DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Les Européens

Rapports de Stage : Les Européens. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 7

tte perle sera « l’assurance du futur, de l’aisance, de la sécurité. Elle sera aussi sa chaude iridescence, la panacée contre la maladie, le mur contre les insultes... ». Kino rêvait éveillé, de grands rêves d’homme qui allait changer son destin.

Rapidement la nouvelle de la grosse perle se répandait dans toute la ville. Mais l’esprit de la perle réveillait bien des esprits maléfiques d’avidité, de haine, de vanité et de malveillance dans la ville. Kino serait désormais seul et désarmé face à tout ça. Il sentait le mal rôder le soir aux aguets, près de sa maison. Le noir, l’ombre, le lointain deviennent de plus en plus pesants et s’abattent sur lui. Il devenait de plus en plus furieux. Juana, de toute son âme de femme, redoutait la vie paisible d’avant la Perle. Elle sentait que son mari devenait « à moitié fou et à moitié Dieu » et savait que son homme « se lancerait de toute sa force contre la montagne, précipiterait toute sa force contre la mer... ». Elle savait aussi que « la montagne resterait immuable, tandis que l’homme se briserait, que les marées se poursuivraient, tandis que l’homme se noierait ». Mais elle n’arrivait pas à persuader Kino d’abandonner cette maudite perle, car pour lui « cette perle est devenue son âme à présent, s’il l’abandonne, il perdrait son âme ».

Kino refuse de vendre la perle au prix honteusement dérisoire que lui ont proposé les marchands en ville prétextant que cette perle n’était qu’une curiosité. Il part à la capitale pour bien la vendre. Lors d’une nuit on tente de le tuer ; en se défendant, il a été contraint de tuer un homme. Il trouve la pirogue héritée de son père aussi longtemps entretenue, sa seule source de revenu, défoncée ; et sa hutte, son seul abri, incendiée. La musique maudite commence à hanter l’atmosphère, le vent du mal commence à souffler. Il s’enfuit avec sa femme et son fils, emportant la perle vers une ville proche. Il fut pourchassé et flairé par les pisteurs qui voulaient sa peau et la perle. Son flair le guida et « son instinct ancestral » l’accompagna. Il chantait le chant de combat pour garder son courage d’homme. Après quelques jours, on le voyait revenir sa femme et lui seuls au village, découragés et désespérés à jamais sans le petit qui fut tué par les chasseurs. Juana jeta la perle dans la mer et « la musique de la perle s’estompa et ne fut plus qu’un murmure et se tut à jamais ».. Et « comme l'histoire a été si souvent racontée, elle est enracinée dans la mémoire de tous. Mais, tels les vieux contes qui demeurent dans le coeur des hommes, on n'y trouve plus que le bon et le mauvais, le noir et le blanc, la grâce et le maléfice sans aucune nuance intermédiaire... ».Telle était l’histoire de Kino, elle ressemble aux histoires de milliers de gens opprimés et injustement accablés de leur triste sort, de rester exclus à jamais toute leur vie.

John Steinbeck a été un merveilleux conteur narrateur dans ce livre. Il a pu, grâce à son talent habituel, faire d’une histoire banale un beau récit social, politique, philosophique et anthropologique. Ceci dans un style émouvant, musical, poétique et imagé. Les paysages se constituent dans l’esprit du lecteur de façon romanesque. On entend le bruissement des feuilles d’arbres, le mouvement du vent et même celui des grains de sable. La musicalité tient au style fluide bien rimé parfois, mais aussi à toutes ces métaphores de mélodies musicales plaisantes de la région.

On retrouve ce talent particulier de cet auteur à décrire les états d’âme des personnages, surtout celle relative à la description de la perversion de Kino quand il a été transfiguré en un homme riche capable de réaliser ses rêves ; en un homme féroce capable de tuer pour sauver sa perle ; et en un homme imbattable, décidé à continuer son chemin quoi qu’il arrive ; puis à la fin en un homme renonçant et atterré par ce qui lui arrive. On retrouve tous ces passages acérés et tranchants sur les comportements humains et toutes ces descriptions des vices et des vertus humains. On retrouve aussi ce réalisme qui décrit toutes les noirceurs de la vie humaine sans complaisance. La trame fluide de ce récit est tissée autour d’une intrigue attachante et captivante qui fait que les événements se succèdent à un rythme qui maintient la tension fébrile du lecteur jusqu’au dénouement dramatique de l’histoire.

On retrouve quelques moralités classiques, genre ce n’est pas l’argent qui fait le bonheur. On est attristé par la haine et la lâcheté et horrifiés par les cruautés des marchands. On est atterré par l’envie et l’avarice des gens. On est écœuré par la cupidité de ce médecin dépourvu de toute humanité. John Steinbeck dépeint et dénonce aussi la misère et nous fait prendre conscience de toutes ces existences malheureuses, surtout les conditions de vie des pêcheurs de perles qui sont exploités et asservis par les marchands de pierres précieuses qui font la loi. John Steinbeck dénonce tout ce manichéisme social et cette misère pénible qui est sans espoir, car demain sera toujours pareil tant que les riches seront d’un côté et les pauvres de l’autre. Ce qui fait vivre dans ces cas là, ce sont les rêves riches et l’imagination florissante. C’est le vrai pouvoir de ces gens là, le pouvoir qui les fait tenir à la vie et qui les fait espérer. Le seul pouvoir de garder une dignité et une fierté d’homme et le seul pouvoir d’accéder à un bonheur si modeste et si illusoire soit-il, mais un bonheur, le leur.

Cette merveilleuse histoire d’amour de ce couple Kino et Juana est vraiment touchante par sa beauté et sa simplicité. Juana

...

Télécharger au format  txt (9.5 Kb)   pdf (90.4 Kb)   docx (8.8 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com