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Réalisme

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qui n'étaient pas jusque là considérés comme artistiques. Ainsi, dès 1835, Balzac, dans Le Père Goriot, décrit un intérieur où tout est sale, nauséabond, délabré, écœurant. La création picturale et littéraire se tourne aussi vers ceux qui vivent dans ces cadres médiocres : ouvriers, artisans, prostituées, marginaux, représentés dans les aspects souvent les plus sordides de leur existence. Lorsque Flaubert évoque une scène de pillage de 1848, il souligne sans lyrisme ni totalité épique le déchaînement bestial d'une foule en colère. La volonté des écrivains réalistes d'imiter le réel et d'en rendre compte tel quel implique non seulement l'observation mais une véritable documentation. Il faut aller voir sur place, comme le font Goncourt et Zola, accumuler des notes, s'informer auprès des spécialistes : Maupassant et Flaubert fréquentent les milieux médicaux. Ce souci constant du réel explique aussi que l'étude psychologique des individus perde de son importance au profit de l'analyse du milieu et de la mise en relief des types sociaux. C'est en cela que le Réalisme ouvre la voie au Naturalisme, qui le prolonge sous une forme qui se veut encore plus scientifique.

II- Le réalisme en France

Le mouvement réaliste est apparu en France vers 1850 : on l'attribue à tort à Jules Champfleury qui pourtant se défiait de ce terme ("Le nom me fait horreur par sa terminaison pédantesque ; je crains les écoles comme le choléra, et ma plus grande joie est de rencontrer des individualités nettement tranchées", Lettre à George Sand). Il rappelle d'ailleurs combien il réprouve ce terme, inventé par les journalistes critiques, dans un ouvrage de 1857 justement intitulé… Le Réalisme. Ce mouvement consisterait, en littérature, à « s'inspirer des méthodes de la science, de s'en tenir rigoureusement à l'étude et à la description des faits, s'effacer derrière le sujet4 ». Il n'y a jamais eu d'"école" réaliste, au sens où il a existé des "écoles" naturaliste, symboliste, surréaliste : regroupements d'écrivains sous la bannière d'une communauté esthétique revendiquée.

Entre les deux concepts: réalisme versus romantisme, il convient, en littérature, de laisser le champ libre à une forme d'œuvres qui oscillent entre les deux. Citons notamment Stendhal, précurseur de la littérature-miroir, proche d'un romantisme violent avec le personnage de Julien Sorel, ou feutré avec La Chartreuse de Parme. Et aussi Balzac, proche d'un réalisme romantique avec le personnage de Lucien de Rubempré ou du roman poétique avec Le Lys dans la vallée. Mais ces nuances ont mis du temps à voir le jour. « Stendhal et Balzac avaient pu paraître des anti-Lamartine: on s'apercevait qu'ils étaient mieux pris. Dès lors, le réalisme va être la mise en cause du scientisme et du prométhéisme, du mérite et de la valeur des œuvres humaines qui avaient structuré l'effort antérieur5 » (Texte de Camille Lemonnier qui fut dédié au maître du mouvement naturaliste, Émile Zola.)

Les mots réalisme et naturalisme sont proches, mais ne signifient pas tout à fait la même chose. En effet, quand Champfleury parlait de réalisme, il désignait simplement la littérature du vrai, la volonté de reproduire le réel. C’est Émile Zola qui en premier utilisa le terme de naturalisme en 1880 dans son célèbre essai Le Roman expérimental. Émile Zola donne alors une nouvelle dimension au réalisme, il y ajoute une facette qui se prétend scientifique et qui est supposée permettre une analyse objective de phénomènes tels que l’hérédité et l’alcoolisme.

III- Auteurs et œuvres

Stendhal, un père du réalisme.

Honoré de Balzac, un père du réalisme avec La Femme de trente ans, du réalisme social avec Splendeurs et misères des courtisanes.

Gustave Flaubert, il a refusé l'étiquette de réaliste. Il a même renié le titre de chef de file du réalisme.

Champfleury (Le Réalisme en 13 points).

Le courant réaliste s'affirme particulièrement dans le roman; il se manifeste aussi en poésie, dans les œuvres de Banville, de Leconte de Lisle et des parnassiens; au théâtre, on le rencontre chez Eugène Scribe, Augier, Dumas-fils, Pailleron, et enfin dans la critique et l'histoire chez Renan, Hippolyte Taine et Fustel de Coulanges.

IV- Le réalisme en Grande-Bretagne

Le réalisme anglais trouve ses racines au xviiie siècle, par exemple dans les romans d'Henry Fielding, qui décrivent la racaille de Londres, ou encore chez Tobias Smollett. Le mouvement prend de l'ampleur au milieu du xixe siècle, et de grands auteurs comme Thomas Hardy, D.H. Lawrence, George Eliot ou l'Irlandais George Moore s'inscrivent pleinement dans le mouvement réaliste, en s'attardant aux milieux ouvriers, aux relations adultères et à la classe des domestiques, alors que leurs prédécesseurs posaient leurs intrigues parmi les familles aisées de la campagne ou les professionnels ou les gens d'Église. Le scandale sera aussi de la partie : le dernier roman de Hardy, Jude l'obscur, publié en 1895, est très mal reçu en raison de son traitement de la sexualité et de ses critiques acerbes du mariage, de l'université et de l'église. Déçu, Hardy abandonne alors la prose et consacre ses dernières années à la poésie.

V- Le réalisme à travers le monde

La traduction de Flaubert, Stendhal et Zola créera des émules à travers le monde. En Italie se développe un courant réaliste national appelé le vérisme et illustré par les écrivains siciliens Giovanni Verga et Luigi Capuana. Ces auteurs dépeignent les classes populaires de la société, dans les régions périphériques du pays, dans un style dépouillé et avec des dialogues reflétant la langue parlée. Le courant se poursuit dans les premières années du xxe siècle avec des romanciers régionalistes, comme Matilde Serao à Naples, Renato Fucini en Toscane, et Grazia Deledda en Sardaigne. En Espagne, Benito Pérez Galdós, à côté de ses très nombreux romans historiques, écrit plusieurs romans sociaux d'inspiration balzacienne, tout comme Camilo Castelo Branco et Eça de Queiroz au Portugal dans les mêmes années.

En Scandinavie et en Russie, le mouvement est repris par des auteurs dramatiques, qui s'inspirent de faits quotidiens pour leurs pièces et représentent des gestes et des paroles tirés de la vie de tous les jours. Le Norvégien Henrik Ibsen, le Suédois August Strindberg, et les Russes Anton Tchekhov et Maxime Gorki écrivent des pièces qui restent encore aujourd'hui parmi les plus jouées du répertoire en suivant les enseignements du réalisme.

Le réalisme traverse ensuite l'Atlantique avec quelques décennies de retard - le temps que les œuvres des auteurs français et anglais cités fassent leur chemin. Aux États-Unis, le courant réaliste est associé au mouvement progressiste, qui cherche à réformer les conditions de vie, d'hygiène et de travail des classes laborieuses en dénonçant les abus du « capitalisme sauvage » qui atteint son apogée dans les années 1890. Upton Sinclair expose les conditions infâmes des abattoirs de Chicago dans The Jungle, publié en 1906, tandis que Theodore Dreiser décrit la vie difficile d'une femme de la classe ouvrière dans Jennie Gerhardt (1911), et la chute d'une femme issue d'une petite ville et happée par les tentations et les dangers de New York dans Sister Carrie (publié en 1900, mais diffusé seulement après 1912). Sinclair se tourne rapidement vers la politique, mais Dreiser poursuit sa carrière d'écrivain, et est rejoint par Sinclair Lewis qui dans Main Street dépeint une Madame Bovary américaine. Le mouvement se poursuit au Canada anglais dans les années 1920 et 1930 avec Frederick Philip Grove

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