Dissertation Beaubourg

ne correspond aux câblages (gaines électriques), le vert aux circulations d’eau (canalisations, circuits hydrauliques) et le bleu à l’air (ventilations, climatisation). Le blanc, quant à lui, est présent par soucis d’esthétique.

Jean Widmer et son équipe se sont inspirés du code couleur de Piano et Rogers pour leur signalétique. Pour eux aussi, toute valeur décorative est exclue, la couleur a un caractère purement fonctionnel : elle représente chaque département. Le rouge identifie le Musée National d’Art Moderne (MNAM), le pourpre détermine l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM), le bleu symbolise le Centre de Création industriel (CCI), le vert représente la Bibliothèque Publique d’Information (BPI) et le Jaune est en relation avec l’Administration du Centre.

3) Typographies et pictogrammes

La typographie prend une place assez importante dans la signalétique de Beaubourg. La première utilisée a été conçue exclusivement pour le projet par les typographes Adrian Frutiger et Hans-Jürg Hunziker. La CGP est employée sur tous les supports, uniquement en noir ou blanc si le fond est coloré. Ses formes au caractère dactylographique sont très populaires et permettent l’identification du visiteur ainsi qu’une bonne lisibilité. Cette typographie est par ailleurs très efficace à la verticale sur les bandeaux d’orientations.

Durant la même période, Hans-Jürg Hunziker dessine les pictogrammes dans un graphisme extrêmement simple et fonctionnel, à l’image de la CGP. Leur lisibilité et leur compréhension ne représentent aucun obstacle à la barrière du langage.

Après les travaux de rénovations de 1997 à 2000, une nouvelle typographie voit le jour : la DIN, dont l’utilisation a été généralisée par Ruedi Baur. Elle remplacera progressivement la CGP car il semble qu’elle soit plus lisible que la précédente. Cependant, l’ancienne typographie du Centre est toujours utilisée aujourd’hui pour certains courriers administratifs.

II/ Une signalétique liée à la philosophie du Centre:

1) « Une machine à communiquer »

Le Centre Pompidou est connu pour être un lieu d’information, de communication, d’échange et de circulation des flux. Les œuvres vont et viennent dans le musée, qu’elles soient offertes ou prêtées par les artistes, échangées avec d’autres établissements ou léguées au nouveau Metz-Beaubourg. C’est ainsi que les expositions sont sans cesse renouvelées. Le flux des œuvres est, certes, important mais celui des visiteurs l’est tout autant, c’est pourquoi la communication et la signalétique du centre prennent une place aussi importante à Beaubourg. Tout est fait pour guider et orienter le spectateur à travers les différentes expositions et les nombreux sites et l’institution reste toujours très attentive au public afin de s’assurer qu’il n’y ait plus de problème d’orientation, auquel cas des réaménagements sont effectués comme en 1997 ou en 2007 avec Ruedi Baur et l’agence CL Design. Le Centre Pompidou est donc une « machine à communiquer » à différents degrés.

2) Un perpétuel chantier

De 1997 à 2000, le centre Beaubourg ferme ses portes pour une rénovation complète. L’architecte Renzo Piano confie alors le chantier à Ruedi Baur afin de réfléchir à une nouvelle approche de la signalétique et de l’identité visuelle du Centre. Il va renverser le statut plutôt discret de la signalétique fonctionnelle et travailler sur un système graphique qui occupe l’espace. Pour lui, la signalétique dépasse la simple fonction d’orientation. Il imagine un voile, où sont juxtaposés des mots colorés et traduits en plusieurs langues, comme panneaux d’orientations. L’effet rendu est surprenant mais presque illisible.

Sept ans après l’élaboration par Ruedi Baur d’une signalétique singulière et déstabilisante, le Centre Pompidou lance un appel pour remodeler en partie le système car les problèmes d’orientation dans le forum sont récurrents. L’agence CL Design répond à la demande avec une toute autre idée de la signalétique. Cette équipe se tourne vers la simplicité et porte une attention particulière à l’accueil et à l’orientation des visiteurs. Elle vide la Piazza et laisse uniquement des panneaux typographiques lumineux dont les lettres en caractère DIN sont constituées de diodes basées sur le code couleur de Beaubourg. Le rouge est associé aux expositions temporaires, le jaune aux salles de spectacles, le bleu au musée, le vert à la BPI, et enfin le blanc aux informations secondaires. Finalement, la signalétique, comme les expositions du Centre, est sans cesse renouvelée.

3) Art total

Le Centre Georges Pompidou est l’un des seuls, pour ne pas dire le seul musée de Paris et de France à proposer un tel éclectisme au niveau de l’Art. Beaubourg est un concentré d’Art Moderne, de Musique, de Danse,