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ement de langues et linguistique de l'Université Laval, pour ses commentaires et suggestions sur les premières versions de ce compte rendu.

Femmes en tête : De travail et déspoir. Montréal, Les Éditions du Remue-ménage, 1990, 200 pages. Cette année, le Québec célèbre le cinquantième anniversaire (1940-1990) de l'obtention du droit de vote des Québécoises. Sous l'égide de Femmes en tête, organisme qui regroupait plus de 1 000 groupes de femmes, des événements ont eu lieu à travers les régions du Québec afin de souligner et de rendre visible l'apport des groupes de femmes tant aux niveaux social, politique qu'économique au Québec. Entre autres activités de reconnaissance, un bilan exhaustif a été réalisé afin de diffuser les actions de ces groupes de femmes et leurs impacts sur le mouvement social québécois, mais aussi afin de porter des réflexions sur l'ensemble des aspects touchant la condition des femmes à l'aube de l'an 2000. Les premières à énoncer l'idée de ce bilan sont les membres fondatrices du Comité national de Femmes en tête. De travail et d'espoir est né de ce vaste bilan. Le livre a été construit à partird'une grille d'analyse (Et sion se racontait le féminisme...) distribuée à quelque 1 500 groupes de femmes répartis dans les régions du Québec, incluant les groupes de femmes locaux et régionaux, les associations provinciales et les comités de condition féminine des principaux syndicats. Cette grille d'analyse était composée de questions portant sur les coordonnées des groupes et sur 22 thèmes demandant une réflexion de la part des groupes de femmes : le corps, le politique, le

214 pouvoir, la double discrimination, l'autonomie et la liberté, le rapport à l'argent, le rapport au savoir, le travail, la consommation et la publicité, le spirituel, les rôles sociaux et la santé, etc. Un vingt-troisième thème visait à permettre aux femmes d'apporter leur vision de ce que pourrait être le mouvement des femmes en l'an 2000. Ce livre peut ainsi être considéré comme le fruit d'un travail collectif, car il a été «écrit par des centaines de femmes à travers tout le Québec» (p. 7) et il comprend de nombreuses citations tirées des analyses établies par les groupes participants. Cependant, ce ne sont pas tous les groupes qui ont répondu à l'appel et les auteures nous informent que l'ouvrage se limite à la vision et aux préoccupations particulières de ceux qui ont rempli la grille d'analyse. En effet, comme elles le soulignent, «Si d'autres groupes avaient rempli la grille, si ceux qui l'ont complétée l'avaient fait différemment ou à un autre moment, la courtepointe en eût été différente» (p. 19). Chacun des principaux chapitres présente une facette de la réalité des femmes, perçue à travers une lunette locale ou régionale, provinciale ou syndicale. Le dernier chapitre fait la synthèse du discours actuel des femmes face à leurs acquis et à leurs préoccupations. Par ailleurs, il présente les éléments de prospective identifiés par les groupes de femmes du Québec pour améliorer les conditions de vie des femmes et faire évoluer les rapports sociaux de sexe. Le premier chapitre trace le portrait et fait le bilan des préoccupations de 157 groupes locaux et régionaux, tournés surtout vers l'action et les services. Trois thèmes apparaissent comme centraux, en ce sens qu'ils traversent tous ces groupes, quel que soit leur champ d'intervention ou leur niveau d'action. Il s'agit du corps des femmes, du pouvoir et du rapport à l'argent et au travail. Trois autres thèmes, plus secondaires, sont traités par moins de groupes et sont les responsabilités associées au rôle de mère, la quête de l'autonomie et le rapport au savoir. Enfin, cinq thèmes peuvent être considérés comme plus marginaux par l'analyse qu'en font les groupes de femmes. Ce sont la double discrimination et l'appartenance culturelle, la création, le spirituel, l'éducation des enfants et la question de la technologie. Les actions et les préoccupations des associations provinciales sont traitées dans le deuxième chapitre. Les associations provinciales «se définissent la plupart du temps comme des groupes de pression au service du mouvement des femmes. Leur rôle est avant tout politique et leurs actions se situent donc essentiellement au niveau des interventions à caractère public sous toutes ses formes» (p. 97). Dix-huit associations provinciales ont participé au bilan. Il en est ressorti trois thèmes majeurs : l'affirmation des femmes, la quête de l'autonomie et le corps des femmes. Les thèmes secondaires sont les ghettos d'emploi féminin et la maternité vue sous l'angle de la responsabilité, tandis que la consommation et la publicité, les rapports aux autres, l'appartenance culturelle et la double discrimination sont traités de façon marginale. Le troisième chapitre fait état des actions et réflexions des comités de condition féminine des syndicats locaux et des centrales syndicales qui se sont donné comme mandat de s'occuper de la situation des femmes sur le marché du travail et au sein des structures syndicales. Leurs actions et leurs réflexions reflètent effectivement ce mandat puisque les thèmes qu'ils ont jugés centraux ont trait à l'organisation et au

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regroupement, à la lutte pour l'égalité au travail et au corps des femmes. Outre ces thèmes centraux, seuls quelques autres thèmes sont traités de façon marginale : être mère, être responsable, la double discrimination, les rapports aux autres, les machines, ainsi que la création chez les femmes. Au terme de ce bilan, un premier constat général se dégage : pour tous les groupes, c'est par l'action et la revendication que se développe la réflexion sur la problématique des femmes. Par ailleurs, on retrouve le thème du corps parmi les préoccupations de tous les groupes, associations et comités de condition féminine des syndicats. Le corps des femmes, lieu premier de notre oppression et de notre aliénation au monde. Les revendications les plus pressantes ne peuvent, en première instance, qu'avoir trait au corps, à son intégrité, à sa réappropriation par chacune des femmes. L'appropriation du corps des femmes emprunte trois grandes voies qui s'entrecoupent : la sexualité, la reproduction, la santé. Ainsi, l'appropriation du corps des femmes, dans notre société patriarcale, s'exerce par la séduction, la manipulation et l'autoritarisme, et s'exprime aussi par la violence, violences de toutes sortes : violence conjugale, familiale, violence faite aux femmes dans le développement des nouvelles technologies de la reproduction humaine, agressions et harcèlement sexuel, inceste, stéréotypes et publicité sexiste, non libre choix à la maternité, dépendance du corps des femmes à l'endroit de l'appareil médical... Si la préoccupation centrale qu'est la réappropriation du corps des femmes par les femmes fait consensus auprès de tous les groupes, associations et comités, le second thème le plus abordé, la quête du pouvoir, est plus controversé à l'égard de la question de l'investissement du pouvoir par les femmes. Certains groupes préconisent l'exercice d'un pouvoir autre que celui institutionnalisé et masculinisé des institutions politiques, religieuses, bureaucratiques et industrielles et qu'ils nomment pouvoir collectif ou pouvoir d'influence. Ce pouvoir d'influence doit s'exercer non plus à l'intérieur de la sphère privée qu'est le cadre familial strict, mais plutôt dans la sphère publique par les luttes menées, les pressions politiques et le lobbying. Certains autres groupes estiment par contre très important que les femmes accèdent à ces lieux traditionnellement réservés aux hommes afin de changer, de l'intérieur, la structure et la vision du pouvoir et du politique. Cependant, tous les groupes de femmes, quelles que soient leurs tendances, s'accordent pour affirmer que la prise de parole des femmes, longtemps réprimée et dévalorisée, constitue l'un des acquis importants et irréversibles du mouvement des femmes. Cette parole publique des femmes représente une autre vision de la société, dont l'exclusivité appartenait aux hommes : «Et cette parole publique des femmes, qui nomme et qui dénonce, rend possible dans le privé la parole de chacune, sur des problématiques longtemps vécues dans le silence, sur des revendications longtemps perçues comme illégitimes. Ainsi, la prise de parole publique des femmes permet-elle l'émergence dans la sphère privée d'un pouvoir que les femmes n'avaient jamais osé jusqu'ici affirmer» (p. 165). La dernière thématique centrale concerne l'autonomie des femmes, qui passe nécessairement par le travail rémunéré et l'indépendance financière. Si la participa-

216 tion des femmes sur le marché du travail s'est accrue considérablement depuis les années 1970

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