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L'Orientalisme Exotisme

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sur l’Orient" (Orientalism, 1976). Il estime que les motifs des intellectuels et artistes européens n’étaient pas fondamentalement différents de ceux de l’impérialisme politique des états. Ce jugement radical doit cependant être relativisé, car l’intérêt pour l’Orient a conduit à de véritables remises en question des canons culturels européens, en particulier chez les écrivains et les peintres. En sciences humaines, les études orientales se concentrent vers la fin du 18e siècle sur l’histoire et l’archéologie (l’égyptologue français Champollion déchiffre en 1822 le système des hiéroglyphes), les religions (islam, hindouisme, bouddhisme) et les langues. La publication du livre de Burnouf en 1844, Introduction à l’histoire du Bouddhisme, produit un effet profond sur les intellectuels européens, tels que Humboldt, qui compare sa propre découverte du bouddhisme à celle "de nouveaux agents du monde physique". Dès le début du 19e siècle, des chaires d’enseignement sont créées au Collège de France: après le perse et le turc (Ruffin en 1784 et de Sacy en 1805), le sanskrit (de Chézy, 1814) et Langue et civilisation chinoises (Rémusat, 1805). L’hébreu était enseigné au Collège de France depuis sa fondation par François 1er en 1530. En 1863, le japonologue Léon de Rosny ouvre les premiers cours de japonais à l’Ecole des Langues orientales à Paris. LittératureEn littérature, l’orientalisme est étroitement lié aux valeurs du romantisme littéraire des premières décennies du 19e siècle. L’allemand von Schlegel écrit en 1800 qu’il faut chercher en Orient le "suprême romantisme". Chateaubriand[->0] fait en 1811 un voyage en Orient pour "aller chercher des images", qu’il rapporte dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem. Victor Hugo[->1], qui n’est jamais allé en Orient, publie en 1829 un recueil de poèmes lyriques et fantastiques intitulé Les Orientales. Lamartine[->2] écrit en 1833 dans une veine authentiquement romantique ses Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient, dans lesquels il appelle l’Europe à "protéger" la brillante civilisation orientale en décadence. En 1851, près de dix ans après son voyage au Moyen Orient, Gérard de Nerval[->3] publie Un Voyage en Orient, qui devient un prototype de la littérature éro-exotique dans laquelle l’Orient est étroitement associé à la féminité et à la volupté. Théophile Gautier publie le Roman de la Momie en 1857, une fresque littéraire précieuse sur l’Egypte. Après un voyage en Turquie et en Egypte en 1849-51, Gustave Flaubert[->4] publie, au bout d’un long et acharné travail, Salammbô (1862), un "poème épique" selon Gautier, situé à Carthage deux siècles avant notre ère. Salammbô incarne la femme disputée et au centre de rivalités politiques. Les notes de voyage de Flaubert, ainsi que des lettres publiées après sa mort, jettent une lumière crue sur les fantasmes orientaux de l’auteur de Madame Bovary et de l’Education sentimentale. La poésie de Charles Baudelaire[->5] dans Les Fleurs du mal (1857) est elle aussi fortement imprégnée de l’Orient, de ses odeurs, de ses parfums et couleurs, et des sensations puissantes de l’Ailleurs qui représentent une alternative au morne quotidien du poète. Ecrivains voyageursAvec l’évolution rapide des moyens et des conditions de transport, beaucoup de voyageurs partagent leur expérience avec le grand public, avide de ces récits. Parmi les plus populaires, les ouvrages d’Evariste Huc, un missionnaire qui parcourt la Chine en 1841 (Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie et le Thibet, 1850) et en 1854 (L’Empire chinois, récit de son voyage en Chine du sud). Ces deux ouvrages rencontrent un très gros succès public. Ludovic de Beauvoir[->6], aventurier aristocrate, publie le récit de ses voyages en trois volumes (Voyage autour du Monde, 1865-1870) qui deviennent immédiatement des best sellers. Théodore Duret, un riche collectionneur, a fait le récit de son voyage au Japon et en Chine avec son compagnon italien Henri Cernushi dans un ouvrage intitulé Voyage en Asie (1872). Ces deux hommes, comme plus tard Emile Guimet et son compagnon-dessinateur Félix Régamey, ont rapporté en Europe de nombreux objets d’art et antiquités que l’on peut voir aujourd’hui encore dans des musées parisiens qui portent leur noms. Duret a joué un grand rôle dans la promotion de l’Orient auprès des peintres impressionnistes parisiens. Pierre Loti[->7] était officier dans la marine française. Il commence à voyager en 1869 (Amérique du sud, Polynésie, Afrique Turquie) mais ne publie qu’à partir de 1879 (Aziyadé, Le Mariage de Loti). Il entreprend de nouveaux voyages après 1880 au cours desquels il découvre l’Indochine, l’Inde et le Japon, qui fournit le cadre de son roman le plus célèbre : Madame Chrysanthème. Loti a également pris part au corps expéditionnaire français qui réprime la révolte des Boxers à Pékin en 1900 et il en fait un livre (Les derniers Jours de Pékin, 1902). Ecrivain prolixe, adoré du public de l’époque, ses livres ont exercé une influence profonde sur la représentation populaire de l’Orient. Victor Segalen, médecin, explorateur et écrivain, c’est "l’anti-Loti", par sa rigueur et son refus de faire du tourisme éro-exotique à la manière de son prédécesseur. Il commence à voyager en 1902 comme médecin de la marine jusqu’en Océanie et il rentre en 1905 (les Immémoriaux, 1907). Il étudie la langue chinoise et s’installe finalement avec sa famille à Pékin en 1910. Il explore la Chine en compagnie de son ami Gilbert de Voisins. Ce séjour lui a permis d’écrire René Leys[->8] (posthume 1921), un récit semi-autobiographique, et des oeuvres poétiques : Peintures (1912) et Stèles (1916). A son retour en Bretagne en 1919, Segalen meurt brusquement d’une mystérieuse maladie.Paul Claudel[->9], écrivain et diplomate, envoyé en Chine en 1895, il passe une quinzaine d’années dans ce pays. Il relate cette expérience dans Connaissance de l’Est (1900), une oeuvre de réflexion sur la relation Chine et Occident. Il passe également plusieurs années au Japon à partir de 1921, L’Oiseau noir dans le soleil levant (1929) rassemble notes et réflexions sur ce pays. [->10]|

Orientalisme Exotisme |Avec la progression au cours du 19e siècle de l’expansion coloniale européenne se développe un fort intérêt intellectuel, artistique et scientifique pour les pays du Moyen-Orient de culture islamique (Afrique du Nord, Egypte, Syrie, Palestine, Turquie), ainsi que l’Inde. Après 1850, l’intérêt se porte également sur l’Asie orientale plus lointaine, la Chine et le Japon en particulier, et l’Asie du Sud-Est. Parmi les nombreux ouvrages publiés en Europe sur l’Orient par les voyageurs ou missionnaires, la traduction en français par Galland des Contes des Mille et Une Nuits (1711), puis la publication des Lettres persanes de Montesquieu (1721) avaient déjà massivement contribué à créer une "image" de l’Orient dès le 18e siècle. L’expédition d’Egypte conduite en 1798 par Bonaparte (futur Napoléon), la conquête de l’Algérie en 1830 par la France, l’ouverture de la Chine et du Japon vingt-cinq ans plus tard et l’inauguration du Canal de Suez en 1869 créaient les conditions matérielles pour que cette réception de l’Orient s’élargisse dans les milieux artistiques et littéraires français et le public en général. En 1842, l’historien Edgar Quinet nommait ce mouvement diffus dans les sociétés européennes la "Renaissance orientale" (Le Génie des religions). Cette "seconde renaissance" vise à "retrouver" les sources communes de l’Orient et de l’Occident et constitue une source d’inspiration qui renouvelle l’humanisme gréco-romain qui imprégnait la culture classique européenne depuis le 16e siècle. Les écrivains, les peintres commencent à voyager – et témoigner – et contribuent à fonder une représentation de l’Orient selon des thèmes devenus classiques à leur tour : l’Orient éternel, immobile, mystérieux, exotique et érotique qui contraste avec l’univers brutal de la société industrielle européenne émergente.Edward Said a longuement analysé l’orientalisme pour le définir comme "un style de domination, de restructuration et d’autorité sur l’Orient" (Orientalism, 1976). Il estime que les motifs des intellectuels et artistes européens n’étaient pas fondamentalement différents de ceux de l’impérialisme politique des états. Ce jugement radical doit cependant être relativisé, car l’intérêt pour l’Orient a conduit à de véritables remises en question des canons culturels européens, en particulier chez les écrivains et les peintres. En sciences humaines, les études orientales se concentrent vers la fin du 18e siècle sur l’histoire et l’archéologie (l’égyptologue français Champollion déchiffre en 1822 le système des hiéroglyphes), les religions (islam, hindouisme, bouddhisme) et les langues. La publication du livre de Burnouf en 1844, Introduction à l’histoire du Bouddhisme, produit un effet profond sur les intellectuels européens, tels que Humboldt, qui compare sa propre découverte du bouddhisme à celle "de nouveaux agents du monde physique". Dès le début du 19e siècle, des chaires d’enseignement sont créées au Collège de France: après le perse et le turc (Ruffin en 1784 et de Sacy en 1805), le sanskrit (de Chézy, 1814) et Langue et civilisation chinoises (Rémusat, 1805). L’hébreu était enseigné au Collège de France depuis sa fondation par François 1er en 1530. En

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