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Philisophie

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emblement de terre, 1,5 million d’euros sur l’île.

v

SOLIDARITÉ INTERNATIONALE

REPÈRES Qu’est-ce que la finance solidaire ?

La finance solidaire permet à des personnes de faire fructifier leur épargne tout en finançant des activités responsables, qui permettent, par exemple, à des personnes en difficulté de retrouver un travail ou un logement. À la différence de la finance orientée vers la recherche exclusive du profit, la finance solidaire rend possible des initiatives économiques à forte utilité sociale contribuant à la lutte contre l’exclusion, à la cohésion sociale et au développement durable. Il existe trois possibilités en pratique : investir dans les parts sociales d’entreprises spécialisées dans le financement et l’accompagnement d’activités solidaires, souscrire auprès de sa banque un placement qui a le label Finansol (soit investi en partie dans des entreprises solidaires, soit dont les revenus sont en partie donnés à une ONG), ou souscrire un fonds solidaire dans le cadre d’un plan d’épargne entreprise.

Le microcrédit solidaire pour reconstruire Haïti

L

’affaire fut préparée dans le plus grand secret. Le vendredi 22 janvier, un avion militaire décollait de la base de Langley, aux ÉtatsUnis, en direction de Port-auPrince, la capitale d’Haïti dévastée par le tremblement de terre. À son bord, deux millions de dollars en liquide (soit 1,5 million d’euros). L’argent, sorti d’une banque américaine, était caché dans des petites boîtes d’allure quelconque. À l’atterrissage sur l’île sinistrée, les dollars sous escorte étaient transférés à bord d’hélicoptères

de l’armée américaine, lesquels prirent la direction de villes et de villages de province. Le lendemain, les millions avaient été transférés dans 34 des 41 guichets de Fonkoze, première agence de microcrédit haïtienne, répartis sur toute l’île. L’argent a pu être mis à la disposition des 180 000 clients qui possèdent des comptes-épargne auprès de cette organisation de financement solidaire. Il était temps. Cela faisait dix jours déjà que la terre avait tremblé en Haïti, et la plupart des banques manquaient encore cruellement de liquidités, quand elles n’étaient pas tout simplement détruites par le séisme qui a tué près de 300 000 personnes.

Par son réseau de succursales et ses relais aux États-Unis, Fonkoze a su venir en aide en urgence aux populations, bien avant les établissements bancaires traditionnels. Une expérience forgée au fil des désastres qui secouent régulièrement l’île. En 2008, l’organisme haïtien fondé en 1995 par un prêtre catholique, le P. Joseph Philippe, avait vu 18 000 de ses clients perdre leur maison ou leur outil de production après la série de cyclones dévastateurs. Les sinistrés avaient ensuite bénéficié de modifications de leurs conditions de prêts, dont les remboursements avaient été repoussés d’un an. « Fonkoze travaille dans des conditions très difficiles, observe f

2 I Finance solidaire I

Le baromètre de la

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2010/2011

I

La croissance revient après la crise

Les financeurs solidaires progressent Des investisseurs dynamiques

IDÉ

Après la crise financière, l’encours des placements d’épargne solidaire a renoué avec une forte croissance (+ 47 %) pour atteindre 2,4 milliards d’euros début 2010. Encouragée par la loi, l’épargne salariale solidaire a fortement contribué à cet essor en franchissant le cap du milliard d’euros collecté (source AFG). Les autres placements solidaires ont tous progressé.

Le développement de l’épargne salariale solidaire explique la présence plus importante de sociétés de gestion spécialisées. Natixis Interépargne devient le premier collecteur d’épargne solidaire. Le Crédit Coopératif reste la première banque de réseau proposant des placements solidaires. Les financeurs solidaires ont poursuivi leur essor et cumulent près de 250 millions d’euros.

Avec un total de 507 millions d’euros début 2010, le montant des activités financées par l’épargne solidaire a augmenté de 34 % l’an passé. Si le logement social demeure le principal bénéficiaire, les activités économiques environnementales enregistrent une progression plus forte que l’insertion par l’emploi et la solidarité internationale. De nouveaux acteurs (Terre de liens, FinanCités, Babyloan, Veecus…) émergent et permettent ainsi de diversifier les activités des financeurs déjà expérimentés dans les activités à forte utilité sociale (Habitat et Humanisme, La Nef, France Active, ADIE, SIDI, Garrigue…).

IDÉ

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f Stefan Harpe, responsable des investissements chez Oikocredit, coopérative internationale de financement solidaire, qui s’est portée actionnaire de Fonkoze à hauteur de 24 %. Ils sont confrontés à la corruption endémique, la faiblesse des autorités, les barrières administratives, la frilosité des banques dont les taux d’intérêt atteignent des sommets. Ils ne se contentent pas d’octroyer des prêts mais forment en parallèle leurs clients, tout en s’efforçant d’être rentables. » Fonkoze, qui signifie « épaule contre épaule » en créole, prête aujourd’hui de l’argent à 40 000 Haïtiens. Les crédits de quelques dizaines de dollars sont souvent accordés à des femmes désireuses de monter un petit commerce ou de trouver des débouchés pour leurs productions agricoles, dans les villages et les villes excentrés. Chaque bénéficiaire doit au préalable suivre un programme de santé et d’éducation. « Le tremblement de terre a touché directement 6 000 clients de l’organisation qui

va voir sa rentabilité mise à mal », estime Stefan Harpe. Ce spécialiste parie pourtant sur un renforcement des capacités de Fonkoze dans les mois à venir. Les bureaux détruits ont déjà été déménagés vers des locaux provisoires. Les bailleurs de fonds ont accordé à l’agence six millions de dollars pour aider à la reconstruction

Fonkoze, qui signifie « épaule contre épaule » en créole, prête de l’argent à 40 000 Haïtiens.

et compenser, pour un temps, le manque de liquidités des clients qui ont contracté des emprunts. « On est passé de 10 % de prêts non remboursés à 60 % depuis le séisme, rappelle Stefan Harpe. Dans les campagnes, de nombreuses familles d’accueil ont dû piocher dans leurs économies pour héberger les sinistrés. »

Ces dernières semaines, les caisses d’urgence paysannes ont également beaucoup fonctionné. Le monde rural haïtien développe depuis 2000 des centaines de mutuelles de solidarité, sous l’impulsion d’organismes de formation tels que le collectif national du financement populaire (KNFP). Le principe ? Une vingtaine de membres décident d’épargner un ou deux dollars par mois dans une caisse de crédit collective de couleur verte. Puis chacun emprunte à tour de rôle dans le trésor commun afin de financer des achats d’engrais ou de matériels. En parallèle, les acteurs de la mutuelle doivent placer une partie de leurs économies dans une caisse d’urgence de couleur rouge, destinée à venir en aide à un des membres en cas de coup dur. « Après le tremblement de terre, les paysans ont puisé dans la caisse rouge pour nourrir les populations qui ont fui les zones sinistrées », rapporte Christian Schmitz, président du directoire de la Sidi, un investisseur social français qui soutient techniquement et

financièrement le développement des caisses mutuelles sur l’île. Aux yeux de ce spécialiste de retour d’Haïti, revitaliser le milieu rural reste l’un des enjeux fondamentaux de la reconstruction. « La culture de l’épargne crédit est plus lente à se mettre en place dans ce

pays qu’au Rwanda ou en République démocratique du Congo, notet-il. La faiblesse de l’État demeure l’un des principaux obstacles. S’il n’y a pas de restauration du système politique, il sera difficile de relancer l’activité des campagnes. »

OLIVIER TALLÈS

REPÈRES

Le Baromètre de la finance solidaire 2010

d Le Baromètre de la finance solidaire a été créé en 2003 par Finansol avec le soutien de la Caisse des Dépôts. Grâce aux données de l’Observatoire Finansol de la finance solidaire, il mesure chaque année l’évolution de la finance solidaire en France. Avec l’aide de l’institut de sondage Ipsos (1), il mesure la notoriété de l’épargne solidaire et l’intérêt que lui portent les Français (lire p. 67). Ce Baromètre est réalisé en partenariat avec La Croix, qui le publie chaque année en intégralité. Le quotidien s’engage également dans la promotion de la finance solidaire en suivant tout au long de l’année l’actualité du secteur.

(1) Réalisé pour Finansol les 12 et 13 mars 2010 auprès d’un échantillon national représentatif de 946 personnes âgées de

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