DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Philosophie Et Spiritualité

Note de Recherches : Philosophie Et Spiritualité. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 14

aisible. C’est déjà une tentation qui peut expliquer que parfois certains ressentent le besoin de faire une cure de sommeil dans une période de dépression grave. Dormir, c’est se débarrasser du monde, se débarrasser de autres et aussi de soi-même. Dans le sommeil, il n’y a plus de conscience de rien, l’ego lui-même a disparu. Ce qui est étrange, c’est qu’en plus cette disparition du moi soit plutôt bien vécue. Nous disons " j’ai bien dormi ", " j’étais bien dans le sommeil ", comme si cette mort de l’ego dans l’inconscience donnait un réel bonheur.

L’état de rêve, présente une autre aspect de l’inconscience naturelle, la possibilité de laisser la pensée à elle-même dans l’imaginaire. Le rêveur est bien inconscient au sens où on l’entend couramment, il a perdu les repères, les interdits, le sens du respect d’autrui. Il peut jouir de ses fantasmes hors des limites de l’état de veille. C’est une tentation offerte au désir que la satisfaction dans l’imaginaire. Chacun peut trouver dans le rêve une sorte de revanche contre la vie. Dans le rêve, on peut-être la plus belle, la plus désirable, le plus fort, le meilleur, le plus riche ou le plus envié. Nul doute que si on fabriquait une pilule pour rêver 24 heures sur 24, ceux qui souffrent se précipiteraient pour fuir la grisaille, la tristesse de la vie ordinaire, pour fuir une forme corporelle que l’on déteste, une condition sociale désastreuse, la dureté et la médiocrité de la vie. La publicité le sait bien, elle qui pousse constamment les gens à rêver, comme le dit une agence de voyage " rêvez, nous ferons le reste !". La propension à fuir dans le rêve est facile à exploiter commercialement, il suffit de faire croire que l’on vend le rêve et on fait baver d’envie tous ceux qui souffrent de frustrations sans nombre et qui n’aspirent qu’à cela. " Ailleurs c’est toujours mieux qu’ici " pense en elle-même cette vie qui n’arrive pas à vivre et qui souffre d’elle-même.

On peut appeler inconscience morale le comportement de celui qui semble aveugle aux interdits, qui perd le sens du respect de l’autre, de ses responsabilités, des limites à ne pas franchir, des conséquences d’une action, pour commettre un acte qu’il regrettera la plupart du temps ensuite, " un acte d’inconscience ". c’est par exemple le geste négligeant d’une fille qui en riant jette dans le fourré son mégot de cigarette allumé, alors que l’été a desséché toute végétation. Ce geste fait " comme ça ", " sans en avoir l’air ", indique que l’on se moque éperdument des conséquences, de la possibilité d’incendie. L’aveuglement typique de l’inconscience va ici avec l’étourdissement que l’on se donne pour s’amuser avec d’autres. Il y a des choses que l’on ne ferait pas tout seul, mais que par entraînement on fera dans une foule déchaînée : par inconscience. Cela veut dire qu’il n’y a pas exactement de mauvaises intentions, sinon ce ne serait plus de l’inconscience, mais une intention de nuire volontairement. On est à un moment comme aveuglé, on agit de manière écervelée, on ne se rend pas compte de ce que l’on fait.

En criminologie, il faudra alors distinguer le meurtre prémédité (répondant à un projet, une intention), du meurtre dû à une perte de conscience momentané (sans projet sur la durée). Ce qui montre à quel point l’homme est pazrfois dangereux, non seulement en vertu de sa liberté il peut commettre le mal intentionnellement, mais il peut aussi " faire mal ", par inconscience. Inversement, quand nous sommesvigilants, nous gardons un sens de l’interdit et des limites à ne pas franchir. Nous avons devant autrui une retenue, le sens du respect, nous ne perdons pas de vue nos responsabilités. Nous sommes plus ou moins sur le qui-vive, conscient de ce que nos actes porte à conséquences. En bref, nous " faisons attention-à " et cette attention nous préserve d’une attitude inconsciente en nous donnant la distance de l’observation et de la réflexion. L’inconscient, sur le plan moral, est irréfléchi, en restant attentif et en prenant soin du présent, nous sommes prémuni contre l’inconscience.

Enfin, le sujet nous oblige à considérer aussi l’inconscience pathologique. Il existe en psychiatrie un trouble appelé folie morale, qui fait que le patient devient complètement aveugle à la distinction entre le bien et le mal. Il ne voit plus la différence, il est capable de tuer, de torturer un animal, avec le même soin qu’il aurait à balayer sa chambre, cela ne lui fait rien, il est devenu complètement insensible. Cette perte de sensibilité est une forme d’inconscience extrêmement grave. La folie apparaît comme une perte de soi, l’aliéné est littéralement " autre ", il n’est plus lui-même. Sa conscience est complètement débordé par ses contenus inconscient, de telle manière que la frontière entre le fantasme, l’angoisse imaginaire et le réel est dissoute. Freud dirait que le principe de réalité cesse d’opérer, au profit du principe de plaisir. Le sens de la relation sociale, d’une certaine prudence devant la valeur de la réalité fait défaut. Le fou est non seulement celui qui ne sort plus de l’inconscience dans ses actes, mais celui qui est même livré à l’inconscient.

II Maintenant que nous avons éclairci les formes que revêt l’inconscience, il nous faut chercher des raisons d’aspirer à une forme d’inconscience. Il peut y avoir plusieurs motivations ou peut-être une motivation essentielle du désir d’inconscience. Que cherchons nous dans l’inconscience?

S’il y a un désir d’inconscience, le processus de ce désir peut-être interprété comme pour tout autre désir. Qui dit désir dit manque. On ne désir que ce que l’on n’a pas, on ne désir pas ce que l’on a déjà. Mais d'ordinaire, le désir participe d’une promotion générale de la vie, la vie cherche sa propre expansion, trouver cette expansion procure le bonheur. Que pourrait-on donc trouver dans l’inconscience qui puisse en quoi que ce soit nous rapprocher de cette destination? Si nous considérons seulement l’inconscience naturelle, la réponse est claire, le bonheur paisible du sommeil, une libération des tensions et des soucis qui rend cette inconscience désirable pour une individualité de veille surchargée de fatigue et de tensions. Ce type de bonheur reste négatif. Ce n’est pas la joie d’avoir accompli quelque chose dans le domaine de la vie, ce n’est pas une satisfaction résultant d’une action concrète, ce n’est qu’un retrait hors de la sphère de l’action. Donc ici peu de motivations assez précises, vu l’absence d’intention : on se laisse aller au sommeil sous l’empire de la fatigue, bref, on cesse de désirer, et c’est justement ce qui nous attire.

Si par contre on se situe dans le champ psychologique de l'inconscience morale, les motivations seront plus nettes. Dans la mesure où la vie ne se supporte plus elle-même, c’est-à-dire où le manque de la vie est un manque d’être, apparaît ce que Michel Henry nomme la maladie de la vie, et les processus par lesquels elle entreprend de se fuir. L’exemple de la cure de sommeil en est un. Dormir n’a jamais résolu aucun problème, mais c’est une évasion possible devant les problèmes, une façon de chercher à oublier et à s’oublier. c'est inquiétant, mais derrière le désir d’inconscience peut se profiler un désir de mort. Le langage de la drogue est éloquent. On cherche à " s’éclater ", à se " défoncer ", mais ces mots veulent dire se détruite, ... plus clairement : en finir avec une vie de souffrance. Le plaisir devient alors l’alibi qui accompagne une motivation cachée, celle de mettre fin à ce que l’on est. En un sens, le plaisir tiré de l’alcool, du jeu, tous les plaisirs sensuels poussés dans l’excès sont très ambigüs. On s’éclate dans l'inconscience, et cherchant surtout à s’étourdir pour oublier la réalité. Les moments où on a l’impression de vivre (ceux du shoot solitaire ou de la cuite à plusieurs) sont courts, rares qu’ils sont l’expression au fond d’une conscience de soi plutôt faible. La vie se déprécie toujours elle-même que d’être recherchée dans des moment d'inconscience. " J’ai bien le droit de rechercher l’inconscience... Parce que rien ne m’a réussi dans la vie, je prend ma revanche en me donnant des plaisirs, peut-être parce qu’au fond... je me sens insatisfait ".

La volonté de s’étourdir peut donc être habitée par ce que Freud appellerait la pulsion de mort. Dans la seconde théorie freudienne, le refoulement est interprété comme la lutte entre Eros (la force de la vie) et Thanatos, (la pulsion de mort). Il y a une manière de prendre des risques inconsidérés, de flirter avec la mort qui relève directement de cette attitude. Jung dans Essais d’exploration de l’inconscientmentionne le cas d’un fanatique de l’alpinisme qui voulait toujours se " dépasser " disait-il et qui prenait des risques inconsidérés. Il avait été mêlé à une affaire très malsaine qui le torturait et dont il ne savait pas comment sortir. Ses rêves le montrèrent faisant une chute mortelle. Jung vit tout de suite la pulsion morbide. Les avertissements ne servirent pourtant à rien, l’homme périt dans une chute qui entraînant celui qui le suivait. Le guide l’avait vu mettre sciemment le pied dans le vide. Son désir de se " dépasser " était très ambigu, ce désir de pousser les risques jusqu’à l’inconscience

...

Télécharger au format  txt (20 Kb)   pdf (152.6 Kb)   docx (12.5 Kb)  
Voir 13 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com