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La théorie de la vraisemblance à travers la querelle du Cid

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Par   •  30 Mai 2017  •  Dissertation  •  1 550 Mots (7 Pages)  •  1 630 Vues

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La théorie de la vraisemblance à travers la querelle du Cid

Au 17e siècle, sous l’influence de « La Poétique » d’Aristote, le théâtre est censé instruire les gens en les divertissant. En effet, la pièce récompense les bonnes mœurs afin d’encourager les vertus et châtier les mauvaises mœurs pour évoquer la terreur et la pitié des spectateurs afin d’empêcher d’effectuer les vices. Pour que cet effet se produise, il faut que la pièce soit en mesure d’éveiller la résonance des spectateurs, d’où la nécessité de vraisemblance.

En 1637, la pièce de Pierre Corneille « le Cid » voit le jour et remporte un énorme succès. Cependant, certains dramaturges tels que Scudéry lance des attaques à cette pièce, donnant naissance à la fameuse querelle du Cid durant plusieurs années. C’est grâce à cette violente discussion concernant les règles classiques que les principes fondamentaux de la tragédie ont été établis et réaffirmés finalement par l’Académie française.

A travers la querelle du Cid, Plusieurs articles abordent la théorie de la vraisemblance, tels que « Observation du Cid » de Georges de Scudéry et « Sentiments de l’Académie française sur la tragi-comédie du Cid » de Jean Chapelain. Au cours de cette querelle, la théorie de la vraisemblance est débattue sous trois aspects : la correspondance à la bienséance , l’unité de temps et l’unité d’action.

La conformité avec la bienséance.

Cela commence par la distinction entre le vrai et le vraisemblable. « Qu’il est vrai que Chimène épousa le Cid, mais qu’il n’est point vraisemblable, qu’une fille d’honneur épouse le meurtrier de son Père. Cet événement était bon pour l’Historien, mais il ne valait rien pour le Poète »[1] . D’après Scudéry, pour atteindre le vraisemblable, il vaux mieux se servir d’un sujet feint mais raisonnable et vraisemblable qu’ un sujet vrai mais invraisemblable. Pour les poètes, le vraisemblable est plus exigeant que le vrai, puisque  le vrai peut être invraisemblable. Pour cette raison, quand des intrigues sont étrangères et monstrueuses, même si elles naissent des vérités dans l’histoire, il faut en modifier et « réduire aux termes de la bienséance » [2]. A travers la querelle, il y a des tas de critiques concernant des infractions aux convenances éthiques et à la raison dans la pièce.

Selon Scudéry, le plus grand échec de Corneille est que le roi autorise ce mariage scandaleux entre Chimène et Rodrigue, un mariage d’amour entre une fille et le meurtrier de son père. Ce grand échec peut être attribué à la double violation de la bienséance.

En premier lieu, dans la pièce, contrairement à la demande de Chimène d’épouser celui qui tuera Rodrigue, le roi ordonne qu’elle se marie avec le vainqueur du duel même s’il est Rodrigue. Pour cela, Scudéry a dit « Un roi caresse cette impudique ; son vice y paraît récompensé ; la vertu semble bannie de la conclusion de ce Poème ; il est une instruction au mal »[3]. Ce dénouement démontre que l’amour de Chimène l’emporte sur son devoir et fait d’une fille introduite honorée un monstre dénaturé. De plus, Scudéry pense que le roi contribue beaucoup au crime choquant de Chimène puisqu’il donne cette ordonnance qui plutôt récompense cette fille dépravée au lieu de la condamner. De ce fait, la bonne fin d’une fille dénaturée va à l’encontre de la convenance ainsi que la raison et les bonnes mœurs, selon lesquelles l’immoralité est vouée à la punition tandis que les bonnes mœurs méritent des récompenses, d’où une impression de l’invraisemblable.

En outre, à cette époque-là, une fille d’un Comte passe toujours pour vertueuse et morale et le roi est présenté comme l’incarnation de la justice. Cependant, Chimène laisse sa folie immorale l’envahir et épouse le meurtrier de son père tandis que le roi, au lieu de la condamner, non seulement facilite son « crime » mais aussi « fait la plus injuste ordonnance que le prince(Don Sanche) imagina jamais »[4]. Pour le spectateur, cela crée un décalage entre ces personnages et l’image du roi et des filles aristocratiques sur lesquels le public se règle , ce qui heurte la convenance sociale, donnant donc une impression étrangère, d’où une opposition à la vraisemblance. C’est la raison pour laquelle Scudéry dit « il devait traiter avec plus de respect la personne des rois que l’on nous apprend être sacrée et considérer celui-ci dans le trône de Castille »[5].

En disant « ces fautes remarquables et dangereuses, directement opposées aux principales Règles Dramatiques »[6], Scudéry affirme bien que tout cela viole la bienséance, la raison et les bonnes mœurs, ce qui engendre l’invraisemblable et n’apporte aucune valeur exemplaire. Outre la correspondance à la bienséance, la querelle se focalise également sur l’observation des Trois Unité sur lesquelles ainsi que le respect de la bienséance se fonde la vraisemblance.

L’unité de temps :

Quant à l’unité de temps, le Cid l’observe en fait très bien. Toutes les intrigues sont resserrées dans l’espace d’une seule journée. Néanmoins, aux yeux de Scudéry, dans ce cas, le respect de la règle de 24 heures heurte la vraisemblance. Le conflit entre deux pères, la promesse de mariage des deux jeunes, le duel entre Rodrigue et Don Gomès, la mort de ce dernier, la demande de vengeance de Chimène, la bataille avec les Marais, le duel entre Rodrigue et Don Sanche, le marriage de Chimène et Rodrigue, tous ces événements qui doivent se dérouler pendant plusieurs années sont condensés en une seule journée, ce qui entraîne une impression d’invraisemblance. Particulièrement, le fait que Chimène se consent à épouser le tueur de son père le jour même de sa mort surpasse tout ce que l’on tolère même d’une fille ordinaire sans parler ce que l’on attend d’une fille honorable. En faisant « entrer dans un même esprit dans moins de 24 heures deux pensée si opposées l’une à l’autre »[7], Corneille est violemment blâmé par Scudéry et Chapelain, selon lesquels les règles de l’art et celles de la Nature doivent toutes être respectées.

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