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Autrui

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par la conscience, cet autrui (même familial) apparaît comme extérieur au sujet, donc autre et différent du sujet. Cependant, il est en même temps le même puisqu’il est une autre conscience : il est le même, mais pas soi-même. Comment connaissons-nous autrui ?

I ] LA CONNAISSANCE D’AUTRUI

A) LA NOTION D’AUTRUI

Cette notion semble paraître paradoxale car autrui désigne l’autre, le différent, ce qui m’est étranger. Mais en même temps, autrui est un autre soi. Il est mon semblable qui n’est pas moi. Il est donc à la fois un autre que soi, et un autre soi. Autrui est selon Sartre un « moi qui n’est pas moi. » [T.9 – P.116]

Ainsi quand nous sommes parvenus à passer par-dessus l’altérité accidentelle de l’individu autre, apparaît une similitude essentielle. Cette dernière explique certainement que l’homme par nature vive en société.

Selon la célèbre formule d’Aristote, l’homme est un animal social. Il a donc besoin des autres. Mais dans quel sens ? L’homme a-t-il besoin d’autrui pour vivre ou pour partager son sentiment d’existence ? En effet, nos jugements, nos découvertes, nos émotions semblent n’avoir de valeurs que si d’autres les éprouvent ou les confirment. Quel rôle joue Autrui dans ma conscience ? [A.4]

Dès lors n’y a t’il pas deux façons de méconnaître autrui : soit en ne reconnaissant pas le fait qu’il ne soit pas moi, soit tout au contraire en refusant de voir qu’il est un autre moi ? D’ailleurs n’est-ce pas la même chose ?

Autrui apparaît comme une figure contradictoire et énigmatique : moi est confronté sans cesse à l’autre que moi, qui m’est étranger.

B) COMMENT CONNAISSONS-NOUS AUTRUI ?

1) Descartes

On accuse Descartes de ne pas s’être penché sur autrui. Bien au contraire, il est un des seuls philosophes modernes à avoir avancé une conception purement cognitive de l’Autre. Les philosophes du XIX° siècle en ont eu une approche dynamique.

a- Les conséquences du Cogito.

Le Cogito est la seule chose dont je ne puis douter pour Descartes. Seule, compte en 1er principe, l’existence de ma conscience. Sa réflexion entend prendre appui sur elle-même. La première certitude est la conscience de soi. Le sujet se découvre comme pensée pure, celle-ci se prend elle-même comme objet de réflexion.

Donc autrui n’est pas ce qui est donné immédiatement en tant que sujet. En effet, la pensée s’appréhende en tant que retirée du monde. En niant ce qui l’entoure, Descartes nie autrui.

De plus, Descartes affirme que la pensée n’est pas un corps et n’en dépend point. A cette pensée, il lui appartient de juger et non pas de voir (ce qui appartient au corps.) Aussi l’identification d’autrui repose sur le jugement et non sur la simple vue. Autrui est le fruit d’un jugement. Descartes prend l’exemple de personnes qu’il regarderait depuis sa fenêtre : le simple fait de les voir pourrait le conduire à voir en eux de simples automates. Ce qui s’impose à ses sens est tout aussi douteux que son propre corps (du moins quant à son existence théorique.)

Retenons donc que pour Descartes, il n’y a pas de connaissance immédiate d’autrui.

b- Le solipsisme.

Les adversaires de Descartes l’ont accusé d’être solipsiste, ou d’avoir influencé ce mouvement qui ne croît qu’à sa propre existence, ou du moins qui prétend impossible l’atteinte d’une autre certitude que la sienne propre.

Cette accusation est exagérée, d’abord parce qu’aucun philosophe n’a vraiment défendu une telle position, et ensuite parce que Descartes ne fait de son doute, qu’un doute méthodique, c’est à dire purement théorique et provisoire.

Il faut cependant reconnaître que sa réflexion philosophique s’opère dans la solitude. Une psychologie basée sur l’introspection ne peut pas bien saisir cette séparation entre le moi et l’autre. Mais l’Autre n’est pas absent chez Descartes, puisqu’il en traite dès sa 3ème Méditation.

c- Le raisonnement par analogie

C’est surtout Malebranche, disciple de Descartes, qui va travailler la connaissance d’Autrui par l’analogie. Ainsi, c’est par l’exercice de l’intelligence, par un raisonnement que j’arrive à démontrer l’existence d’Autrui, à savoir qui il est ! [A.6]

Si on ne peut accéder à la conscience de l’Autre et connaître ses pensées, je peux à partir de la connaissance que j’ai de mes propres états de conscience émettre des hypothèses sur ce qui se passe dans la conscience de l’Autre. L’Autre est connu à travers moi. Ex : Si j’aime le bien, le plaisir, si je hais le mal, la douleur, n’en est-il pas de même pour Autrui ? Puis-je vraiment connaître Autrui comme je me connais ? Connaître l’Autre à travers moi-même, n’est-ce pas nier le fait qu’il ne soit pas moi ?

Une telle théorie n’est guère satisfaisante car finalement on ne connaît d’Autrui que des gestes, des attitudes, etc…

De plus et surtout, l’analogie ne conduit qu’à des conclusions probables quand l’existence d’Autrui est certaine, et d’une certitude immédiate et originaire. En effet, je crois spontanément à l’existence de l’autre et d’un monde extérieur. L’expérience d’Autrui est d’abord une expérience vécue, c’est une attitude irréfléchie mais fondamentale de la personne (cf. l’exemple du nourrisson.) Comment donc connaître et comprendre Autrui ? Serait-ce par l’expérience ?

2) Critique de l’attitude cartésienne

En dépit de son principe du Cogito (que nous avons déjà critiqué dans le chapitre de la conscience), Descartes n’a pas vu que nous ne pouvions pas connaître Autrui comme nous nous connaissons. En effet, de nous-même nous avons une connaissance fort spéciale : même les sens les plus instructifs ne nous apprennent presque rien sur nous. Nous ne nous voyons pas comme les autres nous voient. Le sentiment de ce que sommes, nous vient du sens intime, fait des données de la conscience et de la cénesthésie.

Or, la connaissance d’autrui s’effectue d’une manière fort différente. On ne peut le connaître par le sens intime ou la conscience, qui sont rigoureusement personnels et incommunicables directement : il m’est impossible d’avoir une vraie conscience des états affectifs de l’Autre. L’Autre est connu par les sens et principalement par la vue. Cette connaissance sensible permet même d’approcher le psychisme de l’autre (en prêtant attention à son visage, son comportement, etc…)

Il arrive même que nous ayons des états de conscience d’un autre, une connaissance plus claire que lui-même. Tel peut-être le cas par exemple, si Autrui est plongé dans une passion ou dans l’illusion.

Cependant nous ne percevons pas autrui que par les sens. La connaissance que nous en avons ne s’acquière pas comme la matière brute. Connaître Autrui est le propre de l’homme ici-bas, il ne partage pas cette faculté avec les autres vivants…

3) Une connaissance singulière.

L’homme est doué d’une conscience. Il s’en sert pour connaître les choses matérielles et plus encore pour connaître Autrui. Nous le savons, les sens externes nécessitent les sens internes pour interpréter les données reçues par les externes. Mais plus encore, la conscience chez l’homme travaille sur ces informations. Grâce à elle, nous atteignons l’Autre comme une personne.

En effet, immédiatement la conscience dépasse les simples formes reçues par les sens, elle passe à ce qu’elles signifient : c’est un homme, une femme, un jeune, un vieux, un paysan, un ouvrier… Et en même temps je me situe par rapport à lui, déterminant ce qu’il est pour moi. Détermination qui impliquera comment je me comporterai par rapport à lui : ignorance, attention…

Et pour peu que les rapports s’établissent et se prolongent, je verrai aussi ce qu’il est pour soi : ce qu’il éprouve et pense (en particulier de lui-même.) Nous le voyons, Autrui est connu de façon différente des les simples objets matériels, parce que ces derniers n’ont pas de pour soi et se réduisent à la réalité brute de l’en-soi. Ce genre de connaissance n’est possible qu’entre personnes.

La connaissance par analogie méprise le fait que bien souvent nous connaissions Autrui d’une manière intuitive et immédiate.

Dès lors que l’autre est connu, comment doit-on le considérer ?

II ] LES RAPPORTS AVEC AUTRUI

Les philosophes contemporains aiment à dire que le « thème d’autrui ne s’intègre pleinement dans le champ philosophique qu’avec Hegel au XIXe siècle » J. RUSS. Mais en réalité, la philosophie post-cartésienne s’intéresse moins à la connaissance d’Autrui qu’à ses rapports. D’ailleurs ses rapports sont surtout basés sur la reconnaissance, d’où un lien intrinsèque avec le conflit. Voilà une vision bien pessimiste qu’il nous faudra corriger.

A – LE CONFLIT

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