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Séisme Au Pérou : Etude Sur La Reconstruction Deux Ans Après Séisme

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en adobe aux qualités antisismiques fournies par les ONG 32

2/ Des gestes constructifs assez similaires : 33

a/ Des techniques employées proches des méthodes connues par la population. 33

b/ La volonté des ONG et des professionnels de développer l’auto-construction 34

3/ Une ville et des modes de vie transformés 35

a/ Une ville détruite ayant perdu son identité 35

b/ Des parcelles continuellement en transformation 35

c/ Les difficultés de la population pour retrouver leur niveau de vie 37

Conclusion 38

Bibliographie 40

Préambule

Depuis quelque temps, je m’intéresse à la situation des populations urbaines les plus démunies. Suite à un voyage d’étude aux Philippines puis à un stage dans une ONG péruvienne, j’ai décidé d’étudier le cas d’une petite ville touchée par un tremblement de terre en 2007 au sud de Lima. Plus de deux ans après la catastrophe, la situation reste très précaire.

Sur place, j’ai vu de nombreux processus se mettre en place et évoluer par la suite. De la reconstruction hâtive et informelle aux reconstructions de bonne facture, il existe une fracture importante au sein de la population. Une partie a reçu une aide conséquente et l’autre partie de la population vit encore sous des tentes ou des maisons de bois sensées être à l’époque des maisons provisoires. Ces bâtiments et maisons reconstruites ont cependant bien changé. Les techniques utilisées il y a encore quelques années sont aujourd’hui considérées comme obsolètes par la population. On assiste à un processus de reconstruction où les méthodes et matériaux sont similaires aux techniques « modernes ». L’architecture et les techniques traditionnelles sont donc entrain de disparaître dans cette ville. La ville change et l’habitat se transforme avec elle. Je m’intéresse donc à l’influence de ces transformations sur le mode de vie de la population.

Introduction

Située à environ 170 kilomètres au sud de Lima, la ville de Chincha appartient à la région d’Ica, région dévastée un séisme le 15 août 2007. D’une force de 8.0 sur l’échelle de Richter, ce tremblement de terre est le plus important connu par le Pérou après le tremblement de 2001 ayant eu lieu dans la région d’Arequipa, au sud du Pérou. Cette catastrophe toucha 655.674 personnes et détruisit 60% des écoles, des hôpitaux ou encore des églises de la région. Ainsi, en plus de détruire les habitations, ce séisme a également détruit la majorité des infrastructures des différentes villes touchées. Cette population est majoritairement pauvre et vit de l’agriculture ou encore du marché noir. Beaucoup ont été déplacés depuis les régions centrales du Pérou et vivent désormais dans des zones urbaines marginales ou dans les campagnes environnantes de la région d’Ica.

Face à cela, un processus de reconstruction s’est mis en place. Le but étant de rendre à ces familles ce qu’elles avaient perdu et de refournir aux communautés les infrastructures nécessaires à leur développement. L’aide est bien arrivée dans cette zone mais sa répartition a été très approximative. En 2 ans, le gouvernement a promis beaucoup de choses, de nombreuses ONG se sont relayées sur le terrain, mais le manque d’infrastructures, de sécurité et de logements décents demeure un frein majeur au développement de la ville et à la reprise de confiance d’une population se sentant abandonnée. Certaines zones ont reçu une aide importante en termes de vivres, d’équipements et de logements. D’autres sont restées isolées. Par exemple, un quartier tel que « Cruz verde » qui est situé sur la côte, reçu une aide complète car le but était de rendre à ses habitants, tous pêcheurs, leurs équipements permettant de subvenir à leurs besoins. Les habitants des quartiers situés plus au nord, dont la population travaille essentiellement comme employés ou grâce au marché noir, reçurent une aide minime et bon nombre continuent de vivre dans des logements précaires.

En plus de ces inégalités, lorsque les habitants ont reçu un nouveau logement, celui-ci ne correspondait pas forcément aux besoins et mode de vie de la famille y vivant. En effet, ces modules fabriqués avec des matériaux « nobles » (brique, pierre, béton…) ne sont pas conçus pour s’adapter à la population. Ils permettent simplement de répondre rapidement à un besoin essentiel de la population : habiter sous un toit.

Le Pérou est reconnu comme un pays riche en matière de culture et de tradition. L’architecture et la construction font partie de cette culture et la réalisation de certains bâtiments demeure aujourd’hui le témoin d’un riche passé. Les œuvres architecturales majeures au Pérou sont nombreuses mais certaines techniques très anciennes de construction restent encore d’actualité. Si les techniques très élaborées de taille de pierre sont encore assez obscures, la réalisation de briques est courante. En effet, les techniques de construction à partir de terre ou de boue séchée sont encore très utilisées. Les particuliers peuvent ainsi réaliser eux-mêmes leur habitation pour un coût très faible.

Mais dans la situation que traverse la ville de Chincha, la reconstruction ne se fait pas à travers l’utilisation de matériaux locaux et renouvelables. La population est désormais effrayée par le risque d’essuyer un nouveau séisme. Celle-ci ne veut plus prendre le risque de vivre dans des logements peu fiables en cas de secousse sismique. Ils reconstruisent ou font reconstruire par des professionnels avec des matériaux qu’ils qualifient de « nobles ». Ce sont en réalité les matériaux tels que la brique, le ciment ou encore le béton. Tous ces matériaux en plus de dégager une forte énergie grise au moment de leur production ne font absolument pas partie du décor de la ville de Chincha. On voit donc apparaitre une « nouvelle » ville au dessus de l’ancienne. Les gravats d’adobe font place au fil du temps à des maisons en parpaings et le paysage se transforme.

Il est aujourd’hui difficile de retrouver l’atmosphère de la ville de Chincha avant le tremblement. Mais il est tout aussi difficile de reprocher à une population touchée par un fort séisme de reconstruire avec des matériaux que, nous autres occidentaux utilisons depuis plus de 70 ans.

Cependant, ce document ne vise pas à disserter sur l’objectivité d’une reconstruction moderne après la disparition d’une ville « traditionnelle » suite à une catastrophe naturelle. Nous cherchons à analyser son influence sur le mode de vie d’une population habituée à vivre dans d’autres structures.

Cette population a donc cherché à rapidement retrouver un mode de vie décent. Ayant vécu pendant plusieurs semaines voir plusieurs mois dans la rue, la population n’a pas beaucoup hésité quand différentes entreprises sont venues leur proposer des maisons « solides » et « spacieuses » pour une somme proche de l’aide versée par le gouvernement aux familles sinistrées.

Mais ces nouvelles maisons, bien différentes des maisons présentes avant le séisme, ne sont pas conçues comme l’étaient les autres. Donc l’habitat change et on peut supposer que le mode de vie change également.

A partir de cette hypothèse, nous nous intéresserons donc à la disparition de l’architecture traditionnelle et à l’apparition de nouvelles techniques de construction qui en découle à Chinch au Pérou. Cette « nouvelle » architecture peut elle être une source de changement pour la population ? Quelles transformations peut-elle apporter ?

Nous étudierons tout d’abord les acteurs de la reconstruction à Chincha, du gouvernement aux habitants en passant par les ONG. Dans une deuxième partie nous analyserons les processus et les techniques de l’architecture traditionnelle. Dans la troisième et dernière partie, nous analyserons les conséquences des processus de reconstruction sur les modes de vie de la population.

I –ACTEURS & HABITANTS

La situation dans la province d’Ica et notamment à Chincha reste difficile pour bon nombre d’habitants. Certes une aide nationale et internationale est arrivée, mais une mauvaise organisation associée à un manque évident de clairvoyance ont empêché la reconstruction rapide de la province comme le prévoyait le président deux ans auparavant. Désormais, on retrouve des traces de l’aide reçue dans certains quartiers tandis que d’autres restent majoritairement délaissées. Pour mieux comprendre la situation actuelle, nous analyserons la période d’urgence avant d’étudier les acteurs privés et publics de la reconstruction.

Comment la population vit-elle désormais ? Comment le gouvernement gère-t-il la situation maintenant que les organismes internationaux sont partis ?

1/ La période d’urgence

a/ Une population en grande précarité

Selon INDECI[1], la protection civile péruvienne, 90 000 logements ont été entièrement détruits et 45000 ont été endommagés. Juste après la catastrophe, la population se retrouve dans la rue. Même les familles ayant encore leur maison intacte

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