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Pauca meae

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Par   •  16 Octobre 2016  •  Dissertation  •  931 Mots (4 Pages)  •  1 991 Vues

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Pauca Meae

Les Contemplations-Livre IV

Victor Hugo (1802-1885) [pic 1][pic 2]

Préface :

« Pauca Meae » (du latin « quelque vers pour ma fille ») quatrième partie du recueil de poésie Les Contemplations paru en 1856 et écrit par Victor Hugo, recueil composé de deux tomes comprenant chacun 3 livres. Le livre IV contenant dix-sept poèmes est axé sur le décès de sa fille Léopoldine le 4 septembre 1843 morte noyée à Villequier, avec son jeune époux. Livre du deuil, de la colère parfois, du doute mais aussi de l’acceptation de la destinée tragique, Pauca Meae retrace les épreuves traversées par Victor Hugo depuis la découverte de la noyade. La plupart des poèmes sont très connus (“Demain, dès l’aube… “, “Mors”, “Veni, vidi, vixi”…).

Dans certaines pièces du recueil, Hugo semble vouloir faire revivre sa fille à travers l’écriture. Parfois, il évoque avec nostalgie le bonheur d’un souvenir et/ou autres, ce n’est finalement qu’une étape vers l’acceptation, peut-être parce qu’il faut bien se faire une raison pour continuer à vivre.

Trois ans après

Il est temps que je me repose; 
Je suis terrassé par le sort. 
Ne me parlez pas d'autre chose 
Que des ténèbres où l'on dort!

Que veut-on que je recommence? 
Je ne demande désormais 
A la création immense 
Qu'un peu de silence et de paix!

Pourquoi m'appelez-vous encore? 
J'ai fait ma tâche et mon devoir. 
Qui travaillait avant l'aurore, 
Peut s'en aller avant le soir.

A vingt ans, deuil et solitude! 
Mes yeux, baissés vers le gazon, 
Perdirent la douce habitude 
De voir ma mère à la maison.

Elle nous quitta pour la tombe; 
Et vous savez bien qu'aujourd'hui 
Je cherche, en cette nuit qui tombe, 
Un autre ange qui s'est enfui!

Vous savez que je désespère, 
Que ma force en vain se défend, 
Et que je souffre comme père, 
Moi qui souffris tant comme enfant!

Mon œuvre n'est pas terminée, 
Dites-vous. Comme Adam banni, 
Je regarde ma destinée, 
Et je vois bien que j'ai fini.

L'humble enfant que Dieu m'a ravie 
Rien qu'en m'aimant savait m'aider; 
C'était le bonheur de ma vie 
De voir ses yeux me regarder.

Si ce Dieu n'a pas voulu clore 
L'œuvre qui me fit commencer, 
S'il veut que je travaille encore, 
Il n'avait qu'à me la laisser!

Il n'avait qu'à me laisser vivre 
Avec ma fille à mes côtés, 
Dans cette extase où je m'enivre 
De mystérieuses clartés!

Ces clartés, jour d'une autre sphère, 
O Dieu jaloux, tu nous les vends! 
Pourquoi m'as-tu pris la lumière 
Que j'avais parmi les vivants?

As-tu donc pensé, fatal maître, 
Qu'à force de te contempler, 
Je ne voyais plus ce doux être, 
Et qu'il pouvait bien s'en aller!

T'es-tu dit que l'homme, vaine ombre, 
Hélas! Perd son humanité 
A trop voir cette splendeur sombre 
Qu'on appelle la vérité?

Qu'on peut le frapper sans qu'il souffre, 
Que son cœur est mort dans l'ennui, 
Et qu'à force de voir le gouffre, 
Il n'a plus qu'un abîme en lui?

Qu'il va, stoïque, où tu l'envoies, 
Et que désormais, endurci, 
N'ayant plus ici-bas de joies, 
Il n'a plus de douleurs aussi?

As-tu pensé qu'une âme tendre 
S'ouvre à toi pour mieux se fermer, 
Et que ceux qui veulent comprendre 
Finissent par ne plus aimer?

O Dieu! vraiment, as-tu pu croire 
Que je préférais, sous les cieux, 
L'effrayant rayon de ta gloire 
Aux douces lueurs de ses yeux!

Si j'avais su tes lois moroses, 
Et qu'au même esprit enchanté 
Tu ne donnes point ces deux choses, 
Le bonheur et la vérité,

Plutôt que de lever tes voiles, 
Et de chercher, cœur triste et pur, 
A te voir au fond des étoiles, 
O Dieu sombre d'un monde obscur,

...

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