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Travaux

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de Jacques et du capitaine, cette façon cavalière d'enchaîner révèle un nouveau ton décontracté dans la façon de raconter. Une décontraction qui se traduit aussi par la présentation théâtrale du dialogue entre Jacques et Le Maître (on ne trouve en effet aucune proposition classique "disait-il").

Or, mine de rien, cette décontraction que l'on retrouve aussi entre les deux protagonistes dialoguant instaure une histoire originale où Le Maître n'exerce plus sa supériorité sur son valet. Bien au contraire, il le relance dans son récit comme s'il était demandeur d'informations essentielles et donc dépendant du bon vouloir narratif de Jacques, qui en profite en faisant durer le suspense concernant ses amours (cf. "Qui le sait ?"). Diderot s'amuse ainsi du renversement du pouvoir que révèle le dialogue, non seulement entre les deux protagonistes, mais aussi entre le narrateur et son lecteur. Si bien que la relation inédite et originale qui s'installe entre eux continue d'attiser la curiosité du lecteur, quels que soient les efforts de l'auteur pour dénoncer l'illusion réaliste de tout "conte".

II )

Quand bien même le narrateur se croirait libre vis-à-vis du lecteur et des aventures qu'il fait vivre à ses personnages, son fatalisme est réel, déjà lorsqu'il s'interroge "Est-ce que l'on sait où l'on va ?" Il semble lui venir de son héros Jacques, qui le tient lui-même de son capitaine, selon qui "tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut."

Voilà pourquoi on assiste à un enchaînement implacable et ultra rapide d'actions, au présent narratif, comme si la séquence racontée par Jacques sur sa vie militaire était déjà décidée par une volonté supérieure : "Que le diable emporte le cabaretier… tandis que je m'enivre de son mauvais vin, j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir. Mon père s'en aperçoit ; il se fâche. Je hoche la tête ; il prend un bâton et m'en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy ; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons ; la bataille se donne. - Et tu reçois la balle à ton adresse. - Vous l'avez deviné ; un coup de feu au genou ; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une gourmette. Sans ce coup de feu, je crois que je n'aurais été amoureux de ma vie…" Ce passage se caractérise par une série de courtes propositions accumulées et juxtaposées qui illustrent la force du destin.

L'expression courante Dieu sait prend ici toute sa valeur puisque d'après le capitaine, Jacques et le narrateur, c'est lui qui assure l'enchaînement causal menant du vin aux amours du valet qui intriguent le maître. Lequel utilise une autre expression courante : A tout hasard qui est ironique dans ce contexte (pas de hasard pour les fatalistes et causalistes).

D'autre part le fatalisme est illustré à un autre niveau : celui du retard occasionné par le récit des amours de Jacques. Ses conséquences fâcheuses sont ainsi racontées par le narrateur : "il faisait un temps lourd ; son maître s'endormit. La nuit les surprit au milieu des champs ; les voilà fourvoyés. Voilà le maître dans une colère terrible et tombant à grands coups de fouet sur son valet, et le pauvre diable disant à chaque coup : Celui-là était apparemment encore écrit là-haut…" (Récit à l'imparfait / passé simple, plus classique que le précédent au présent narratif). Cette agression met fin à la décontraction amorcée et rétablit l'ordre classique des choses, comme s'il était impossible pour le dominant et le dominé de sortir de leur condition respective, qui reste une fatalité.

En conclusion : une alternative : progressisme et liberté ou conservatisme et fatalisme

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