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Liberté , Tony Gatlif

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s le droit de circuler librement : Théodore cède alors un de ses terrains aux bohémiens, désormais sédentarisés. Tandis que les enfants Tsiganes suivent les cours de Mademoiselle Lundi, P’tit Claude est de plus en plus fasciné par le mode de vie des Bohémiens . Mais la joie et l’insouciance sont de courte durée : la pression de la police de Vichy et de la Gestapo s’intensifie et le danger menace à chaque instant. Comme ils l’ont toujours fait depuis des siècles, les Tsiganes devront reprendre la route…

Pour analyser les particularités de cette représentation du génocide tzigane il serait convenable d'étudier d'abord les aspects historiques

ensuite les spécificités du film Liberté.

Dans Liberté le souci de rester fidèle à l'Histoire est apparent :

Les tziganes à partir de l'automne 1940, furent progressivement internés dans une trentaine de camps gérés par les autorités de Vichy, avant, pour nombre d'entre eux, d'être conduits vers les camps de la mort nazis. Après avoir retracé cette histoire, fort ancienne, de la présence tsigane en France,les auteurs montrent comment le pouvoir central, d'abord royal puis républicain, n'a eu de cesse de vouloir ficher, sédentariser, les «gens du voyage», et comment la IIIe République notamment, soucieuse de formater un citoyen conforme à son idéal - donc laïc, sédentaire et éduqué - ne pouvait que vouloir contrôler au plus près des gens attachés à une culture orale, nomade, et pris toutes les dispositions juridiques pour ce faire, notamment avec la loi du 20 juin 1912, et le fichage anthropométrique de tous les Tsiganes de France.

Ce film est donc une représentation historique réalisé le plus fidèlement possible à la réalité mais cette volonté de réalisme se traduit aussi par la

mise en scène d'une histoire vraie et d'éléments réels.

En effet, à l'issu des ses recherches Tony Gatlif rencontre cette institutrice,résistante ,Yvette Lundy déportée à ravensbruck puis liberée en 1945 dont il s'est inspiré pour le personnage de Mlle Lundi. Le personnage de Mlle Lundi vient, également de son instituteur de Belcourt, à Alger. «Il avait 26 ans, il nous projetait des films. Je me souviens du premier comme si c'était hier, «Jeux interdits»... Il s'en servait pour son cours de géographie, la France, c'est ça; pour son cours d'histoire, la guerre c'était ça. La guerre, nous connaissions. Un jour, nous avons trouvé deux militants du FLN tués dans une vigne. Des années plus tard, après mon premier film, ce maître m'a écrit et m'a raconté son histoire : il était communiste, il s'était engagé et aidait le FLN. Lui aussi était un résistant. Comme Mlle Lundi».Ensuite, il a trouvé l'histoire de ce notaire qui a sauvé une famille qui venait d'être envoyée au camp de Montreuil-Bellay, en lui vendant, pour un franc, cette maison qui lui permettait de ne plus être fichée comme nomade. Cette famille a repris la route, tous ont été arrêtés dans le nord de la France, la famille dont s'est inspiré le film a été internée dans la caserne dossin à malines en Belgique avant d'être déporté à Auschwitz par le convoi Z du 15 janvier 1944.

Toute l'histoire des Gitans est là : on veut les sédentariser, dans ce cas précis pour leur sauver la vie, mais malgré la peur des nazis, l'appel de la famille est plus fort, la route est plus forte. Ils ne peuvent pas vivre dans une maison, ils ont peur des pierres, parce que les pierres portent la trace de ceux qui sont passés avant eux, qui sont pour eux des fantômes. Pour eux, évoquer le nom d'un disparu, c'est l'appeler, le faire revenir, et donc l'empêcher d'aller là où les morts doivent aller. C'est aussi pour cela que, longtemps, ils ont refusé de parler de la déportation.

De plus,le personnage de Taloche a bien existé, il s'appelait en réalité Joseph Tolloche et a été interné dans le camp de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). Il réussit à se faire libérer en achetant une maison par l'intermédiaire du notaire d'une bourgade proche de Montreuil ; mais incapable de vivre entre quatre murs, il quitta la région peu après pour rejoindre la Belgique où il avait vécu. Arrêté par la Gestapo à Vimy, près de Lens, alors qu'il traversait le département du Pas-de-Calais qui faisait partie du Gouvernement militaire de Bruxelles. II fut parqué à la caserne Dossin à Malines, et déporté à Auschwitz presque aussitôt. Il connaîtra plusieurs camps et sera libéré en 1945.

Lorsque Tony Gatlif finit par trouver l’histoire de Tolloche, c'est un destin funeste qui tient en quelques lignes. Tolloche devient à l’écran Taloche, incarné par James Thierrée, petit-fils de Chaplin et star du spectacle bien vivant. Thierrée, cheveux hirsutes et barbe drue, est l’un des rares non-gitans de la tribu du film, et par un joli paradoxe, c’est lui qui porte l’âme tsigane de façon incandescente. Paradoxe très relatif puisque saltimbanques et manouches ont beaucoup de choses en commun. La caméra de Gatlif le montre comme un corps en liberté, sauvage et sensuel. Idiot - non pas au sens de crétin mais de celui qui parle sa propre langue, un langage du corps en l’occurrence -, poète sans paroles et musicien rebelle qui donne au film son rythme, son tempo, Taloche est un personnage symbolique qui empêche le film de tomber dans le naturalisme et le didactisme.

Un autre aspect peut-être moins important mais montrant toutefois cette grande volonté d'authenticité est l'emploi de vrais tziganes venues de Roumanie spécialement pour le tournage, selon Tony Gatlif c'est être libre dans son scenario et dans sa réalisation, malgré que ces amateurs soient difficiles à diriger ils amènent au film une vrai spontanéité.

Ensuite le film Liberté de Tony Gatlif est une représentation très personnalisée.

En premier lieu il est à noter la place majeure accordée à

la musique dans ce film et de manière plus générale dans toutes les réalisations de Tony Gatlif ,pour lui la musique est «le ciment qui rattache les humains» Il considère la musique comme «cette liberté qui [lui] donne le souffle de faire [ses] films, le souffle d'aller à la rencontre des autres dans le monde». Il n'y a aucun doute que celle-ci est un des éléments essentiels, créateur même de situation dans ses films. Il compose lui-même des morceaux dans Latcho Drom, Gadjo Dilo, Vengo, Swing, Transylvania mais aussi bien sur dans Liberté (le temps, les poules, taloche mécanique)

en ce qui concerne le scenario Gatlif ne communique pas son scenario, le tournage du film est particulier car les acteurs découvrent scène après scène et découvrent le parcours de leurs personnages au fur et a mesure alors que généralement au cinéma les scènes sont morcelées.

«la camèra est libre, c'est une mise en scène libre, la caméra elle va ou elle veut,ou elle peut» Tony Gatlif .

Liberté se caractérise par ailleurs par la forte implication de son réalisateur:«j'avais envie de faire un film sur l'extermination des Roms depuis que j'ai commencé a faire du cinéma mais le sujet me faisait peur»

Pour les Tsiganes, alors, c'était la sédentarisation ou la mort, et c'est de ce choix impossible que se nourrit le film de Tony Gatlif, lui-même«déraciné de l'Algérie»,ainsi qu'il se présente, et qui depuis des années filme les Roms, leur vie, leur musique, leur histoire. Récit maîtrisé, tendu, tenu, respectueux de ses personnages, Liberté est une reconstitution à la fois discrète et attentive.

Tony Gatlif est né d'un père kabyle et d'une mère gitane. Après une enfance à Alger, Gatlif arrive en France en 1960 durant la Guerre

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