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Thulathu

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étruire, qu'à asservir. Il accuse les conquistadors de pervertir ce " monde enfant", c'est déjà, au seizième siècle remettre en cause la colonisation, et faire le procès des civilisations policées.

Extrait de Des Coches

" ... Que n'est tombé sous Alexandre ou sous sous ces ancien Grecs et Romains une si noble conquête, et une si grande mutation et altération de tant d'empires et de peuples, sous des mains qui eussent doucement poli et défriché ce qu'il y avait de sauvage, et eussent conforté et promu les bonnes semences que nature y avaient produites.... Au rebours, nous nous sommes servis de leur ignorance et inexpérience à les plier plus facilement vers la trahison, luxure, avarice et vers toute sorte d'inhumanité et de cruauté, à l'exemple et patron de nos mœurs. ... Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l'épée, et la plus riche et la plus belle partie du monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre ! Mécaniques victoires. Jamais l'ambition, jamais les inimitiés publiques ne poussèrent les hommes les uns contre les autres à si horribles hostilités et calamités si misérables."

Cet extrait de Montaigne trouve son écho dans le discours du vieillard du Supplément qui met en garde les Tahitiens contre les Européens et qui dénonce les effets pervers des Européens sur les tahitiens

Au dix-huitième siècle

Les récits de voyages sont de plus en plus nombreux. Outre le récit de Bougainville, on peut citer : Les six voyages de Jean-Baptiste Tavernier ( 1605-1689), qui retracent son périple en Turquie, en Perse et en Inde ; Nouveaux mémoires sur l'état présent de la Chine, de Louis Lecomte ( 1656-1729) ; Voyage en Perse et en Inde orientale de Jean Chardin ( 1643-1713) ; Dialogue de monsieur le Baron de Lahontan et d'un sauvage de l'Amérique, de Louis Armand de Lahontan ( 1666-1715). Ces récits, très appréciés du public de l'époque, véhiculent l'image idyllique du "bon sauvage" et leur bonheur semble incontestable : ils sont vigoureux, simples, obéissant à la mère nature, généreux, libres de toute contrainte sociale ou politique, ils sont ignorants de la corruption, des sciences et des civilisations, ils respectent une morale naturelle qui leur dicte le respect d'autrui et de faire le bien de tous. En aucun cas leur morale n'est subordonnée à l'idée de religion, ils se contentent de croire en une volonté suprême qui meut l'univers et la nature. Ces peuples nouveaux ne sont pas considérés comme inférieurs à l'homme civilisé, au contraire, ils inspirent l'admiration et incarnent une sorte de pureté originelle. Le dix-huitième siècle voit en eux la parfaite harmonie entre l'homme et la nature, loin de tous préjugés, de quelque ordre que ce soit.

Le dix-huitième siècle utilise l'image du "bon sauvage" pour donner une leçon de relativisme. Le Tahitien de Diderot ou le Huron de Voltaire, par leurs modes de vie différents de ceux des Européens, donnent à voir une autre façon de vivre et d'être heureux. La diversité des attitudes, des comportements, permet un élargissement de l'esprit et engendre la réflexion sur la sens de la vie. Dés lors, l'esprit critique se développe et permet de porter un regard nouveau sur soi et de se demander selon quelle légitimité l'Européen veut-il imposer ses façons de penser. Ce n'est pas sans raison si ce siècle appelé " des Lumières" s'interroge sur les fondements de la société dans laquelle il vit et remet en cause certains de ses principes.

En effet, les pays découverts, libres de toute convention sociale politique ou religieuse, vivant en toute quiétude, sont l'occasion de dénoncer le poids de l'absolutisme royal, du conformisme social et religieux. L'intolérance et les inégalités sont au centre des préoccupations des philosophes du dix-huitième, j'en veux pour preuve le sujet du concours proposé par l'académie de Dijon en 1754 : " Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle." De plus, sans vouloir nier le progrès et ses avantages pour l'homme, à l'exclusion de Rousseau, les philosophes s'interrogent déjà sur certaines conséquences du progrès, tel un nouvel asservissement pour l'homme.

Le "bon sauvage" : un mythe

Un mythe, et non pas un réalité. Conformément à sa définition le mythe désigne un récit symbolique et figuratif qui révèle une vérité, " un mensonge qui dit vrai", selon la formule de Cocteau. Le "bon sauvage" symbolise les aspects de la condition humaine et traduit ses aspirations à savoir, la quête du bonheur et d'une vie harmonieuse. En proposant une vision idyllique, utopique, du primitif naïf, bon, vivant en osmose parfaite avec la nature qui le fait vivre, le dix-huitième siècle exprime son désir d'un bonheur simple et traduit aussi ses angoisses. On peut y voir un regret d'une forme de paradis perdu. D'ailleurs, il convient de souligner que même Rousseau, dans la préface de son discours sur l'origine des inégalités, présente l'homme à l'état de pure nature comme étant un idéal et non une réalité : " ...un état qui n'existe plus, qui n'a peut-être jamais existé, qui probablement n'existera jamais..." et dans le début de son discours il précise que même à sa création, l'homme ne connaissait pas l'état de nature : " Il n'est même pas venu dans l'esprit de la plupart des nôtres ( philosophes) de douter que l'état de nature eût existé, tandis qu'il est évident, par la lecture des livres sacrés, que le premier homme, ayant reçu immédiatement des Dieu des lumières et des préceptes, n'était point lui-même dans cet état...."

Des textes contradictoires

Extrait du chapitre des Cannibales, des Essais, de Montaigne (1580)

" Ces nations me semblent donc barbares de cette manière : pour avoir reçu fort peu de façon de l'esprit humain, et pour être encore fort voisines de leur naïveté originelle. Les lois naturelles leur commandent encore, fort peu abâtardies par les nôtres, mais c'est dans une telle pureté qu'il me prend quelquefois déplaisir que la connaissance n'en soit venue plus tôt, du temps qu'il y avait des hommes qui eussent su juger mieux que nous.... Ils ( Lycurgue et Platon) n'ont pu imaginer une naïveté aussi pure et simple que nous la voyons par expérience. Ils n'ont pu croire non plus que notre société peut se maintenir avec si peu d'artifice et de soudure humaine. c'est un peuple , dirais-je à Platon, dans lequel il n'y a aucune espèce de trafic, nulle connaissance des lettres, nulle science des nombres, nul nom de magistrat ni supériorité politique, nul usage de service( c'est-à-dire pas d'esclavage), ni richesse, ni pauvreté, nul contrat, nulle succession, nul partage, nulle occupation qu'oisive, nul respect de la parenté que commun, nul vêtement, nulle agriculture, nul métal, nul usage du vin ou du blé. Les paroles mêmes qui signifient le mensonge, la trahison, la dissimulation, l'avarice, l'envie, la médisance, le pardon : inouïes. Combien il trouverait la République qu'il a imaginée loin de cette perfection. "

Extrait du discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, de Rousseau( 1755)

" ... Je voudrais bien qu'on m'expliquât quel peut être le genre de misère d'un être libre, dont le cœur est en paix et le corps en santé. Je demande laquelle, de la vie civile ou naturelle, est la plus sujette à devenir insupportable à ceux qui en jouissent ? Nous ne voyons presque autour de nous que des Gens qui se plaignent de leur existence ; plusieurs même qui s'en privent autant qu'il est en eux, et la réunion des Lois divines et humaines suffit à peine pour arrêter ce désordre : je me demande si on a jamais ouï dire qu'un sauvage en liberté ait seulement songé à se plaindre de la vie et à se donner la mort ? Qu'on juge donc avec moins d'orgueil de quel côté est la véritable misère. Rien au contraire n'eût été si misérable que l'homme Sauvage, ébloui par les lumières, tourmenté par des Passions, et raisonnant sur un état différent du sien. ce fut par une Providence très sage, que les facultés qu'il avait en puissance ne devaient se développer qu'avec les occasions de les exercer, afin qu'elles ne lui fussent ni superflues et à charge avec le temps, ni tardives et inutiles au besoin. Il avait dans le seul instinct tout ce qu'il lui fallait pour vivre dans l'état de Nature, il a dans une raison cultivée que ce qu'il lui faut pour vivre en société.

Il paraît d'abord que les hommes dans cet état ( de nature), n'ayant ente eux aucune sorte de relation morale ni de devoirs connus, ne pouvaient être ni bons ni méchants, et n'avaient ni vices ni vertus... cet état était par conséquent le

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