DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Les qualités des personnages qui plaisent au lecteur

Dissertation : Les qualités des personnages qui plaisent au lecteur. Rechercher de 54 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  3 Septembre 2025  •  Dissertation  •  1 772 Mots (8 Pages)  •  24 Vues

Page 1 sur 8

Dissertation – Quelles qualités un personnage de roman doit-il avoir pour plaire aux lecteurs ?

Introduction

Dans les rayons des librairies ou sur les réseaux sociaux, les personnages de romans continuent de faire parler d’eux. Qu’on pense aux débats enflammés autour d’Emma Bovary, toujours accusée d’égoïsme ou défendue comme symbole de la femme moderne, ou encore aux discussions suscitées par des figures contemporaines comme celles des romans de Sally Rooney ou d’Amélie Nothomb, une chose reste certaine : les personnages de fiction passionnent, divisent, émeuvent ou agacent. Même sur TikTok, via le phénomène #BookTok, certains lecteurs s’attachent férocement à des personnages, allant jusqu’à créer des fanfictions ou des portraits émotionnels détaillés.

Depuis les débuts du roman, ces personnages jouent un rôle central dans la captation de l’intérêt du lecteur. Ils incarnent des idées, des émotions, des conflits ; ils vivent, agissent, changent — bref, ils donnent vie à l’histoire. Pourtant, ce lien entre le personnage et le lecteur n’est ni simple ni garanti. Ce qui séduit un lecteur peut en rebuter un autre.

 Ainsi, il faut s’interroger : quelles qualités un personnage de roman doit-il avoir pour plaire aux lecteurs ? Et plus profondément encore : un personnage peut-il réellement plaire à tout le monde, dans un contexte où les lecteurs eux-mêmes sont divers, tant sur le plan culturel que psychologique dans une société marquée par la diversité des regards et des sensibilités ?

Pour répondre à cette double question, nous verrons d’abord que certains personnages plaisent par leur capacité à susciter l’identification ou l’émotion. Puis nous nous intéresserons à des figures plus ambiguës, qui séduisent par leur singularité. Enfin, nous nous demanderons si l’universalité du plaisir est possible, ou même souhaitable.

La notion même de « plaire » est subjective et varie selon les époques, les cultures, les classes sociales, les âges ou encore les sensibilités personnelles.

Il s’agira donc d’examiner les caractéristiques que peut posséder un personnage de roman pour séduire un large public, tout en interrogeant l’idée même de plaire universellement, compte tenu de la diversité sociologique et psychologique des lecteurs.

 

I. Le personnage qui suscite l’identification ou l’émotion : un miroir pour le lecteur

Un personnage de roman peut séduire lorsqu’il parvient à faire vibrer le lecteur, à éveiller en lui une émotion familière ou une expérience partagée. Cette adhésion repose souvent sur des qualités profondément humaines : la sensibilité, le doute, la quête d’amour ou encore le besoin de sens. Lorsqu’un personnage devient un miroir de nos propres fragilités ou de nos espoirs, il gagne en force émotionnelle et en pouvoir d’attraction.

C’est le cas d’Emma Bovary, héroïne tragique du roman de Gustave Flaubert. Jeune femme enfermée dans la banalité provinciale, elle rêve d’une existence intense, inspirée de ses lectures sentimentales. Elle cherche l’amour, l’aventure, l’évasion, mais se heurte à la réalité de son mariage. Beaucoup de lecteurs peuvent se reconnaître dans ses frustrations ou dans ses désirs inassouvis, même si son comportement peut aussi agacer.

De son côté, Lol V. Stein, dans Le Ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras, suscite l’émotion de manière plus diffuse. Blessée par un abandon amoureux, elle devient presque spectrale, s’enfermant dans le silence, le retrait, l’énigme. Elle émeut non par ce qu’elle dit, mais par ce qu’elle tait. Son étrangeté attire un lecteur sensible à la poésie de l’absence, à la douleur. Là encore, l’identification n’est pas forcément directe, mais l’émotion, elle, est bien réelle.

Plus largement, d'autres personnages marquants ont cette capacité à toucher une diversité de lecteurs. Jean Valjean, dans Les Misérables, incarne des valeurs universelles : le pardon, la justice, la générosité. Son parcours de rédemption, de l’ancien bagnard à l’homme bon, résonne dans toutes les cultures. De même, le Petit Prince, avec son regard d’enfant sur le monde adulte, touche par sa simplicité et sa profondeur symbolique. Ces figures parlent à l’enfant, au rêveur  en chacun de nous.

Les écrivains ont souvent recours à des procédés comme le monologue intérieur, le discours indirect libre ou la focalisation interne pour plonger dans la conscience des personnages. Cela favorise une proximité intime, presque empathique, entre le lecteur et le personnage.

Cependant, il faut nuancer : ce qui touche certains peut en laisser d'autres indifférents. Un personnage jugé sensible par les uns pourra être perçu comme plaintif ou insignifiant par d’autres. Car le lecteur n’est pas un simple récepteur : il lit avec son vécu, ses valeurs, ses goûts. L’émotion littéraire naît donc d’une rencontre singulière, entre un personnage et un lecteur.

II. Des personnages ambigus ou déroutants : séduire autrement, par la singularité

Tous les personnages de roman ne sont pas faits pour être aimés tout de suite. Certains sont bizarres, dérangeants ou même agaçants, mais c’est justement ce qui les rend intéressants. Ils ne cherchent pas à plaire à tout le monde, mais à surprendre, à faire réfléchir ou à marquer les esprits par leur différence.

Emma Bovary, déjà évoquée, incarne bien cette ambiguïté. Elle peut susciter la compassion, mais elle agace aussi par ses caprices, ses infidélités, son aveuglement. Flaubert lui-même résumait cette complexité en affirmant : « Madame Bovary, c’est moi », assumant la contradiction interne d’un personnage à la fois libre et dépendant, coupable et victime.

Don Quichotte, dans le roman de Cervantès, est un autre personnage original. Il croit encore aux histoires de chevaliers et part vivre des aventures imaginaires. Il semble fou, mais on l’aime aussi pour sa sincérité, sa poésie, et son envie de croire en un monde meilleur, même s’il n’existe pas.

Dans L’Étranger d’Albert Camus, Meursault est encore plus étrange. Il ne montre aucune émotion, même après la mort de sa mère. Il reste calme face à des situations graves. Ce comportement peut choquer, mais il pousse le lecteur à se poser des questions sur les règles de la société, sur la liberté ou sur le sens de la vie.

Enfin, le Vicomte de Valmont, dans Les Liaisons dangereuses, est un personnage cruel et manipulateur. Il fait du mal autour de lui, mais il attire aussi par son intelligence et sa façon de jouer avec les autres. Ce n’est pas un "gentil", mais il fascine quand même.

Tous ces personnages ont quelque chose en plus : ils ne sont pas comme les autres. Et c’est justement parce qu’ils sont uniques, déroutants ou profonds qu’ils intéressent certains lecteurs. Ils montrent qu’on peut aimer un personnage, non pas parce qu’il nous ressemble, mais parce qu’il nous fait penser, nous trouble ou nous étonne.


III. Plaire à tous : un idéal illusoire, une richesse dans la diversité des lectures

La question sous-jacente au sujet est essentielle : un personnage de roman doit-il plaire à tout le monde pour être réussi ? Et surtout, est-ce même possible dans une société marquée par la diversité des lecteurs ? L’âge, la culture, l’époque, les goûts littéraires, le bagage personnel… tout cela influe sur la réception d’un personnage. Dès lors, viser un « plaisir universel » semble non seulement irréaliste, mais peut-être même appauvrissant.

...

Télécharger au format  txt (11.8 Kb)   pdf (107.6 Kb)   docx (139.5 Kb)  
Voir 7 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com