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Etude De Cas d'Un Film- Des Gens Comme Les Autres

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est possible dans le cas des familles présentant un système de communication dysfonctionnelle lorsque des solutions sont envisagées pour rétablir la communication. Dans un premier temps il s’agira de relancer le processus de communication interindividuelle et intrapsychique par une plus libre circulation des émotions et des sentiments que ces émotions génèrent entre le corps et la psyché. Et dans un second temps, d’améliorer la qualité de l’interaction, en la faisant évoluer du simple échange en un réel partage par le biais de la régulation interactionnelle et de l'accordage affectif, en agissant sur la communication interpersonnelle. Ceci instituant l’impression vitale que l’on peut être compris et entendu par un Autre.

Immersion :

Les Jarett sont une famille ordinaire, appartenant à la moyenne bourgeoisie américaine, et représentant particulièrement bien le milieu des années soixante-dix aux Etats-Unis. Des "gens comme les autres", vivant dans le cadre d'une banlieue huppée de Chicago : Lake Forest, en Illinois.

Cependant, le statut social et le confort privilégié des Jarrett soulignent d’autant mieux les remous manifestes sous la surface lisse de leur vie. En effet, depuis la mort accidentelle de son frère aîné, Jordan "Buck", dans un accident de voilier, à laquelle il a assisté impuissant approximativement un an auparavant, Conrad est tourmenté par un intense sentiment de culpabilité, qui culmine aux travers de pulsions suicidaires. Il tente de mettre fin à ses jours en s’ouvrant les veines des poignets. A la plus grande douleur de Conrad, sa mère, Beth, a choisi de continuer, envers et contre tout, de porter le masque d’un bonheur que cette famille a toujours présenté à la société. Très pris par son travail de conseiller fiscal, Calvin, son père, est toutefois investi dans son rôle, qu’il tente tant bien que mal d’ajuster à la souffrance de son fils. Souffrance qu’il semble être le seul à pouvoir percevoir. Heureusement, l’investissement du père en une relation stable et aimante, bien que dysfonctionnelle, permet l’instauration de liens, créant un pont entre père et fils, augurant un pronostic plutôt favorable quant à l’évolution de Conrad. Pourtant, inéluctablement, ce petit monde artificiellement uni se disloque jusqu’à ce que Conrad, sur le conseil de son père, consulte un psychiatre, le Docteur Berger. Peu à peu, il se libère, engendrant d’inévitables répercussions sur la systémique familiale...

Je rapporte ici brièvement l’une des premières scènes, particulièrement bien représentative du type d’attitudes et de communications pathologiques qui règne au sein de cette famille :

Beth et Calvin Jarrett sont au théâtre avec un couple d’amis.

Le sujet de la pièce, en résonance avec la problématique du film, concerne la perception mutuelle des membres d’un couple, la connaissance que chacun a acquise de l’autre dans le temps de 25 ans de mariage, et la diversité des intérêts entre hommes et femmes. Au sein du couple d’amis, l’épouse regarde la scène, amusée, son mari somnole. Beth semble très intéressée, alors que Calvin dort. Elle s’en aperçoit, mais ne dit rien. Des banalités sont échangées entre les couples à la sortie du théâtre montrant la diversité des perceptions.

Une fois à bord de leur véhicule, Beth demande à Calvin :

-« Calvin, à quoi étais-tu entrain de penser ?

- Quand ? » Répond t-il.

Ils se regardent, se sourient : le plan change.

Il y a eu un échange, il n’y a eu aucune communication.

Beth et Calvin entrent dans leur domicile. Beth part directement se coucher, sans porter aucune attention à l’égard de son fils, alors que Calvin remarque de la lumière dans la chambre de Conrad. Nous savons, d’un plan séquence antérieur, que Conrad s’est réveillé en sueur, certainement à la suite d’un cauchemar. Calvin frappe et entre dans la chambre de son fils.

Celui-ci prend un livre, et feint de lire. Calvin demande :

-« ça va ?

- Hum hum… Ouais. La pièce était bonne ? Répond Conrad.

- Comme ça…Tu as du mal à dormir ?

- Non.

- Tu es sûr ?

- Hum hum…

- Tu mets les bouchées doubles ?

- Oui !

- Très bien.

- Est-ce que tu as pensé à appeler ce docteur ?

- Euh... Non.

- Mais nous avions convenu que tu l’appellerais à la fin du mois…

- Seulement en cas de besoin, tu te souviens ?

- Ouais… D’accord. T’en fais pas. Dors à présent. Ah ! Les places pour le match, je crois que je vais les avoir.

- Ok. »

Le ton de l’ensemble du film est donné, la problématique d’une communication dysfonctionnelle posée : le couple parental vit une entente faussement cordiale, basée sur l’illusion d’avoir une vie en commun, sur l’impression d’une connaissance mutuelle, dans un échange imaginaire.

La relation mère / fils, dans tous les sens de ce terme, excepté peut-être celui de la filiation biologique, n’existe pas. Le dialogue père / fils, bien que présent, n’aboutit pas à une communication.

établissement de la problématique de l’adolescent :

A partir de ces données, ce qui a particulièrement retenu mon attention dans l’élaboration de la problématique de Conrad, et qui, peu à peu, le conduit à décider de tenter de mettre fin à ses jours, c’est, me semble-t-il, l’incapacité des membres de sa famille à articuler l’expression de leur ressenti émotionnel -la vérité de leur vie intrapsychique, de leur monde intérieur- dans une communication interpersonnelle empathique. Le film propose une mise en lumière particulièrement fine au sujet de la difficulté de l'accord des êtres avec leurs propres émotions, des sentiments qui en découlent, de leurs identifications et de leur acceptation. De la difficulté de l’expression de Soi, de Soi à Soi et puis avec l’Autre. La personnalité étant aussi le résultat des interactions de l'individu avec son milieu, soit le résultat d’une épigénèse interactionnelle, ce qui nous est donné à voir, c’est comment la structuration psychique de chacun des membres de la famille abouti à une impasse relationnelle, ici amplifiée par un évènement traumatique. La notion cyclique de cette assertion n’est pas sans appeler à prendre en compte un aspect psychogénéalogique…

Conrad n’a manifestement pas eu de modèle lui permettant d’apprendre à mettre des mots sur ses ressentis. Ce qui lui aurait permis de pouvoir reconnaître l’envahissement de son psychisme par les différents affects auxquels il est en proie, pour ensuite les verbaliser et par là-même décharger l’intensité pulsionnelle qui ne peut, dans sa situation familiale, que croître en lui. En effet, Conrad ne trouve ni appui ni compréhension auprès de Beth, mère distante et froide. Elle est vraisemblablement victime de son histoire personnelle, qui l’a conduite à une organisation psychique gouvernée par des défenses obsessionnelles. Ni auprès de son père Calvin, auquel Conrad est confronté en miroir à sa propre problématique : il ne sait pas comment lui parler de ce qui compte pour lui, ni exprimer ses propres sentiments. Lorsqu’un élan affectif semble surgir de la part de Calvin à l’intention de Conrad ou inversement, un vide semble être renvoyé en retour. La régulation dans l’interaction ne se met pas en place, la synchronisation leur semble impossible. Elevé dans un orphelinat, ayant connu l’abandon et l'indifférence parentale, Calvin est animé du désir de plaire à tout le monde. Il se trouve ainsi aux prises avec son désir d’alliance à la souffrance de son fils et l’attitude de son épouse, qui interdit inconsciemment tout rapprochement. De plus, cette influençabilité, qui l’ampute d’un jugement premier relativement proche de lui-même, est exacerbée par l’incompréhension de son cercle amical dont il suit dans un premier temps des conseils peu porteurs.

En regard de l’attitude parentale, on peut élaborer que la structuration psychique de Conrad se soit bâtie sur la base d’un narcissisme faible et précaire. Les défenses maternelles de type obsessionnel fortement marqué peuvent laisser supposer un investissement libidinal pauvre de Beth sur Conrad bébé, et le difficile positionnement de Calvin quant à la fonction paternelle laisse entrevoir la difficulté inconsciente pour Conrad d’entamer une désidentification au phallus, si tant est qu’elle ait pu commencer à se mettre en place, pour l’avoir au lieu de l’être.

Ainsi, dans ce moment délicat qu’est l’adolescence, où la réalisation possible des désirs sexuels arrive avec la puberté, et que la résolution temporaire du complexe d’Œdipe est naturellement mise

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