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Majnûn et Layla

Dissertation : Majnûn et Layla. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  18 Mai 2016  •  Dissertation  •  1 537 Mots (7 Pages)  •  890 Vues

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Leylâ et Majnûn

L'histoire de Leylâ et Majnûn aurait pu débuter par "il était une fois..." à l'image de ces merveilleux  contes qui nous berçaient enfant à la différence près que ces contes se terminaient dans la plupart des cas  par  "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants".

Une fin heureuse... telle ne fut l'issue de l'histoire de Leylâ et Majnûn.  L'histoire aurait pu être banale voire niaise si elle n'avait traversée les temps et inspirée un grand nombre d'artistes. Alors qu'est ce qui fait sa réputation et son succès au point de devenir l'une des plus célèbre oeuvre de la littérature arabo-musulmane?

L'histoire de Leylâ et Majnûn est une sorte de miroir qui reflète ce que le lecteur veut y lire. Ainsi, certains s'en tiennent à une interprétation classique des histoires d'amours malheureux ou courtois , d'autres y perçoivent une dimension  mystique et d'autres encore une histoire anticonformiste ..

1) Origine de l'histoire

En réalité, aucune source ne peut attester de la véracité de l'histoire ni ne peut la dater historiquement. Si pour les uns les amoureux ont existé dans des temps reculés et que Majnûn aurait été l'auteur des vers repris dans son recueil, pour d'autres cette histoire est une pure fiction née de l'esprit fécond de poètes qui la diffusèrent de tribu en tribu.

Certains auteurs situent  l'histoire dans la période préislamique alors que d'autres la situent bien après la mort du Prophète Muhammad.

L'histoire d'après André Miquel a débuté vers la fin du VIIe siècle dans les villes de Bassorah et de Kûfa[1]. A force d'avoir été contée, l'histoire est devenue une biographie, une partie intégrante du patrimoine littéraire arabe.  

2) Résumé

Le jeune Qaïs Ibn al-Moullawwah, issu d'une grande famille de bédouins, tombe amoureux de sa cousine Leylâ al-Amiriyya. Pour lui exprimer ses sentiments, il écrit de nombreux poèmes  par lesquels il laisse s'exprimer l'ampleur de son amour à tout va tout en espérant ardemment épouser sa bien-aimée.

Toutefois, les traditions bédouines ne sont pas sensibles aux sentiments des amoureux.  C'est l'autorité patriarcale qui décide et règle les unions.  L'amour publiquement exprimé de Qaïs remet en cause des traditions établies et porte atteinte à l'honneur de la famille de Leylâ.  

Le père de Leylâ rejette la demande en mariage de Qaïs mais ce refus ne fait que redoubler son ardeur.  Dorénavant,  ses poèmes seront ses armes  pour exprimer ses sentiments les plus intimes mais aussi pour dénoncer un système qui lui a refusé la main de sa bien-aimée.

La famille de Leylâ  demande au calife le droit de tuer Qaïs pour l'affront qu'il leur porte par l'étage public de cet amour. Le calife  intrigué par l'évènement convoque Leylâ pour apprécier la beauté qui tourmente le coeur de Qaïs.  C'est une jeune fille banale à la peau brulée par le soleil qui se présente à lui.  Surpris, le calife convoque Qaïs et l'interroge sur les raisons de sa passion pour celle qui selon lui est "moins belle que la moins belle des femmes de son harem".

Qaïs répond : "Ô grand prince, c'est avec les yeux de Majnûn qu'il fallait voir la beauté de Leylâ!". Malgré tous les efforts de la famille de Qaïs, le père de Leylâ refuse de lui donner la main de sa fille. Leylâ est mariée et part vivre dans une autre contrée.

Qaïs est emmené par son père à La Mecque afin qu'il recouvre la raison. Mais voilà que  Qaïs au lieu d'implorer Allah de le guérir de cet amour, il demande de le lui conserver à jamais.  

Commence alors pour Qaïs une longue et douloureuse errance dans le royaume de la folie et de la solitude. Il est désormais appelé  Majnûn - celui qui est possédé par les démons et les jinn- de Leylâ.

Qaïs erre en guenilles dans le désert avec les animaux sauvages, se complait dans sa douleur et ses délires allant jusqu'à refuser l'union avec sa bien-aimée lorsque celle-ci devient libre après la mort de son mari.

Un jour, le corps inanimé  du jeune homme a été découvert, protégeant un ultime poème dédié à son amour...

3) Commentaires

Il existe de nombreuses versions dont le début et la fin varient d'un récit à l'autre au gré des écrivains et des contextes dans lesquels elles ont été rédigées.

La version de Nizâmî[2] reste la plus célèbre dans la mesure où elle ne se contente pas de raconter un amour anticonformiste, mais  parce qu'elle aborde également certains sujets très chers à la littérature persane tels que l'amour, le courage, la vanité, la mort, l'ascétisme, etc...

Cette passionnante histoire a été intégrée à toute une tradition littéraire et artistique arabo-musulmane  ayant pour objet de traiter l'amour absolu et de son expression au-delà de toutes les règles sociales et de valeurs dominantes.   Ce récit laisse libre court à la manifestation d'un amour librement choisi et publiquement assumé allant à l'encontre des traditions établies qui érigeaient que l'amour est une question réglée par la famille et qu'il relève  essentiellement du domaine privé.

Dans la tradition iranienne marquée par le chiisme, Majnun incarne un héros mystique. Son amour passionnel pour Laylâ n'avait pour  but ultime que de se rapprocher du divin. L'amour humain ferait partie des étapes initiatiques pour aboutir à l'amour spirituel.  On retrouve cette tradition dans les interprétations d'un grand mystique iranien Rûzbehân Baqli Shîrâzi[3]. D'après lui, la beauté physique d'une personne mène à "la vision de la beauté de l'ensemble des créatures puis à l'amour de la beauté pure qui est l'idée même de la beauté ou Dieu lui-même."  Leylâ  ne serait que l'intermédiaire qui va mener à cette révélation de la beauté absolue. L'amour éprouvé par Majnûn doit demeurer  chaste et échapper à toutes tentations charnelles. Son coeur reflète la beauté de Leylâ jusqu'à ce qu'il en prenne la forme et la nature.  Qaïs sublime intérieurement ses sentiments pour Leyla au point que ce d'en oublier la Leylâ terrestre  qui étai l'objet même de son amour. L'intériorisation de son amour surpasse le désir de voir la bien-aimée.  C'est une étape primordiale dans la quête de l'amour absolu parce qu'elle symbolise le passage de l'amour humain à l'amour mystique "Majnûn est son amour, et l'amour devient Majnûn".  Qaïs ou son amour  n'existe que par et pour lui. La fin de son amour est donc au-delà de ce monde, et c'est ainsi que  Majnûn se transforme dans la tradition persane et turque, en l'archétype même de l'amant mystique.

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