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Lecture analytique Britannicus, Racine

Commentaire de texte : Lecture analytique Britannicus, Racine. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  29 Mars 2019  •  Commentaire de texte  •  1 629 Mots (7 Pages)  •  843 Vues

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Lecture analytique : Britannicus (III, 8, v.1025 à 1060)

C’est en 1669 que Racine fait représenter sa tragédie, Britannicus, qui ne remportera son succès mérité que lors de sa reprise, grâce au roi Louis XIV. Probablement pour rivaliser avec Corneille, son ainé ainsi que son rival, il s’inspire de l’antiquité romaine en lui empruntant un de ses empereurs certainement le plus représentatif de l’injustice tyrannique : Néron. Il met en scène ce dernier, encore jeune et novice dans le rôle de tyran. Grâce aux intrigues d’Agrippine, mère de Néron, il règne sur Rome depuis 54 avant J-C, alors que Britannicus son demi frère, héritier légitime de l’empereur Claude, aurait du régner à sa place. Malgré sa place d’empereur, Néron reste jaloux de son rival, Britannicus, qui aime et est aimé de Junie, la femme qu’il souhaiterait épouser.

Dans cet extrait de la scène 8, acte III, on assiste à un violent conflit qui oppose les deux frères. En effet, Britannicus a réussi à parler à Junie, que Néron retient prisonnière dans son palais. Mais Néron surprend le couple et la dispute éclate. Comment cette scène met-elle en valeur le conflit amoureux et politique entre ces deux hommes et la tyrannie qu’exerce Néron ? Dans un premier temps, nous étudierons les différentes raisons de ce conflit, puis comment Néron apparaît comme un tyran.

La colère de Néron explose lorsqu’il voit son rival triomphant, au pied de Junie et lui avouant son amour. Son orgueil est blessé. Sa première réaction est l’ironie, visible par l’antiphrase, au vers 1, car les « transports » amoureux de Britannicus et Junie ne peuvent pas paraître « charmants » à Néron, ce dernier étant forcément jaloux. Au vers 4 à 6, son ironie prend une autre forme, en effet, il feint d’avoir emprisonner Junie pour « faciliter de si doux entretiens » avec Britannicus. Sa seconde réaction est la menace : Néron utilise le champ lexicale de la violence ou du combat avec des morts tels que : « braver, craindre, punir, téméraire ». L’utilisation de l’impératif vers 28 et 29 est significative également de la violence et du ton injonctif que prend Néron. Enfin dans sa dernière réplique, le ton de menace se fait davantage ressentir avec cet avertissement : « Je sais l’art de punir un rival téméraire. » qui est une attaque et une menace envers Britannicus.

Loin de tenter d’amadouer la colère de Néron, Britannicus, par ses paroles, fait tout pour l’accentuer et l’amplifier. Il le provoque par l’affirmation de son amour pour Junie, au vers 7 et 8, où il se définit comme un amoureux triomphant grâce aux faveurs accordées « partout » par la femme aimée. Il en vient à des accusations de plus en plus directes de Néron et de sa façon d’agir avec Junie, vers 9 et 10, où cela ne l’étonne guère que Néron retienne Junie prisonnière : cela lui correspond. Dans les vers 23 et 24, il accuse Néron de « cruel injustice », « empoisonnements », « rapt » et « divorce ». Enfin il met en valeur ce que Junie peut ressentir face aux menaces : « de tels sentiments / Ne mériteront pas ses applaudissements », avec le verbe au futur qui marque la certitude.

Nous pouvons voir que le rythme de la scène est en gradation, correspondant à la colère croissante des deux personnages. La première réplique, de six vers, appartient à Néron, puisque c’est lui qui prend l’initiative en interrompant le couple amoureux. Puis viennent trois répliques de quatre vers chacune, qui constitue l’argumentation de Britannicus, à laquelle Néron répond. A partir du vers 21, le rythme se brise, l’alexandrin se disloque, ce qui permet de mettre en valeur « Rome » ainsi que son anaphore, repris trois fois. On observe à la fin de l’extrait la stichomythie : les vers se répondent par groupe de un ou deux vers. Elle est marquée par des rimes par antithèse : « silence/pense », « se forcer/ se lasser » ou par des antithèses : « Heureux/ malheureux », « je ne sais pas/ je sais ». La discussion est de plus en plus tendue, les deux adversaires ont baissé leur masque et la violence verbale est l’annonce de violence dans les prochains actes. Ainsi, Néron nous révèle ici son vrai visage et sa cruauté gratuite : il prend plaisir à faire souffrir son rival devant celle qu’il prétend séduire, car même si elle n’intervient pas dans cet extrait, il convient de ne pas oublier la présence de Junie qui est la destinatrice et la cause du discours des deux rivaux, qui cherchent tous deux à la séduire : Britannicus par l’amour qu’il lui porte et Néron en affirmant sa toute puissance.

Mais au-delà de leur rivalité amoureuse, le conflit est, initialement, politique car tout deux prétendaient à l’exercice du pouvoir.

        

Britannicus, fils de l’empereur Claude et de Messaline, est normalement l’héritier direct du trône. Mais grâce aux intrigues menées par sa mère, Agrippine, c’est Néron qui gouverne l’empire romain. A deux reprises, il mentionne ce statut, au vers 10 : l’allusion à « l’aspect de ces lieux… » rappelle à son adversaire que le palais où l’action se déroule et celui de son père, donc lui appartient. Puis d’une façon plus insultante, en l’appelant par le nom de son père « Domitius », il lui signale qu’il ne devrait avoir aucun droit d’agir en « maître ».

Néron est le fils d’Agrippine, né de son premier mariage avec Dimitrius Ahenobarbus, l’empereur Claude l’adopta par la suite. En faisant empoisonner Claude, Agrippine pousse Néron sur le trône et renforce sa légitimité en lui faisant épouser Octavie, sœur de Britannicus. Face à celui-ci, Néron affirme hautement sa supériorité d’empereur en lui déniant ses droits au pouvoir, au vers 12 sa question est chargée d’ironie, tout en renforçant l’affirmation par le parallélisme qui redouble le verbe : « qu’on me respecte et que l’on m’obéisse ». De même l’opposition temporelle « J’obéissais » / « vous obéissez », est très ironique, tout comme l’hypothèse des vers 19 et 20.

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