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. La figure qui incarne le mieux cette fidélité au goût classique est VOLTAIRE (du moins dans ses attachements littéraires cf. son admiration pour Racine, et son œuvre – très « classique » – de dramaturge). II°) XVIII° (> XIX°) : les conquêtes de l’esprit philosophique et l’éclosion de la sensibilité romantique 1750-1789. La figure qui incarne le mieux cette éclosion de la sensibilité romantique est ROUSSEAU (notamment dans les dernières œuvres : les Confessions et les Rêveries du promeneur solitaire). Le siècle des « Lumières » ? Par ses « lumières », la raison (la « Raison » est une des notions-clefs du siècle) agit comme un guide. Le mot « lumières », qui était habituellement réservé à la grâce divine,

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est systématiquement appliqué à l’activité intellectuelle et culturelle de l’homme, et devient à peu près synonyme de l’expression « les sciences et les arts », qui est aussi fréquemment employée. Ces « lumières » permettent à l’individu de le guider dans sa propre vie en même temps qu’elles semblent capables de changer la face du monde et de provoquer une révolution universelle. L’homme du XVIII° se veut en effet « cosmopolite » : remise en question des croyances européennes (elles apparaissent désormais comme des « préjugés »), et ouverture sur le vaste monde (découverte d’autres mondes, voyages de plus en plus lointains, notamment ceux des militaires et des missionnaires, que suivront les écrivains : Perse, Chine, Amérique). Le philosophe du XVIII° ? L’ « esprit philosophique » est ce qui caractérise le mieux le siècle des Lumières. Définir le Philosophe, c’est ainsi cerner l’esprit général du XVIII°. On se reportera avec profit à l’article « Philosophe » rédigé par du Marsais pour l’Encyclopédie, en clausule de cette même introduction. * Le philosophe traditionnel est avant tout un spécialiste de la théorie et de l’abstraction : le philosophe du XVIII° est, en revanche, un homme pratique et soucieux de la réalité quotidienne. Trois principes essentiels : - il faut être utile : par ses activités, maintenir et faire progresser la civilisation ; l’accent est mis, tout au long du siècle, sur l’éducation et la diffusion du savoir (cf. entreprise encyclopédique engagée par D’Alembert et Diderot ; goût pour les dictionnaires ; pour les traités sur l’éducation…) ; - il faut être sociable : en vivant dans la société des hommes et non dans la solitude : d’où l’importance des clubs, salons et cafés qui font de la vie mondaine et de la conversation un moyen d’action pour influencer l’opinion : Club de l’Entresol, salons de la duchesse du Maine, de la marquise de Lambert, de Mme de Tencin, puis salons de Mme du Deffand, de Mme Geoffrin, de Mlle de Lespinasse ; - il faut être cosmopolite : il faut « éclairer le monde entier » en faisant fi des frontières ; d’où l’importance des voyages à l’étranger pour les Philosophes, séjours qui leur permettent d’étudier des systèmes politiques, économiques et sociaux différents du modèle français (notamment importance du « modèle anglais ») : Voltaire, Montesquieu, Diderot. * L’action et l’utilité sont conduites sous l’égide de la raison. Cette faculté, chère déjà au XVII° de Descartes et de Boileau, prend une signification nouvelle : elle inspire l’esprit critique, qui s’applique désormais à tous les domaines, sans exception. Il s’agit de perfectionner les méthodes qui visent à atteindre la vérité. Cette critique s’étend donc à tous les domaines : - en sciences : primauté de la méthode expérimentale, critère de toute pensée juste ;

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essor de la chimie, des sciences naturelles ; - en psychologie : contrairement au siècle précédent, les Philosophes ne se posent pas la question de la nature éternelle de l’homme, mais en cherchent une explication relative (le relativisme contre l’absolutisme ; la tolérance contre le fanatisme) ; - en politique : tout régime est admis à condition qu’on en puisse définir logiquement les principes (Montesquieu), en justifier rationnellement les contraintes éventuelles (Rousseau) : c’est pourquoi la monarchie de droit divin est à bannir) ; - en histoire : la suite des faits historiques, quelle qu’en soit l’explication, n’est pas la réalisation des desseins de Dieu ; - en religion : les opinions des Philosophes sont variées, qui vont du déisme de Voltaire ou du théisme fervent de Rousseau au matérialisme de Diderot ; plutôt qu’anti-religieux, ils s’opposent à une religion révélée qui entraverait les progrès de la civilisation (Voltaire). 1/ Déisme. Terme souvent utilisé au XVIII° siècle, n’a que rarement été défini de façon précise. C’est qu’il recouvre un « accompagnement », variable selon les hommes, du catholicisme aux idées philosophiques : croyance originale mais sincère pour les uns, prudente couverture pour les autres. Dans tous les cas, religion où Dieu, parfois seule l’idée de Dieu, suffit à tout. Dieu résout l’énigme de l’existence de l’univers et des hommes ; il est le créateur, « architecte » ou « horloger » ; il n’est plus rédempteur, ni dispensateur des grâces, puisque la « religion naturelle » ne croit pas au péché originel. Le Dieu des déistes n’intervient plus dans l’histoire humaine : la Révélation est superflue, ainsi l’Église, comme union mystique ou comme institution humaine. La religiosité déiste se réduit à une prière matinale. Le déisme a par ailleurs une fonction importante : « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer » (Voltaire) pour servir de gendarme nécessaire au maintien de l’ordre social et au respect de la propriété privée. [Introduction à la vie littéraire du XVIII° siècle] 2/ Théisme. Avec un raisonnement inverse, Rousseau aboutit au même résultat : ce n’est pas pour faire peur au peuple, c’est au contraire pour le consoler de ses misères, qu’il faudrait inventer Dieu s’il n’existait pas. Le théisme fait également l’économie de la Révélation et de l’Église. Cette religiosité préserve les acquis de la critique rationaliste : à partir d’une exaltation du moi, elle consiste à déployer sur tout l’univers la présence intime d’une divinité anonyme et bienfaisante. Elle aura une grande influence sur la sensibilité romantique. 3/ Matérialisme. Au moment où les athées deviennent plus nombreux, est inventé, pour désigner leur conviction, un mot positif, celui de « matérialisme » (l’ « athéisme » porte en effet trace de son caractère essentiellement négatif). Pour les matérialistes, « le mouvement est essentiel à la matière », de sorte qu’il n’y a plus besoin d’invoquer un Dieu comme « premier moteur » (Diderot). Le matérialisme attache une grande importance au développement des potentialités humaines : malléable, l’homme sait aussi se modeler lui-même et autrui, ainsi que la nature. La création artistique est en ce sens susceptible de recevoir une analyse matérialiste : l’homme est l’intermédiaire nécessaire entre les déterminations naturelles et la production des œuvres esthétiques

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(on dépasse l’hypothèse mécaniste). Cependant, pour les philosophes, les discussions doivent prioritairement être utiles à l’action ; le pragmatique, les applications techniques, se doivent de prendre le pas sur le spéculatif, le théorique. L’esprit d’analyse s’arrête lorsqu’il faut bâtir : il importe moins de comprendre l’univers que de modifier la nature (Buffon). De ce fait, une telle critique est un obstacle à la poésie : la méfiance envers la contemplation rend le Philosophe peu sensible à la beauté pure. La poésie en tant que genre artistique est peu goûtée au XVIII° : on lui préfère la clarté de la prose (roman, essai, mémoires, réflexions et maximes…) tandis que le théâtre n’est jugé qu’à l’aune de son utilité (D’Alembert, Rousseau). Ainsi, Mme de Staël : la littérature est moins un art qu’une « arme ». * Pas de doctrine arrêtée et systématique pour les Philosophes : cependant leur combat, quel qu’il soit, va dans le sens de l’humanité et de la solidarité : - combat pour le respect de la personne humaine : qui a droit à être reconnue au-delà des différences superficielles de pays et de races (Montesquieu), qui a droit à s’exprimer librement (Voltaire, Beaumarchais), qui a droit à la tolérance, objectif essentiel de la « lutte philosophique », notamment en ce qui concerne les opinions religieuses (Montesquieu, Voltaire) ; - combat contre toute violence inutile : contre tous les procédés qui sont un défi à la raison, et freinent donc le progrès de la civilisation, en particulier contre la guerre et la torture (Voltaire : Candide). Il résulte de ce double combat que l’adversaire des Philosophes est le fanatique, celui qui, par suite d’une confiance aveugle dans ses propres croyances, n’en tolère aucune autre et prétend de la sorte faire embrasser ses propres points de vue à l’ensemble de l’humanité. Voltaire l’appelle « le monstre », « l’infâme ». On peut ainsi voir l’étonnante actualité de la pensée du XVIII°, dont les combats, les idéaux, restent aujourd’hui (malheureusement…) tout aussi valables. * Passionné de la raison, le Philosophe est, parallèlement, l’ami du genre humain, reconnaissant en chacun de ses semblables un frère. Il est donc un homme sensible, vibrant à l’unisson avec les autres hommes. Cette sensibilité est toujours sous-jacente, même quand elle tend à se cacher derrière la lucidité ou

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