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La Monnaie Est-Elle Neutre?

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, notamment depuis Keynes, concerne en fait l’opposition entre l’approche dichotomique et celle dite intégrée (Partie I), s’est mué en celui sur l’efficacité comparée entre les deux principales politiques économiques conjoncturelles, la politique budgétaire et la politique monétaire, autrement dit, en celui sur le degré d’intervention de l’Etat dans l’économie de marché (Partie II). A priori, l’unité de compte, l’instrument de paiement et de réserve des valeurs ne devraient en rien modifier le comportement des agents économiques, donc l’économie réelle. Comme écrivait David Ricardo, en doublant le volume de monnaie, la veille, dans les petits souliers des Anglais, tout va doubler le lendemain sans que rien ne change en réalité. Car, il n’y a que les valeurs nominales qui doublent. Et, évaluer la France en franc, euro ou dollar ne change strictement rien à la réalité de ce flux de richesses produites. Payer une marchandise en

euro, dollar, surtout avec aujourd’hui des cartes de paiement, ne change non plus rien à la réalité de cette marchandise. Et pourtant… Cette approche dichotomique et quantitativiste est très nette dans la fameuse formule de l’échange utilisée par Ricardo, et, bien sûr, celle très célèbre d’Irving Fischer MV=PT, en 1911. En fait, elle figure déjà bel et bien dans la fameuse « loi des débouchés » de J-B Say en 1803, car Say affirmait bien que nul n’a intérêt à laisser chômer de la monnaie entre ses mains. Autrement dit, si, pour une raison quelconque, la masse monétaire en circulation (l’offre de monnaie) augmente, les dépenses augmentent proportionnellement et les prix aussi, pour une offre de richesses donnée. Au XIXème siècle, après avoir réussi à mettre de l’ordre dans les systèmes monétaires, et adopté progressivement, dans les pays occidentaux avancés, l’étalon or, la crainte d’un abus de « rognage monétaire » (réduction du poids de métal précieux dans les pièces) et de création de la monnaie-papier était compréhensible. D’où le fameux Currency Principle (principe de circulation) prôné par Ricardo. Les responsables avaient peur de la création abusive de la monnaie qui déclencherait une forte inflation, donc une fuite devant la monnaie, l’effondrement de l’ordre nouvellement établi. La monnaie ne peut être, dans la réalité socio-économique, neutre pour de multiples raisons. Tout d’abord, en tant qu’unité de compte, elle constitue bel et bien un langage commun permettant de rapprocher les hommes. Elle est, bien sûr, le symbole de l’unité nationale, de la soumission de tous à un certain ordre, un certain modèle d’organisation. Dans ce sens, dans le passé, le Prince victorieux se précipitait toujours à remplacer la monnaie du vaincu par la sienne, à son effigie. Et, plus récemment, le fameux « Green Back » s’est bien imposé aux Etats-Unis après la guerre de sécession, tout comme les Pax Americana et Britannica correspondent bien aux règnes incontestés de la Livre Sterling (à l’époque de l’UGS) et du dollar (à l’époque de Bretton-Woods). En tant qu’instrument de paiement, la monnaie favorise tellement les échanges, en supprimant l’inconvénient de la « double coïncidence des besoins » (P.A. Samuelson) du troc, qu’elle a en fait changé la face du monde. Car, plus les possibilités d’échanges sont importantes et plus les individus, les peuples, sont incités à déployer des efforts pour travailler et produire des richesses. Ce n’est pas par hasard que les libéraux, dès la fin du XVIIIème siècle, et surtout depuis le début du XIXème siècle, ont adopté et fait adopter la philosophie du « jeu à somme non nulle », autrement dit « l’enrichissement avec autrui », enterrant celle des mercantilistes du « jeu à somme nulle », « l’enrichissement aux dépens d’autrui ». Ce n’est pas sans raison non plus, que dès 1945 et 1948, les grandes puissances ont mis en place respectivement le SMI de Bretton-Woods et le GATT. Quant à Karl Marx, dès 1867, avec son schéma de la circulation (MM’  M-A-M’  A-M-A’  A-A’) il analysait très clairement le rôle fondamental de la monnaie (A= argent = monnaie) dans non seulement le développement des échanges mais aussi, et surtout, l’apparition et l’accroissement des « plus-values », c’est « l’argent qui pond de l’argent, money which begets money », dont l’accumulation a permis le passage du « Domestic System » au « Factory System », avec réalisation d’une troisième « plus-value », expression de l’exploitation de l’homme par l’homme. En tant que précieux et très commode instrument de réserve des valeurs, la monnaie a permis le développement de l’épargne, donc de l’investissement, principale source de croissance économique, mais aussi de triomphe de la « troisième avenue » (J.A. Schumpeter). Ce, d’autant plus que l’inflation des prix, liée à celle de la monnaie à partir du

XVIème siècle en Europe occidentale (suite à la colonisation des Amériques et au pillage de l’or de ce « Nouveau Monde ») a ruiné les anciennes classes possédantes et dirigeantes, essentiellement rentières, au profit de la nouvelle classe bourgeoise. La non-neutralité de la monnaie est bien soulignée par J.M. Keynes dans l’entre-deuxguerres, après Knutt Wicksell (école suédoise). Pour le maître de Cambridge, puisque la monnaie « procure un droit immédiat sur la vie », elle ne peut qu’être préférée à n’importe quels autres actifs. D’où sa thèse de la « préférence pour la liquidité », de taux d’intérêt-prix de cette préférence, ou prix de la renonciation à la liquidité. Pour contrer la thèse des libéraux, quantitativistes et dichotomistes, et faire triompher la sienne concernant la relance de l’économie pour résorber le sous-emploi, principal fléau, et pour l’économie, et pour la démocratie, Keynes n’a pas hésité à reformuler la fameuse théorie quantitative de la monnaie : « Si l’offre demeure par parfaitement élastique tant qu’il subsiste du chômage, et devient parfaitement inélastique dès que le plein emploi est atteint, si d’autre part la demande effective varie dans la même proportion que la quantité de monnaie, la théorie quantitative de la monnaie peut être énoncée dans les termes suivants : Tant qu’il existe du chômage, l’emploi varie proportionnellement à la quantité de monnaie, lorsque le plein emploi est réalisé, les prix varient proportionnellement à la quantité de monnaie ». Puisque pour Keynes le plein emploi n’est qu’exceptionnel, alors non seulement l’approche quantitativiste et dichotomique est erronée, mais la monnaie est aussi un important instrument au service de la croissance et surtout du plein emploi. Keynes n’a pas attendu la rédaction de la Théorie Générale pour prendre position en la matière. En effet, dès 1923, dans « Tract on Monetary Reform », il critiquait très sévèrement l’obsession des dirigeants de son époque, en particulier W. Churchill, à l’égard de la stabilité monétaire et, notamment, de la parité-or de la monnaie (« relique-barbare » selon lui). Arrêter l’étude ici conduirait à oublier un certain nombre d’idées autour de ces problèmes. Il est constatable, ici, que le débat sur la neutralité de la monnaie, post-keynésien, se mue en fait en celui sur le choix des politiques économiques conjoncturelles, donc sur le degré d’intervention de l’Etat dans l’économie.

Avant tout, il convient de remarquer que, depuis Irving Fisher, le quantitativisme s’est nettement assoupli. Et la formulation de Milton Friedman ne met plus l’accent sur la corrélation entre la quantité de monnaie et le niveau général des prix, mais sur celle entre la quantité de monnaie et la valeur du revenu national. Par ailleurs, Keynes et les keynésiens, après avoir souligné l’importance de la monnaie et opté pour une approche intégrée, accordent leur préférence à la politique budgétaire, étant entendu que le déficit budgétaire peut être, à leurs yeux, financé en grande partie par une

création monétaire (politique expansionniste d’accompagnement). Les libéraux, quant à eux, après avoir démontré la neutralité de la monnaie et opté pour le quantitativisme et l’approche dichotomique, sont favorables à la politique monétaire, à condition toutefois, selon eux, que celle-ci soit conçue et mise en œuvre par les autorités monétaires indépendantes de l’Etat. Au sein de l’économie moderne, en effet, nul ne peut plus non seulement défendre la thèse de la neutralité de la monnaie mais surtout prétendre que l’économie s’autorégule, avec le plein emploi de surcroît. Cependant, pour les libéraux, le principal fléau

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