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Théâtre de cruauté chez Rosset

Commentaire de texte : Théâtre de cruauté chez Rosset. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  25 Février 2019  •  Commentaire de texte  •  1 138 Mots (5 Pages)  •  498 Vues

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D’après votre lecture de l’« Avis » au lecteur et des Histoires I et VII des Histoires tragiques de François de Rosset, dans quelles mesures la notion de « théâtre de la cruauté » éclaire-t-elle la poétique de ces récits ?

Sur un fond de guerres civiles religieuses et de barbaries publiques évoluant sur les bases d’un theatrum mundi, les Histoires tragiques de Rosset impliquent des douleurs physiques infligées aux individus nobles jugés à partir de l’acte transgresseur commis intimement, mais étant devenu une question d’objet publique. Dans la mise en scène des exécutions, le caractère théâtral tragique et pathétique se fait lourdement sentir.

Dans l’Histoire I, le châtiment du couple habité par un excès d’ambition et visant l’accession au pouvoir politique par l’intermédiaire du mysticisme est assisté par le peuple. La masse de corps que forme le peuple est présenté dans le récit comme une seule entité collective qui est possible d’envisager comme un seul personnage. Cette entité est d’autant plus importante, car elle est à la fois spectatrice et actrice de la scène du supplice qui devient alors un lieu cathartique. Autour de cet espace, gravite ce public dont la participation visuelle et émotive est vectrice de haine, haine pouvant donner lieu à des actes barbares et violents. En effet, Filotime est d’abord transpercé d’une épée et traîné par les pieds, son corps meurtri est placé dans un lieu « puant et infect » (p.65) et, une fois enseveli dans l’église, la populace, ayant su où il se trouvait, vient le déterrer « avec les mains mêmes » (p. 65) avant de le pendre sur une potence qu’il avait lui-même ordonné de construire. Là, il est la risée du peuple pendant plusieurs heures. Ensuite, son cadavre subit plusieurs absurdités physiques; il est traîné dans toute la ville, découpé en pièce et « enfin, il devient fumé » (p.66). L’exemplarité des châtiments et la monstruosité des supplicié impliquent que toutes les douleurs infligées, dont certaines sont particulièrement intenses, ne relèvent pas du mal. Prise de cruauté, la populace substitue son excès de colère à celle de Dieu pour légitimer sa soif de vengeance et son acharnement macabre sur la dépouille du transgresseur. C’est ainsi que dans la fureur et l’hystérie, la foule se laisse elle-même guider par l’hybris.

La gravité du crime de ces nobles coupables d’horreur les repousse en dehors des frontières de l’humanité. S’étant laissé emporter par leurs passions néfastes enracinés dans leur cœur et ne prenant pas conscience de la menace qui les guette, ces personnages deviennent alors les acteurs principaux d’une pathétique tragédie où l’échafaud serait comparable au logéion du théâtre grecque antique. Dans l’Histoire VII, c’est à partir du logéion, « ce lieu d’où l’on parle », que Doralice et, ensuite, Lizaran énoncent leur dernière prière sous forme de monologue tragique devant une foule troublée. Pris de terreur par leur crime incestueux, le public est à la fois pris de pitié par leur beauté, leur fragilité et leur sincérité. Toutefois, leur mort servant de punition exemplaire est inévitable à la purification de la communauté, car là est la volonté de Dieu qui « ne laisse rien impuni » (p.221) et qui « [veut] si bien défendre son peuple des aguets de Satan [pour] que jamais un tel scandale n’arrive parmi [eux] » (p.221).

Dans les récits tragiques de Rosset, la théâtralisation des supplices se présentent sous deux angles cathartiques impliquant le personnage qu’incarne le peuple à la fois spectateur et acteur de cette scène. D’une part, la foule éprouve un plaisir face au spectacle sanglant qui lui est présenté et auquel elle participe. Portée par l’hybris et sa soif de vengeance, elle s’acharne sur le corps de Filotime, dans l’Histoire I, ayant mal agi envers les individus de la population, en l’infligeant toutes sortes d’indignités justifiés par la volonté divine. D’autre part, comme il est le cas pour Doralice et Lizaran, ce théâtre d’émotions permet aussi la purgation des passions néfastes du spectateur par la terreur et la pitié qu'il éprouve devant le spectacle de la destinée tragique des amants incestueux, destinée réalisée par Dieu. Il devient donc évident que ce théâtre horrifiant

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