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M'est-il permis de penser à haute voix?

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a vie fut bourré de fantasme, j'ai tant attribué des volontés aux choses qui me constituent une source de crainte potentielle ou un objet d'une affection exubérante, j'ai même prêté des âmes aux forces exceptionnelles qui m'entourent. Dans un moment donné, et à travers le prisme de l'intuition, j'ai vu en la gravité une sorte de châtiment qui me prive de voler à l'instar des moineaux.

Une fois, si je me souviens bien, j'ai parlé au vent, voire même, lui prié de continuer à tourner le vieux moulin de Don Quichotte pour qu'il puisse incarner le rêve enfantin d'exclure le mal de la cité. Pluie diluvienne, terrible canicule, peur maladive, rire hystérique, et autres réalités sous-jacentes me font nager dans un animisme démesuré. Est-ce ma faute? Je voulais seulement ajouter une retouche personnelle à mon vécu. Si je me suis autant moqué du tempo de l'avancement dans l'âge, ce n'est que pour mieux savourer les fractions de seconde qui constituent dans leur totalité la trajectoire de mon enfance. Je m'amusais à surprendre, surprendre pour fuir, fuir de l'inconnu vers l'inconnu. Quelle bizarrerie était mon enfance !

Au fur et à mesure que mon enfance sombre dans l'oubli, les automnes se succèdent dans une accablante monotonie. Les années en proie au temps s'habillent d'une pâleur traduisant les rides qui gagnent de jour en jour du terrain sur les visages réfléchis, chaque matin, sur le miroir au petit coin de ma chambre. Le beau temps parti amenant avec lui les merveilleux souvenirs. Le rêve cède la place à une flagrante réalité, les terrains de jeu se transforment en lieu de travail où nul n'est à la merci de l'autre. Le fait de me raconter des historiettes avant de m'endormir fut supplanté par l'obligation d'en raconter aux petits enfants qui m'attendent dans leurs chambres.

Très jeune, et par amour, j'ai épousé une vie dans la fleur de l'âge, éperdument amoureux d'elle, j'ai lui fait de multiples portraits, multiples aquarelles, multiples statues. Nous avons participé à l'harmonie du ciel et à la beauté de la terre. Tout le monde me conseille de ne plus avoir confiance en elle, ils avaient tord, c'est certain, ils ne l'ont pas compris, elle est notre image, notre reflet dans l'imaginaire, belle ou laide cela dépend, tout à fait, de nous, et de notre essence. Quand j'aurai peur, elle palpite comme les lueurs des chandelles. Une fois paisible, elle incarne l'image d'un cygne blanc sur une rivière nordique. La vie était pour moi comme une mère, une mère qui veille sans répit sur son enfant, lui apprend à se délecter les rêves où la vie joue le rôle d'une Pénélope qui garde la fidélité à l'épreuve de toutes les sollicitations diaboliques. Tout simplement elle était ma vie.

À travers cette étrange combinaison de lettres, peu importe qu'il soit amateur ou expert, il peut identifier ce qui est fantaisiste de ce qui est authentique, il lui faut seulement s'habiller en ma peau, voir de mes yeux, sentir à travers mes sens, concevoir mon ex-monde en utilisant mes propres critères de sélection. Cet amalgame est quasi faisable à ma connaissance, néanmoins qu'il n'est plus question de lui emprunter mon cœur, là où la composition de l'ADN du récit exerce, à l'insu de tous, sa magie suggestive.

Las, profondément ennuyé de ma dissidence, j'ai taché à m'adapter aux idées et aux usages communément admis dans mon milieu. Mon père, ma mère, mes proches, tout le monde me souhaitaient la bienvenue parmi eux, m'invitaient avec charité à me fondre dans la foule, à faire partie du commun des mortels, à me refaire forgé. Pour eux c'était la seule solution d'exorciser soi-disant "pulsion instinctive" qui me pousse à me distinguer des autres. Entre sentiments d'aventure et d'étrangeté, j'ai vécu pas mal de temps, ancré du fond en comble, dans un conformisme absolu témoignant le crépuscule de mes vanités et mes prétentions, jusqu'au jour où j'ai rencontré pour la première fois, la dernière reine d'Égypte "Cléopâtre" dans un bouquin aussi vieux que ce monde "Cléopâtre ou le Rêve évanoui" sous une épaisse poussière dans une antique bibliothèque au sous-sol de notre maison, une édition qui remonte à la jeunesse de mon grand-père. Au fil des pages l'histoire m'a envoûté le cœur, m'a ébranlé l'esprit en me rappelant le temps de gloire et d'obstination, elle fut comme l'éclaire qui traverse ma poitrine, j'ai senti comme une éruption volcanique dont la lave brule tout ce qui est épluchure, tout ce que j'ai mis ces derniers temps pour échapper à mon vrai moi. Inconsciemment j'ai tant maudit toute sorte de suivisme et d'intégrisme. Mon âme a descendu "placette libération" prônant mon retour à moi même, et de ne plus être ce que veut le monde peu importe qu'il soit du bien ou du mal. Prêt à tout, pour rester moi même.

Ma plume entre en désaccord avec l'encrier, afin de laisser libre cours à mes anomalies spirituelles, se manifester noir sur blanc. Des taches d'encre méconnues gisent pêle-mêle le long de la page, traduisant un mode de vie qui ne peut être distingué, sauf s'il est

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