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ures. Ils eurent 9 enfants, Berthe la seconde, Victoria la huitième, sont mes grands-mères.

Jean-Baptiste Portier et Colette s’installèrent à Cabourg, en 1863, y créèrent une entreprise de couverture plomberie, rue du commerce. Victoria, ma grand-mère maternelle, bonne élève à l’école, épousa Rémy Hébert, ouvrier à la boulangerie dont elle tenait la caisse, en haut de l’avenue de la mer. Il se fit embaucher comme fondeur à l’usine de Dives où il devint contre maître, elle créa une blanchisserie à son domicile pour le lavage et repassage du linge des riches familles. Sa seconde fille Yvonne se révéla rapidement une excellente élève. En 1919, elle entra à l’Ecole Normale d’institutrices de Caen et prit son premier poste en 1922 à Potigny en face d’une classe d’enfants d’émigrés polonais. Elle les adora.

Georges Lechevalier, mon père, appelé à la guerre en avril 1918 - il avait 19 ans - fit son service militaire dans la marine, embarqué à Brest en 1918, sur un transport de troupe, Le Lutetia, puis en Méditerranée sur un bateau remorqueur atelier, le Goliath, où il apprit la mécanique et la soudure sous marine. Démobilisé en 1921, la grande question posée à sa famille était de trouver une épouse à ce jeune bagarreur, peu sérieux, mais excellent ouvrier, capable de se mettre à son compte. Berthe et Victoria avaient justement remarqué que sa cousine Yvonne lui plaisait beaucoup et vice versa. Les deux sœurs les marièrent en 1925 à Cabourg. Le jeune couple s’installa à la « maraiquette », petite maison dans le bas de Villers-sur-mer. Georges y créa son entreprise de couverture plomberie chauffage, Yvonne enseigna à St Pierre Azif (1924 – 1928) puis à Villers (1932 – 1944), elle eut quatre enfants, Christiane, Gaston, Christian et Juliane. Le couple prospérait, grande maison, domestique, ouvriers, atelier, voiture, petit bateau à voiles, la Lili. Georges admirait sa cousine épouse, mais n’était guère fidèle. Yvonne admirait son cousin époux et s’employait à lui donner la culture intellectuelle qu’il n’avait pu acquérir à l’école buissonnière de son enfance. Théâtre à Rouen, fréquentation de ses collègues enseignants, socialistes comme le Lemarchand et Salesse qui devinrent leurs amis intimes.

Survient la crise des années trente, la grande dépression, la faillite des banques, l’arrêt des grands chantiers dont celui du château de La Roque Baignard, soumissionné par Georges pour des centaines milliers de francs, les dettes, la liquidation judiciaire de l’entreprise, puis bien pire, le drame, la mort de Christiane, à la suite d’une typhoïde en 1936. Georges reprit sa boite à outils, Yvonne son école. Ma naissance en 1937 puis celle de Juliane en 1939 n’effacèrent jamais la douce image, devenue icône, de ma sœur aînée.

Septembre 1939, la guerre éclate à nouveau, Georges a quarante ans et trois enfants, il ne sera pas appelé, mais recherché en 1943 par les allemands comme ouvrier t spécialisé, il se cache à Caen chez ses soeurs et dans des fermes, ne rentre que la nuit. Yvonne doit enseigner à 70 élèves à la villa Andrée à Villers-sur-Mer. Ses collègues Leveneur et André Salesse sont appelés à l’armée. Ce dernier prisonnier s’échappera de son camp et reviendra clandestinement à Villers et se cacha jusqu’à la Libération chez les demoiselles Lemarchand à Venoix ; elle abritai également au rez-de-chaussée un allemend qui ne se doutera jamais qu’au premier étage vivait André. En 1943, la construction du Mur de l’Atlantique oblige les populations à évacuer la côte normande. Notre famille fuit dans le Pays d’Auge, Le haras de la Barberie à St Etienne-la-Tillaie, l’auberge de la truite de St Martin-aux-Chartrains appartenant à notre cousine Pauline Ranvier, une maison du marais de Roncheville, la ferme Aubert à Reux. Le débarquement se fera en Normandie assure mon marin de père. « Ce sera un enfer, nous y passerons tous, il faut nous disperser pour survivre.. » Je suis envoyé à Paris chez ma tante Georgette où je fréquente l’école du Sacré Chœur, rue de Montmartre, elle me fait baptiser à St Léon dans le XVe , mon frère est en pension à l’Ecole supérieure technique à Caen, il y est la nuit du 6 juin, enfermé dans les caves avec son proviseur. Georges le ramènera en vélo à Reux par un long périple évitant les bombardements.. Ma sœur reste près de ma mère. Mon père va et vient en vélo, en quête de nourriture et de chantiers.

Reux, 22 août 1944, 7.00 h, Maurice Aubert nous réveille. « Les anglais sont au bout du chemin, nous sommes libèrés ». Dans l’après-midi un échelon de transmission occupe la ferme, ma mère leur poêle des oignons dans la cheminée et leur offre nos lits – Ils n’étaient pas entrés dans des draps depuis le débarquement - Je découvre le téléphone de campagne, la radio, la mitraillette Sten, les barres chocolatées et mon frère, les cigarettes anglaises. Mon père guide les belges qui prennent le pont de Roncheville. Quelques jours auparavant, un dimanche midi, 80 bombes sont tombées sur le village autour du carrefour, deux sur la ferme, des moutons ont été tués, par le souffle, le potager est retourné, le grand poirier a fait un bon de 50 mètres, toutes les cerises sont tombées autour de Pauline chargée de les cueillir, Georges jouait à la bouchonne dans le chemin avec les Aubert, ils ont plongé contre la haie. Le bombardement terminé, Gaston a pris la gifle de sa vie pour s’être caché derrière une porte vitrée, ma sœur et moi avions préféré la lourde table de la ferme et ma mère le dessous de l’évier, un peu étroit pour sa corpulence, ce qui lui valut les sarcasme de Georges…..Quelques jours plus tard, Gaston s’échapra et suivit l’armée anglaise pendant plusieurs mois avant d’être retrouvé par les gendarmes. …. Très loin, au nord, à l’hôpital de Gand en Belgique, sous les bombardements, naît sous les bombardements Nadia, Elfrida, Jeanne Ducaju .

Un après midi à Reux une voiture noire entre en trombe dans la cour de la ferme et 3 individus en sortent en brandissant un pistolet. Ce sont des « résistants » de la fin de la guerre, en fait un pâtissier de Villers, Robichon, et deux acolytes en mal de faire oublier leur marché noir. Mon père et ma mère sortent de la petite maison.

« - Lechevaier ! On vient arrêter ta femme, elle a fricoté avec les boches à la Truite et aux Frais Ombrages !

- Robichon, si tu touches à Yvonne tu ne sortiras pas vivant d’ici ».

Alertés par le bruit Maurice Aubert et son père étaient déjà derrière eux

Georges s’était fait une solide réputation de bagarreur comme boxeur amateur dans la marine, sur le terrain de foot de Villers et surtout en assommant trois ivrognes qui avaient réveillé sa fille Christiane en sortant un peu émêchés du bistrot Lesage. Cela fit réfléchir les trois lascars, la voiture repartit aussi vite qu’elle était entrée, mais Yvonne subit une campagne de racontars qui l’empêcha de reprendre son métier. Nous passâmes le terrible hiver 44 à Reux…

Août 1945, la famille rentre à Villers-sur-mer. La maison a été pillée, mais l’entreprise est intacte, la camionnette a seulement perdu ses roues, la grande barque ne pourra reprendre la mer. Yvonne est mise à la retraite d’office pour fréquentation d’allemands – Injuste et terrible drame pour elle – Georges reprend sa boite à outils, embauche des ouvriers, Oscar Hardel, Léo Prpspéro, l’Homme , pousse sa charrette à bras vers les chantiers de la reconstruction, reviens tôt le

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