Fiche "Je m'en vais" Jean Echenoz

je » de temps à autre dans la narration : on s’interroge sur l’identité de ce narrateur (l’auteur, un personnage, le narrateur… ?). Echenoz explique à ce propos : “ On change de caméra, il y, a plusieurs caméras sur le plateau, on change d'angle, de focale, à chaque fois j'ai l'impression de décaler les choses, de prendre du recul, ce « je » qui intervient de temps en temps depuis la page 9, c'est à la fois le narrateur et l'auteur, c'est-à-dire moi, peut-être un peu plus que pour d'autres, « je », J.E., ce sont mes initiales. ”. Ainsi que dans Lac et Nous trois.

A la fois un roman plein de retournements de situation, de suspense et d’humour, livre très agréable à lire, notamment grâce à la très belle langue d’Echenoz : des effets très travaillés, rien n’est laissé au hasard (ex : Le début comme la fin sont constitués de cette phrase Je m’en vais). On suit plus l’écriture que l’histoire en fin de compte : des comparaisons très drôles, la recherche de la petite anecdote et du détail insolite…

Thématique de l’envie de fuir, au niveau de l’espace géographique mais aussi de la routine (cf. titre).

NB : Les femmes dans les œuvres d’Echenoz ne semblent jamais représenter de vraies complices durables mais simplement des affinités de passage (ex : précédent divorce douloureux et Mercedes dans Nous trois=mutisme ; maîtresses inconstantes dans Je m’en vais ; mariage brisé dans Lac).

Il y a également le thème récurrent du voyage lointain, de l’errance en territoires inconnus pour briser le quotidien (ex : cercle polaire dans Je m’en vais ; Maroc, Marseille puis l’espace dans Nous trois ; hôtel décentralisé au milieu du lac dans Lac).