Les souffrances de Meva

e vis-à-vis du caractère de Meva, remplit généreusement le seau de son amie et demande aux personnes présentes de bien vouloir garder les siens le temps qu’elle ramène celui de cette dernière afin de pouvoir lui demander des explications au précédent évènement. Arrivée au village épuisée de s’être précipitée pour ramener le seau de Meva, elle se dirige chez son amie et là, elle cogne à la porte tout en interpellant Meva :

- Meva ! Meva ! S’il te plaît, ouvre la porte. S’il te plaît ouvre cette porte Meva ! J’entends tes pleurs par-dessus la porte, réponds moi je t’en prie. Je sais que ça va mal. Tu ne vas quand même pas restée seule, enfermée dans ta bulle. C’est mauvais pour toi et tu le sais bien… Bon, comme tu ne veux pas me répondre, je te laisse ton seau devant la porte. Je l’ai rempli pour toi. Au revoir !

Voyant que Meva ne prête aucune attention à sa présence, Mialy décide de revenir à la fontaine pour récupérer ses seaux, triste pour elle et malheureuse pour sa meilleure amie. Par contre, Meva sachant que son amie a quitté les lieux décide de sortir pour prendre le seau afin qu’elle puisse se doucher et se préparer avant d’aller à la plage prendre quelques poissons chez les pêcheurs matinaux. Meva ne cesse de regarder l’heure et de dire qu’elle est en retard et qu’elle a perdu trop de temps à cause du malentendu avec sa meilleure amie. Quand elle fini de se préparer, elle se dirige vite vers la plage. Elle sait parfaitement qu’elle doit y arriver très vite pour y retrouver les pêcheurs matinaux qui pêchent les meilleurs poissons de bonne heure. De plus, c’est le jour du Grand marché dans le village donc tous les poissonniers et grands restaurants viennent en masse pour pouvoir récupérer les bonnes marchandises afin d’assurer leurs ventes du jour.

Meva se précipite et arrive enfin à la plage mais ne voit personne. Ni pêcheur, ni client, rien. La plage est déserte. Elle ne sait plus quoi faire. Elle s’assoit sur le sable et commence à pleurer tout en murmurant :

- Mon Dieu, je crois en vous mais là vous m’affligez tant de souffrance que je ne sais plus si vous m’aimez vraiment ou pas. Regardez-moi je suis si pitoyable. De plus je comptais sur la vente d’aujourd’hui pour pouvoir me nourrir la semaine prochaine car je n’ai plus de vivre mais vous avez décidé différemment de mon sort. Je ne sais plus que faire. Suis-je condamnée au malheur pour toute la vie ?

Un jeune homme passe, la voit entrain de pleurer et s’arrête pour lui demander ce qui ne va pas mais elle continue toujours à pleurer comme si elle n’avait rien entendu car dans sa tête, les bons moments vécus auparavant sont remontés. Elle se voit quelques années plus tôt, avec ses parents et ses amis lors de son seizième anniversaire : ils sont sur la plage. Ses parents avaient donné une grande fête à l’occasion de cette journée. Meva revoit le sourire sur les lèvres de tout le monde et même plus, elle se revoit heureuse avec ses amis et sa famille entourés de musique, de cadeaux de joie et d’amour. Elle revoit aussi les bons moments passés avec ses amis.

- Je me rappelle encore de la fameuse soirée où je me suis perdue dans les bois, je mourrais de peur mais heureusement pour moi que Mialy, ma meilleure amie, pour le meilleur et pour le pire était là. C’était la seule qui avait pensé venir me chercher dans les bois. On avait l’air de deux poules mouillées tellement on avait peur du noir. Mais on s’en est bien sorti. D’ailleurs, on en a rigolé toute la nuit.

Le jeune homme attendant une réaction de la part de Meva décide donc de s’asseoir à ses côtés et là, il lui demande pourquoi elle pleure. Meva se tourne vers lui et d’une voix d’enfant lui répond :

- Qui êtes-vous ? Pourquoi me parlez-vous ?

- Je suis une personne qui passait et en vous voyant pleurer je n’ai pas résisté à l’envie de m’approcher pour vous demander si ça allait bien ou pas. Je n’aime pas voir les gens tristes, ajoute-t-il avec un petit sourire.

- Une personne qui pleure ne va surement pas bien. J’ai raté la pêche matinale alors que c’est la seule chose qui me fait vivre dit-elle tout en pleurant.

- Mais ce n’est rien, réplique le jeune homme. J’ai de quoi vous aidez. Séchez-moi ces larmes et suivez-moi.

Meva sèche ses larmes mais hésite un peu à le suivre. Elle se dit qu’il peut être un malfaiteur et qu’il a peut-être des arrières pensés derrière son sourire d’ange. Mais elle réfléchit un peu et se dit qu’elle n’a rien à perdre et donc décide de le suivre.

Ils partent donc ensemble. Mais en route, intriguée, Meva demande au jeune homme :

- Qui êtes-vous ? Je veux dire, comment vous appelez-vous ?

- Je m’excuse. J’ai été très impoli. Je ne me suis même pas présenter. Je m’appelle Mamy et je suis le fils du meilleur pêcheur de toute la côte Est.

- Vous êtes sérieux ?? Vous êtes le fils de Hery ????? J’ai toujours voulu avoir ses poissons, ils sont réputés pour être les meilleurs.

- Si vous le dites. Vous allez donc réaliser votre rêve car… Vous voyez le petit îlot là bas ? C’est celui de mon père et on y stocke toutes les prises de papa là bas.

Les deux jeunes gens, prennent alors une pirogue pour rejoindre l’îlot et arrivés là bas, un sourire s’esquisse sur la bouche de Meva et là elle dit en étant toute gênée:

- Le seul problème c’est que je n’ai pas de sous pour payer beaucoup de gros poissons.

- Pas de problème. Etant donné que j’aime bien aider les gens dans le besoin, c’est la maison qui offre, lui répond-t-il d’une voix très douce accompagnée d’un sourire gigantesque.

Emue par cela, Meva reste sans voix et surtout, quand elle voit Mamy choisir une grande cuve remplie de poissons aussi gros les uns que les autres, on voit sur son visage coulées des larmes de joie. Elle ne sait comment le remercier. Elle finit donc par serrer Mamy dans ses bras tout en le remerciant de cette action. Mamy heureux de ce qu’il a fait, la renvoie sur une pirogue et demande au piroguier de l’accompagner sur la place du marché tout en ayant un air confiant. Meva s’en va souriant. Quand elle arrive au marché, elle a peur que ses amis la voient mais étant tellement heureuse des poissons qu’on lui a offert, elle décide de les vendre et crie pour attirer des clients au milieu du marché :

- Poissons frais ! Venez Venez ! Poissons frais ! Je vends des poissons frais ! Petits, moyens, et gros. Venez, j’en ai pour tous les goûts et de toutes les tailles !

Cet appel inhabituel attire alors beaucoup de gens et en voyant les poissons de Meva, une grande partie des villageois s’agglutinent autour de son étale et achètent ses poissons. Ces derniers s’arrachent comme des petits pains. Etonnée de voir cela, une bande de cinq jeunes gens s’approche de l’étale et une voix parmi elles crie le nom de Meva. C’est la voix de Mialy :

- Meva