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Moi Et Je

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t la propriété essentielle serait qu'il est capable de se voir lui-même ainsi que ce qui se passe en lui -- même si, peut-être, sans doute, un certain inconscient s'amuse à y brouiller quelques pistes. En bref, avoir conscience de moi implique que «je» peux prendre un certain recul, une certaine distance, par rapport à «moi» tout en restant moi-même, c'est-à-dire que je sois un esprit doté d'une espèce d'œil intérieur qui lui permet de se voir lui-même, c'est-à-dire que je sois loin d'être simple mais au moins double...

Néanmoins, non seulement je dois être à même me dédoubler, mais je dois aussi pouvoir me dédoubler tout en sachant que «je» suis identique à «moi», que nous formons à nous deux une seule et même personne. Sinon, je ne dirais pas «je» comme une grande, mais régresserais au stade du petit enfant qui parle de lui à la troisième personne, parce que, l'innocent, il n'a justement pas encore conscience que le «moi» qu'il observe est le même individu que le «je», l'œil intérieur, qui observe. Contorsion intérieure ô combien tordue, il faut donc à la fois que «je» prenne une certaine distance par rapport à «moi», et que «je» sache que «moi» dont «j»'ai conscience est la même personne que «je» qui ai conscience ! Sinon, si ces deux positions carrément contradictoires ne sont pas simultanément adoptées, alors c'en est fini de la conscience de moi -- et donc de moi :

soit je ne me dédouble pas, c'est-à-dire que «je» n'ai aucun recul par rapport à «moi», nous sommes en quelque sorte voluptueusement englués l'un dans l'autre, et alors je ne vois rien de moi (vous y arrivez, vous, à voir ce que vous avez en plein dans l'œil ?) : je suis devenue si simple et spontanée que je m'échappe totalement -- et que ça peut mal tourner !

soit je ne réalise pas que «je» qui ai conscience est la même personne que celle dont il a conscience («moi»), et alors je ne suis plus simple du tout, carrément double, et, grave, en arrive à me vivre à la troisième personne, comme une autre, comme si tout ce qui arrivait à «moi» ne concernait en aucun cas «je» peinardement installé en son for intérieur...

Dans les deux cas, je n'ai pas conscience de moi. Alors, bizarre, il n'y a plus au sens propre ni «je» ni «moi» ! Ne vous en déplaise, «je» est en effet celui qui voit «moi», et «moi» celui qui est vu par «je» : si «je» ne vois pas «moi», les deux disparaissent simultanément. Quand je n'ai pas conscience de moi, je ne suis plus : certes, j'existe encore, mais plus en tant que sujet capable de dire «je», simplement en tant qu'objet qui peut être désigné de l'extérieur à la troisième personne. Imaginez (mais pas trop quand même, vous allez voir pourquoi) que je perde conscience : évanouie, «je» ne suis plus là ! Car je n'existe plus pour moi, je ne suis donc plus qu'une «elle» qui n'existe que pour les autres, pour vous, de l'extérieur. Je ne peux même plus être un «tu» pour vous, puisque «je» ne suis plus là, que vous ne pouvez plus vous adresser à moi ! «Je» suis vraiment partie, il n'y a plus qu'«elle» qui n'est pas moi ! Alors, dorénavant, arrêtez je vous en supplie de massacrer diversement le fameux « je pense donc je suis » de notre Descartes national : c'est notamment ça qu'il voulait dire, que si je ne pense pas, je n'ai conscience de rien donc pas conscience de moi c'est sûr, donc je ne suis pas (ya plus qu'«elle» !).

Néanmoins, heureusement, il n'est pas nécessaire que je pense explicitement à moi, à mon petit nombril et ses historiettes pour avoir conscience de moi et exister en tant que telle. Il suffit que je pense, peu importe à qui ou à quoi, à vous par exemple, pour immédiatement savoir que c'est bien «moi» qui pense, c'est-à-dire que «je» qui pense est bien la même personne que «moi», que nous ne formons bien qu'un malgré notre dualité possible. Ce serait même la vérité la plus évidente pour nous tous -- à partir du moment où nous savons dire «je» en tout cas : ce que je pense, c'est bien moi qui le pense, bref « je suis bien moi » même si je ne pense pas à moi pour une fois ! « Je pense, donc je suis », c'est ça aussi que ça veut dire, que si je pense, alors je sais immédiatement que j'existe

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