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ns les Ménechmes où le cuisinier Cylindrus semble bien appartenir à Erotie, et faire partie de sa maison.4. Il serait toutefois vain de s'appuyer sur une hypothèse de ce genre pour essayer de trouver et pour expliquer ensuite des traces de contamination, des incohérences, des additions injustifiées, etc. Comme il arrive le plus souvent, !es critiques ont porté sur la composition de la pièce les jugements les plus divers: pour Sonnenburg, par exemple, la comédie a subi toute sorte de remaniements "misere ab retractatoribus turbatam et laceratam nos habere fabulam", tandis que pour J. Vahlen et O. Eibbeok, elle nous est parvenue sous sa forme authentique.

On comprend d'ailleurs que la ressemblance exacte jusqu'à s'y méprendre de deux personnages ait fourni aux auteurs comiques une mine de situations aussi riche que facile à exploiter. Le thème se retrouve dans l'Amphitryon, où l'identité de Jupiter-Amphitryon et de Sosie-Mercure est le ressort qui détermine la marche de l'action. Et il ne manque pas de pièces où la méprise produite par la similitude vraie ou supposée de deux personnages intervient à titre épisodique dans le développement de l'intrigue.La fable d'Amphitryon appartient au domaine du merveilleux; celle des Ménechmes n'a rien que de naturel. Que deux jumeaux se ressemblent au point de se confondre, c'est là un fait d'observation courante. Sans doute les gens raisonnables ne manqueront pas d'objecter que, dans l'espèce, les deux Ménechmes, ayant vécu loin l'un de l'autre pendant de nombreuses années, doivent présenter, au moment où s'ouvre la comédie, des différences notables de mœurs, de costume, de langage, qui rendent la confusion difficile, sinon impossible; que d'autre part, Ménechme-Sosiclès, devant les méprises dont il est l'objet, devrait aussitôt avoir la puce à l'oreille, et se douter que le Ménechme pour qui on le prend sans cesse est précisément le jumeau qu'il cherche. Mais s'il n'y avait que des gens raisonnables, et si la comédie devait uniquement s'inspirer du réel et du vraisemblable, il n'y aurait pas de comédie.Il est inutile d'analyser la pièce; le prologue se charge d'expliquer très exactement les conditions dans lesquelles elle s'ouvre; et mieux vaut laisser au lecteur la joie de suivre les péripéties de l'imbroglio dans lequel il va se trouver jeté. Comme le dit justement Naudet : "Ce que l'on n'a pas assez remarqué dans l'oeuvre de Plaute, c'est l'art admirable de cette composition dramatique, la multiplicité des effets avec la simplicité des ressorts, la vivacité toujours croissante, et en même temps la constante unité de l'action. Point de personnages intrus, point de scènes épisodiques, de ces scènes dont le nombre s'augmente et se diminue à volonté sans préjudice pour la fable. L'action ici ne sort pas de la famille : la femme, le beau-père, le parasite, la maîtresse de l'Epidamnien, et une servante de cette courtisane, avec l'esclave du voyageur et un médecin que l'on appelle pour guérir la folie dont on croit les deux frères atteints, sont tous les acteurs mêlés à cette intrigue, et chacun d'eux tourmente à son tour les deux Ménechmes séparément. Dans cette combinaison, tout le monde est trompé, il n'y a point de trompeur. Le trompeur, c'est le hasard qui rassemble dans un même lieu les jumeaux de même nom et de même visage, inconnus l'un à l'autre. Dans la comédie de Regnard, un d'eux est instruit de la présence de son frère, et lui tend des pièges, il n'y a qu'une dupe, par conséquent moins d'effets comiques. » On a reproché aux Ménechmes de n'avoir pas de caractères, ni de peinture des mœurs (1). Sans doute est-ce avant tout une comédie d'intrigue; mais si les actes des deux frères sont conditionnés par leur ressemblance, et si, en conséquence, ils n'échappent pas à une sorte d'automatisme, ce serait méconnaître Plaute que d'imaginer qu'il ait pu se contenter de faire manœuvrer des fantoches. Dans les situations qui sont imposées aux personnages par la suite logique et nécessaire des événements, il a su leur donner l'attitude convenable et le mot juste. Les personnages accessoires sont croqués avec une verve étonnante : il y a, notamment, un médecin qui est le digne ancêtre des médecins molièresques, et un type de vieillard raisonneur, le beau-père de Ménechme d'Epidamne, dont les traits sont dessinés avec autant de naturel que d'esprit.

1. " II n'y a pas de caractères dans la pièce et il ne peut y en avoir... Ici peu de psychologie, une peinture sommaire des mœurs, la place manque, tout est subordonné à l'intérêt du problème posé. Il n'y a pas de comédie latine qui ressemble plus à une pièce de Scribe que les Ménechmes." (Paul Lejay, Plaute, p. 101 et 102).

La comédie se signale par l'abondance des parties lyriques. Paul Lejay a noté que « le parlé ne dépasse guère le tiers du chiffre total des vers (1)», le reste se compose de récitatifs presque tout entiers en trochaïques, sauf un passage d'un dessin un peu plus compliqué (2), et de cantica, tous d'une richesse et d'une variété de rythmes remarquables (3). La virtuosité du métricien s'allie heureusement à l'habileté supérieure du dramaturge.On sait que le thème des Ménechmes a été fréquemment repris par les modernes. Parmi les plus célèbres imitateurs de Plaute, on cite notamment Shakespeare avec sa "Comedy of errors", Regnard avec "Les Ménechmes", Goldoni avec "I due gemelli veneziani". De nos jours, M. Tristan Bernard a écrit "les Jumeaux de Brighton", et M. Sacha Guitry, "Mon double et ma moitié". Il n'est pas jusqu'au cinéma qui n'ait exploité l'invention, et il a été publié dans ces dernières années un petit film intitulé "L'homme à la barbiche", où l'on voyait un individu emprunter la personne et les traits d'un autre homme pour tenter de se substituer à lui et d'hériter à sa place.

1. P. Lejay, Plaute, p. 105.2. V. 995-1007.3. Canticum de Ménechme d'Epidamne, v. 110-134; canticum d'Erotie, v. 351-368, nouveau canticum de Ménechme d'Epidamne, v. 571-603, canticum du beau-père, y. 753-774, canticum de Messénion, v. 966-987.

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PERSONNAGESLABROSSE, parasite de Ménechme I.

MÉNECHME I, habitant d'Epidamne, enlevé dans son enfance.

MËNECHME II (ou SOSICLÈS), son frère jumeau.

EROTIE, courtisane, maîtresse de Ménechme I.

CYLINDRE, cuisinier d'Erotie.

MESSÉNION, esclave de Ménechme II.

UNE SERVANTE d'Erotie.

UNE MATRONE, femme de Ménechme I.

UN VIEILLARD, beau-père de Ménechme I.

UN MÉDECIN.

ESCLAVES du vieillard.

La scène se passe à Epidamne.

PROLOGUE

Tout d'abord, spectateurs, Salut et Prospérité à moi et à vous : c'est par là que débutera mon message. Je vous apporte Plaute, non dans ma main, mais sur ma langue; soyez assez bons pour l'accueillir d'une oreille favorable. Et maintenant écoutez le sujet, et faites bien attention. Je vais le résumer aussi brièvement que possible.Autre chose : vous savez ce que font nos poètes comiques. Ils sont toujours à prétendre que l'action se passe à Athènes, pour que leur ouvrage vous ait davantage l'air grec. Pour moi, je ne placerai jamais le lieu de l'action que là où, dit-on, elle s'est passée réellement (1). Ainsi donc le sujet est grécisant, sans être toutefois atticisant : ce qu'il est, c'est sicilianisant.Après ce préambule à notre exposé, j'en viens maintenant à l'exposé lui-même, et vous aurez bonne mesure. Je n'irai pas par boisseau, ni par triple boisseau; tout le grenier y passera : tant j'ai l'humeur libérale en fait de narration.Il y avait à Syracuse un marchand d'un certain âge. Il devint père de deux fils jumeaux.

1. Sens équivoque. On peut comprendre aussi, mais la construction est moins simple : « Pour moi, je ne placerai jamais le lieu de l'action à Athènes que quand il est dit qu'elle s'y est passée. »Les enfants étaient d'une si parfaite ressemblance, que leur mère nourrice n'arrivait pas à les distinguer (1), elle qui leur donnait le sein, ni même leur mère véritable qui les avait mis au monde. Du moins, c'est ce que m'a dit quelqu'un qui avait vu les enfants, moi, je ne les ai pas vus, n'allez pas vous l'imaginer. — Ils avaient atteint leur septième année, lorsque leur père s'avisa de charger un grand vaisseau d'une grosse cargaison. Il embarque avec lui l'un de ses fils, et l'emmène, pour avoir une compagnie, jusqu'à Tarente où l'appelait

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