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Liberté Et Déterminisme

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n train, le héros, Lafcadio, décide de commettre un acte – un meurtre – à partir de raisons purement arbitraires :

Mais cet exemple montre a contrario la difficulté de penser un acte purement libre. L’acte de Lafcadio, malgré la méthode arbitraire qu’il choisit, n’est pas un acte libre, il repose sur un motif très clair, la volonté d’accomplir un acte libre. Tout acte découle nécessairement de certains motifs, sans quoi nous ne parlerions pas d’acte mais de phénomène biologique ou de réflexe… Et dans ce cas encore, même si cet « acte » est sans motifs, il n’est pas sans cause… Il semble donc difficile d’échapper au déterminisme universel. A opposer ainsi liberté et déterminisme, ne se condamne-t-on pas à devoir nier l’existence de la liberté ?

2. La liberté comme initiation d’une chaîne causale (Kant)

Certains penseurs ont voulu voir dans l’homme une sorte de pouvoir magique, la liberté, lui permettant d’échapper momentanément au déterminisme universel afin de déclencher un « acte libre », c’est-à-dire d’initier une chaîne causale qui ne naîtrait de rien. C’est en ce sens qu’on parle généralement de « libre arbitre ». On imagine qu’il existe en l’homme une sorte de libre arbitre au-dessus du match que jouent les passions, les désirs, les instincts et penchants naturels.

On peut interpréter la philosophie de Kant en ce sens, bien que Kant ait voulu dépasser l’opposition entre déterminisme et liberté. En effet, Kant voit dans la raison une faculté qui peut déterminer la volonté, et ainsi introduire dans l’homme une liberté qui ne relève pas du monde empirique, un acte qui ne relève d’aucun penchant naturel…

Mais une telle conception de la liberté semble bien difficile à accepter d’un point de vue scientifique.

3. L’existence précède l’essence (Sartre)

Sartre aussi fait partie des philosophes qui semblent avoir opposé déterminisme et liberté. La solution de Sartre consiste à affirmer que l’homme est libre car l’existence précède l’essence : il n’y a pas d’essence (ou de nature) humaine. L’homme n’est pas quelque chose, il est au contraire un néant (cf. cours sur la conscience), c’est-à-dire que grâce à sa faculté de projection il n’est rien d’autre que ce qu’il se fait. Ainsi l’homme peut être libre malgré le déterminisme universel.

4. La liberté précède la causalité (Heidegger)

Heidegger est sans doute le philosophe qui a trouvé la solution suprêmement subtile de résoudre la contradiction entre déterminisme et liberté, c’est-à-dire de maintenir la croyance en une liberté tout en opposant ce concept au déterminisme. Pour Heidegger, la liberté du Dasein est avant tout sa capacité à projeter un monde, à connaître la vérité, à comprendre. Par conséquent, Heidegger peut affirmer que cette liberté (de connaître, en quelque sorte) est antérieure à la causalité, puisque la causalité, au même titre que le « monde » connu, les lois de Newton, etc., fait partie des idées construites par la liberté du Dasein. Puisque la liberté (de penser le monde) est antérieure à la causalité (que nous concevons par l’esprit), alors cette causalité ne saurait porter atteinte à cette liberté.

Il est tout de même assez facile de critiquer cette solution : non seulement les concepts de liberté et même de causalité ont ici un sens tout à fait inhabituel, mais surtout Heidegger semble oublier que la vérité projeté par le Dasein, sa conception du monde, doit néanmoins s’appliquer à lui : cela fait partie de ses contraintes essentielles. Par exemple, si je construis une théorie selon laquelle le monde est constitué d’atomes, je dois reconnaître que je suis moi-même constitué d’atomes : que la théorie me décrive à titre de partie du monde fait partie de ses exigences premières. Heidegger ne peut donc dire que la liberté du Dasein échappe à la causalité du monde qu’en concevant cette liberté non comme la liberté d’agir (ou de penser) d’un être concret mais comme une sorte de liberté transcendantale, abstraite et en quelque sorte « hors du monde ». Ce qui fait toute la subtilité de sa théorie – mais aussi toute sa faiblesse.

B. Le libre arbitre est une illusion

Les partisans du libre arbitre affirment l’existence de la liberté contre le déterminisme. Tous les phénomènes naturels sont déterminés (c’est-à-dire que la cause détermine l’effet, l’état du monde à un instant donné est déterminé par son état à l’instant précédent), mais l’homme échapperait à ce règne de la loi de causalité.

Mais n’est-il pas absurde de faire ainsi de l’homme un « empire dans un empire » qui échapperait aux lois naturelles ? Cela ressemble à une affirmation gratuite venant satisfaire un désir humain, contre l’évidence scientifique la plus indéniable. On peut ainsi à bon droit s’élever contre cette idée de libre arbitre inventée de toutes pièces par les philosophes pour satisfaire un besoin moral et religieux, voire pour assurer les conditions idéologiques du fonctionnement de l’appareil répressif d’Etat : le libre arbitre légitime le châtiment car il rend tout homme responsable de ses actes. Il est la théorie dont le pouvoir a besoin.

Mais si tout est déterminé, comment expliquer notre sentiment de liberté ? Il doit s’agir d’une illusion. Plusieurs arguments ont été avancés, notamment par les deux grands critiques du libre arbitre que sont Spinoza et Nietzsche (on pourrait ajouter Marx et Freud).

1. L’homme se croit libre car il ignore les causes qui le déterminent à agir

Selon Spinoza, si l’homme se croit libre c’est tout simplement parce qu’il est conscient de ses actes et de ses désirs. Voyant que ses actes sont conformes à ses désirs (ou volontés), il en déduit un peu hâtivement qu’il est « libre ». Mais en réalité, s’il est vrai que les actes sont conformes aux désirs, il n’en reste pas moins que les désirs sont eux-mêmes déterminés. Or l’homme n’est pas conscient de ce qui détermine son désir. C’est pourquoi il se croit libre : il croit que son désir « tombe du ciel », indéterminé. L’homme est comme une pierre qui tombe qui croirait tomber librement, par un libre décret de sa volonté :

2. L’homme se croit libre car il s’identifie à son désir dominant

Nietzsche propose un autre argument subtil pour expliquer l’illusion de liberté que nous ressentons : nous croyons que notre volonté se réalise toujours parce que nous appelons « notre volonté » celui de nos désirs qui l’a emporté sur les autres et qui donc se traduit en actes : nous avons en nous une guerre civile de désirs, mais nous nous identifions à celui qui emporte la bataille, créant ainsi l’idée fictive d’un « moi » unitaire :

C. Liberté et déterminisme ne s’opposent pas

Au petit jeu de l’opposition entre déterminisme et libre arbitre, c’est sans doute le déterminisme qui gagne. Mais c’est peut-être une erreur que d’opposer la liberté au déterminisme, c’est-à-dire d’identifier la liberté à l’indéterminisme, ou libre arbitre. Le libre arbitre n’existe sans doute pas, mais est-ce vraiment là ce que nous avons à l’esprit quand nous parlons de liberté ? Il est probable que non.

L’opposition entre liberté et déterminisme, et l’identification de la liberté au libre arbitre qui lui est corollaire, vient naturellement quand on déplace le concept de liberté extérieure, conçue comme absence d’entrave extérieure, des actes à la volonté et qu’on en vient à penser la liberté comme absence de toute entrave, donc de toute détermination. Mais il est possible de se garder de cette illusion en ayant présents à l’esprit quelques paradoxes et absurdités qui en découlent.

1. La liberté n’est pas l’indéterminisme

a. L’indéterminisme ne constitue qu’une liberté insignifiante

Tout d’abord, remarquons qu’une liberté conçue comme indéterminisme est absolument insignifiante pour nous, elle n’a aucune valeur. En ce sens, la liberté signifierait simplement « contingence », c’est-à-dire « absence de détermination ». Nous serions libres dans l’exacte mesure où nous pourrions accomplir des actes gratuits, c’est-à-dire à chaque fois qu’un acte naîtrait en nous de rien, jaillirait spontanément du néant. Nous serions donc libre si, par exemple, les processus de notre cerveau laissaient place à un hasard intrinsèque et irréductible (comme peut à la rigueur le suggérer une interprétation hâtive de la mécanique quantique), de sorte que certains de nos actes ne seraient déterminés par rien du tout.

Il est évident qu’une telle liberté n’a aucune valeur pour nous, puisque de tels actes, n’étant déterminés par rien du tout, ne sont pas déterminés par nous-mêmes et ne peuvent être dits nôtres que par métonymie (à partir du simple fait qu’ils ont eu lieu en nous).

b. Le déterminisme n’est pas le fatalisme, bien au contraire

Il faut bien comprendre également que le déterminisme n’est pas le fatalisme. Selon le fatalisme, quoi que nous fassions, les mêmes événements se produiront. Selon le déterminisme au contraire, chacun de nos actes a une influence

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