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Sénèque, Les Bienfaits

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trouver l'opposition devenue classique entre vertu et intérêt, plaisir qui opposera les morales utilitaristes ( Bentham, Mill et avant eux Epicure) et les morales de l'intention pure ( Kant et Hegel). Partant de cette hypothèse, l'intérêt comme mobile de l'action morale, Sénèque en illustre les conséquences: on ne fera pas le bien de manière inconditionnelle, mais en fonction de celui qui en bénéficiera et sous condition qu'il puisse nous rendre la pareille.

Dès lors, on en arrive à une morale qui dépend de l'état de santé et de l'éminence de la mort. J'aide, je rends service au bien-portant, au jeune mais je ne fais rien pour le malade et le mourant. On voit bien le cynisme d'une telle morale ainsi fondée sur l'intérêt et le calcul de l'intérêt. De là même manière, l'approche de la mort me dispenserait de toute action vertueuse. La morale ne saurait être aussi calculatrice et vénale. Cette hypothèse est donc à rejeter, même s'il se peut que certains actes vertueux soient faits par intérêt. Si ce mobile intéressé peut être la cause d'un acte vertueux, il ne saurait en être le fondement.

⁃ Lignes 6 à 14, Sénèque oppose à cette hypothèse, voire cette suspicion sur la réalité de notre vertu, des faits. Des faits qui sont des preuves (ligne 7) que l'acte moral peut être désintéressé et que donc on peut vouloir le Bien en lui-même et être vertueux pour être vertueux. Cette preuve, c'est le service rendu ou le don fait à l'étranger, à l'inconnu de passage. Si nous lui rendons service, il ne pourra nous rendre la pareille. Dès lors, ce n'est pas ce qu'on attend de lui qui nous pousse à être généreux. Sénèque reconnaît cependant que si l'attente d'une réciprocité ne guide pas l'acte généreux ici, celui qui reçoit à une dette ( Ici on pouvait reprendre les analyses sur l'idée de don, contre-don, le potlatch de Mauss)et s'en acquittera en priant les Dieux, de reconnaître notre vertu Mais cette reconnaissance n'est que de prestige, symbolique, pourrait-on dire. Dès lors en donnant à l'étranger , on donne gratuitement et seule la satisfaction de la bonne action accomplie peut accompagner l'acte vertueux. Sénèque parle de « charme », cette satisfaction de soi est un plaisir, mais pas de ses plaisirs immédiats et sensibles. C'est un plaisir de l'être raisonnable que nous sommes et qui se voit ainsi satisfait en son âme par cet acte bon. L'acte vaut bien pour lui-même.

⁃ Lignes 14 à la fin, Sénèque confirme cela avec l'exemple du testament, qui lui permet de remettre en question les exemples des lignes 1/6. Rédiger son testament, pour distribuer ses biens , c'est donner après sa mort, donc clairement sans retour. Et si ce dernier exemple confirme la thèse, il permet d'ajouter un dernier argument de taille: non seulement, on peut agir vertueusement sans intérêt, ni calcul, mais c'est quand l'intérêt est absent que nous sommes les plus scrupuleux, c'est-à-dire soucieux de bien faire le Bien. Dès lors, non aveuglés par le plaisir et l'intérêt, nous pouvons librement faire nos choix avec responsabilité et la satisfaction de s'efforcer vers la vertu, uniquement pour être vertueux.

Ce texte montre donc bien que vertu et plaisir ne sont pas compatibles et que l'on ne saurait subordonner la vertu au plaisir, à moins que le plaisir ne soit que la satisfaction de notre être raisonnable, d'avoir agi conformément à la raison et au Bien. L'intérêt conditionnerait l'action vertueuse, faisant

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