie de l'action : lorsque nous nous affairons de façon ordinaire à nos activités humaines, nous sommes plus passifs que nous le croyons, c'est justement pour passer à un mode d'existence plus actif, où c'est l'esprit humain qui agit et non l'extérieur qui le fait agir, qu'il est nécessaire de comprendre nos déterminations. Ensuite, le fatalisme néglige un fait important en oubliant que l'esprit humain, en tant qu'idée du corps, est aussi une détermination qui entre nécessairement dans le jeu de l'action. S'il s'agit d'accepter ce qui ne peut être changé, en comprenant comment et pourquoi, il ne s'agit pas de rester entièrement passif à l'égard des événements extérieurs. Car ce que comprend en premier lieu l'esprit quand il raisonne, c'est qu'il est lui-même puissance d'affirmation, autrement dit désir d'exister et d'agir, il ne s'agit donc nullement de s'effacer ou de se résorber dans l'infinité divine mais de prendre la mesure exacte de sa puissance propre et de l'exprimer complètement.

Le libre-arbitre n'est-il donc qu'une illusion ? Ma volonté peut-elle oui ou non déterminer mes actes ?

? Le libre arbitre n'est que l'illusion de choisir en ignorant les causes qui déterminent mon choix. Spinoza ne nie pas l'expérience du choix. Il montre simplement que cette expérience devient illusion si on croit par là même faire l'expérience du libre arbitre. Car cette expérience part de l'ignorance des causes de ma décision. Si vous dites par exemple qu'à l'instant vous pouvez choisir de lever le bras ou de ne pas le faire, il y aura une détermination à ce que vous choisirez, détermination que vous ignorez ou oubliez si vous croyez que votre choix vient de votre seule volonté.

La volonté consiste pour l'homme à poursuivre une fin plutôt qu'une autre : je suis immobile, est-ce que je veux lever le bras ou rester immobile ? J'hésite entre deux fins, mais celle que je choisirai n'aura pas été décrétée par ma volonté à partir de rien, comme si du néant pouvait advenir l'être. Si vous décidez de ne pas lever le bras, en ce moment, c'est peut-être parce que vous avez la flemme de le faire, vous êtes concentré sur ce que j'écris, votre esprit n'est pas présent à l'état actuel de votre corps. Si vous décidez de lever le bras, c'est parce que vous voulez vous prouver à vous-même que vous avez bien un contrôle sur votre corps, parce que votre esprit n'est pas actuellement complètement déconnecté de l'activité effective de votre corps.

La volonté est donc toujours déterminée, elle traduit l'état général d'un esprit et constitue donc plus un effet qu'une véritable cause suffisante. Il n'existe donc pas une faculté de volonté qui produirait des volitions à partir de rien, il n'y a que des volitions particulières qui ne sont que l'expression de l'état actuel du corps et de l'esprit (Voir Éthique II, prop. 48 et scolie). Mais au moment où vous voulez ceci plutôt que cela, vous ne pensez pas forcément à ce qui vous a amené à cette volition précise, vous avez donc tendance à croire que cette volition vient d'une volonté qui pourrait produire une infinité de volitions à partir de rien. D'où l'illusion du libre arbitre.

N'est-il pas possible d'envisager une libre tristesse ? Si une compréhension erronée de mes déterminations m'amène à la tristesse, cette dernière ne peut-elle s'expliquer seulement par ma compréhension erronée ? Cette compréhension est en effet "cause efficiente" de ma tristesse, les actes qui en suivront ne devraient-ils pas être entièrement autodéterminés, et donc libres ?

? Il y a liberté humaine lorsqu'on est "cause adéquate" de ses actes. Cause adéquate signifie cause suffisant à expliquer mon acte, sans qu'il soit nécessaire de recourir à autre chose que moi-même. Lorsque j'éprouve un affect qui dépend de quelque chose d'extérieur, cet affect est passif, c'est une "passion" : je vois une publicité où il est montré que le Nutella, c'est du bonheur à tartiner, deux jours après j'achète du Nutella, cet acte n'est pas libre car l'envie de Nutella que j'ai éprouvée en voyant ce produit ne venait pas de moi mais de la publicité. La joie du scientifique dont je viens de parler s'explique au contraire par la seule activité intellectuelle du scientifique, c'est une joie dont il est cause adéquate, cette joie est un affect actif.

La joie et l'amour qui en découle (l'amour est une joie accompagnée de l'idée d'une cause) peuvent être des affects passifs, des passions ou bien des affects actifs, des actions au sens propre. Mais la tristesse et les affects de haine qui en découlent (la haine est une tristesse accompagnée de l'idée d'une cause) au contraire sont toujours des affects passifs. En effet, l'essence de l'homme est l'effort de persévérer dans son être (son auto-affirmation, découlant directement du fait qu'il est mode de la substance divine qui est affirmation pure) ainsi que la conscience de cet effort. Cet effort conscient ou désir fondamental d'être tend soit à la conservation soit à l'augmentation de ma puissance d'exister. Tout ce qui satisfait cette tendance produit une affect de joie. La tristesse est l'affect qui contrevient à cet effort.

Il se peut que la

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