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re fondateur du concept, « Une communauté pratique

est un groupe dont les membres s’engagent régulièrement dans des

activités de partage de connaissances et d’apprentissage à partir d’intérêts

communs ».

Pour Wenger, la pratique relève du "faire", dans ses dimensions à la fois historiques et sociales, et dans sa capacité à structurer et à donner une signification aux actions.

Ce concept de pratique inclut à la fois le champ de l’explicite (le langage, les outils, les documents, les symboles, les procédures, les règles que les différentes pratiques rendent explicites), et le registre du tacite (relations implicites, connaissances compilées, conventions, hypothèses, etc.). Cependant, Wenger ne juge pas utile d’opposer les dimensions tacites et explicites de la pratique dans la mesure où il considère que les deux aspects sont toujours présents dans toute forme de connaissance .Il préfère s’appuyer sur la dualité participation/réification que nous détaillerons plus loin. Dans le même esprit, Wenger n’oppose pas la pratique et la théorie, il avance que nous avons tous des théories et des cadres de compréhension du monde qui oriente notre pratique.

3-Le concept de négociation de sens

Pour Wenger, la négociation de sens (negotiation of meaning) au cours de l’action constitue le niveau le plus pertinent pour analyser les pratiques collectives.

L’attribution de significations à nos expériences ou à nos actions relève d’un processus que Wenger appelle la négociation de sens. La négociation de sens peut impliquer le langage et les conversations entre individus, mais peut également s’appuyer sur des éléments tacites, comme par exemple des conventions. Wenger précise qu’il faut comprendre le terme "négocier" dans ses deux sens habituels, i.e. dans le sens de "négocier un prix" (dimension sociale) et dans le sens de "négocier un virage" (il s’agit là de la dimension pratique liée au savoir-faire). On voit bien ici que le travail de Wenger s’inscrit dans la lignée des travaux sur l’action située.

Pour Wenger, la continuité des significations à travers le temps et l’espace s’appuie sur une dualité fondamentale entre la participation des acteurs à la vie sociale et un processus de réification qui consiste à créer des points de focalisation autour desquels la négociation de sens peut s’organiser. Cette dualité participation/réification constitue le cœur de la théorie sociale de l’apprentissage défendue dans sa vision des CoP .

4- La dualité participation/réification

Fig.1 - Dualité de la participation et de la réification dans une CoP

E. Wenger, 1998

Le terme de participation est utilisé ici pour décrire l’expérience des acteurs qui s’engagent activement dans des projets sociaux. La réification est un processus qui consiste à donner forme à l’expérience en produisant des artefacts qui la "matérialise", du moins pour un temps. Elle peut prendre la forme d’un concept abstrait (comme la "démocratie"), d’outils, de symboles, d’histoires, de mots. La réification recouvre ainsi un grand nombre de processus comme fabriquer, concevoir, représenter, nommer, décrire, percevoir, etc. Dire que la participation et la réification forment une dualité signifie que ces deux dimensions sont articulées en dynamique.

D’un côté la participation peut compenser les limitations inhérentes à la réification, notamment son aspect relativement figé et général : par exemple, un juge est là pour interpréter un texte de loi en fonction d’une situation donnée. D’un autre côté la réification vient compenser le caractère évanescent et contextuel de la participation : ainsi, on prend des notes pour se rappeler les décisions prises au cours d’une réunion, on utilise des modèles ou des outils de représentation pour clarifier nos intentions.

La continuité et la richesse des significations produites au cours des interactions vont ainsi dépendre d’un bon équilibrage entre participation et réification. Si la participation l’emporte, il peut manquer de matériel de référence pour négocier les significations. En revanche, si c’est la réification qui prévaut, il peut manquer d’opportunités de régénérer les significations en fonction des situations concrètes.

Wenger insiste sur le fait qu’il serait simplificateur d’assimiler la dualité participation/réification à la distinction habituelle entre les savoirs tacites et explicites. La participation peut être tout à fait explicite, comme le fait de participer à une réunion de travail organisée, de même que la réification peut s’appuyer sur des perceptions tacites, comme le fait de peindre un tableau.

5- Les trois dimensions du concept de communauté

Trois dimensions permettent selon l’auteur de caractériser le type de relation qui fait qu’une pratique constitue la source de cohérence d’un groupe d’individus : l’engagement mutuel (mutual engagement), une entreprise commune (joint enterprise), et un répertoire partagé (shared repertoire) :

L’engagement mutuel

Wenger définit l’appartenance à une communauté de pratique comme le résultat d’un engagement des individus dans des actions dont ils négocient le sens les uns avec les autres. Il précise ce que n’est pas une communauté de pratique : ce n’est ni un groupe, ni une équipe, ni un réseau. L’appartenance à une communauté ne peut se limiter au fait par exemple d’avoir un titre, son nom dans un organigramme, des relations personnelles avec tel ou tel, ou simplement à la proximité géographique. L’engagement mutuel est la source d’une cohérence (on pourrait dire de structure sociale) dont une des missions de la pratique est précisément de l’entretenir.

Il est basé sur la complémentarité des compétences, et sur la capacité des individus à "connecter" efficacement leurs connaissances avec celles des autres. La nécessité d’une connexion des compétences est particulièrement évidente dans le cas des communautés où l’engagement mutuel suppose des contributions complémentaires (équipe de projet transversale). L’engagement dans une pratique n’exclut pas la multi-appartenance à plusieurs communautés. La complémentarité des connaissances s’applique aussi selon Wenger quand il y a redondance des compétences. L’engagement mutuel suppose ainsi un rapport d’entre-aide entre les participants, nécessaire au partage de connaissances sur la pratique.

Fig.2 - Caractéristiques de l’engagement commun dans une CoP

E. Wenger, 1998

L’entreprise commune

L’entreprise commune est le résultat d’un processus collectif permanent de négociation qui reflète, pour Wenger, la complexité de la dynamique de l’engagement mutuel. Le fait de négocier des actions communes crée des relations de responsabilité mutuelle entre les personnes impliquées. Certains aspects de la responsabilité des membres du groupe peuvent être réifiés comme des règles, des objectifs, et d’autres peuvent demeurer au niveau de la participation. Wenger note que la pratique consiste à constamment interpréter et intégrer les aspects réifiés liés à la responsabilité. Cependant, les membres expérimentés sont en général capables de faire la part des choses entre les standards réifiés, autrement dit la norme, et un engagement spontané dans la pratique. Il est à noter que Wenger fait peu référence à la notion d’orientation vers un objectif commun. Il souligne que l’entreprise conjointe ne se limite pas à la définition d’un objectif mais recouvre en fait davantage les actions collectives dans ce qu’elles ont d’immédiat.

Un répertoire partagé

Au cours du temps, l’engagement au sein d’une pratique commune crée des ressources qui permettent la négociation de significations. Ces ressources forment le répertoire partagé d’une communauté qui inclut des supports physiques tels que des prototypes ou des maquettes, des routines, des mots, des outils, des procédures, des histoires, des gestes, des symboles, des concepts que la communauté a créés ou adoptés au cours de son existence et qui sont devenus peu à peu partie intégrante de sa pratique.

Le répertoire partagé combine deux caractéristiques qui en font une ressource pour la négociation de significations : il s’appuie sur des interprétations qui constituent des points de référence tout en maintenant une part d’ambiguïté. Les éléments comme les mots, les artefacts, les gestes sont utiles dans la mesure où ils témoignent d’un engagement mutuel passé et peuvent être remobilisés dans de nouvelles situations, assurant ainsi une continuité aux pratiques. En même temps, l’ambiguïté qui subsiste autour de ces objets est nécessaire car elle laisse du jeu pour la négociation de nouvelles significations.

A cet égard, l’auteur insiste sur le fait que le sens partagé (shared meaning) n’est pas une condition nécessaire ni le résultat obligatoire d’une pratique partagée (shared practice). Ainsi, les représentations collectives sont des artefacts sociaux transitoires qui ne sont pas obligatoirement rappropriés par les individus

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