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Mes Articles "3"

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sans tenir un compte trop étroit des « contingences », bien que l’idée d’évolution d’autonomie citoyenne la pénètre peu à peu. Or, l’histoire doit s’occuper tout particulièrement de ces contingences. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas tiré grand profit de la fréquentation des sociologues et des économistes. Ils s’attachent surtout à l’observation de la société contemporaine.

Mais l’apprenti historien, pour comprendre le passé, a besoin de connaître le présent et de s’en rendre compte. Si je n’avais pas sous les yeux une société, régie en grande partie par l’organisation capitaliste, l’idée ne me viendrait pas d’en comprendre l’origine.

La méthode, qui m’a semblé la plus légitime et la plus fructueuse dans l’ordre d’études, c’est la méthode comparative. Comme j’ai voulu saisir les origines des mouvements populaires, non pas dans un seul pays, mais partout où on peut les étudier, la pratique de l’histoire comparée s’imposait d’autant plus fortement. J’ai dû y avoir recours dans l’espace, mais aussi dans le temps, car l’accumulation des conditions nécessaire aux situations de crises sociales-, ne s’est pas produite au moyen âge de la même façon que dans les temps modernes, et l’organisation capitaliste du moyen âge, encore sporadique et embryonnaire est très différente de l’organisation qui prévaudra aux XVIIIe et XIXe siècles. Ce sont principalement ces différences qui nous permettent en tant que citoyen observateur de saisir le sens de l’évolution et de déterminer le caractère pernicieux de la société capitaliste moderne.

Je me suis appliqué à recourir aux faits concrets. Néanmoins, comme c’est un dossier limité, j’ai fait oeuvre de synthèse en employant la généralisation et, je n’ai pas pu éviter toute abstraction, puisque entre généralisation et abstraction, il existe un lien assez étroit.

Un autre inconvénient d’une étude comme celle-ci, c’est que l’on est obligé de reléguer dans l’ombre, nombre de faits d’un autre ordre, religieux, idéologiques, philosophiques, etc.. Or, je reconnais que ces faits peuvent avoir exercé, en bien des cas, une notable influence sur l’origine des différents facteurs qui forme l’organisation et aboutissent à une société complexe. Les personnalités aussi passent complètement à l’arrière-plan ; or, n’ont-elles eu aucune influence sur l’évolution des faits que nous étudions ? L’œuvre de Colbert, par exemple, si on en a souvent exagéré l’importance, n’a-t-elle pas contribué à l’évolution du capitalisme, n’a t’elle pas façonnée, à sa manière, l’idéologie libérale, ne faisons-nous pas référence à l’esprit jacobin, tout au moins en France.

En un mot, tous les faits individuels, qui forment la trame de l’histoire générale, sont sacrifiés, et sans doute d’une façon excessive. Cependant, un essai de synthèse et d’histoire comparée, ne peut-il rendre quelques services, même à cette histoire générale dont nous sommes souvent les témoins impuissants. Ne peut-il expliquer plus fortement certains faits d’un autre ordre, contribuer à en montrer « le lien ». Sans doute, on peut considérer que l’individuel seul correspond à la réalité mais, comme le général est plus intelligible que le particulier, son étude peut nous aider à mieux comprendre cette catégorie de faits, qui ne se sont jamais produits qu’une fois, d’une certaine façon, et qui, tant qu’ils restent isolés, sont difficilement accessibles à la conscience.

SURVOL DES ORIGINES DU CAPITALISME MODERNE

En un pareil sujet, il importe avant tout de définir exactement ce que l’on doit entendre par l’expression : capitalisme moderne. Certains écrivains prétendent que le capitalisme est né dès que s’est développée la richesse mobilière. A ce compte, il n’est pas douteux que le capitalisme aurait existé déjà dans le monde antique, non seulement chez les Romains et chez les Grecs, mais dans des sociétés plus anciennes, qui ont pratiqué d’actives tractations commerciales.

Mais il s’agit en ce cas, si capitalisme il y a, d’un capitalisme purement commercial et financier. Dans le monde antique, le capitalisme ne s’est jamais appliqué à l’industrie ; chez les Grecs et même chez les Romains, on ne trouve que de petits métiers, travaillant pour des marchés locaux, et surtout une main-d’œuvre servile, qui a pour fonction de subvenir aux besoins de la familia, comme c’est le cas sur les latifundia romains. Dans les premiers siècles du moyen âge, tout au moins depuis l’époque carolingienne, l’économie a un caractère presque uniquement rural ; les villes ne sont plus guère que des refuges et des forteresses : il n’y a plus trace de capitalisme. Puis, les croisades, en étendant les relations des pays avec l’Orient, en provoquant un grand mouvement commercial, ont permis aux Génois, aux Pisans et surtout aux Vénitiens d’accumuler de grands capitaux ; ainsi s’expliquent les premières manifestations du capitalisme dans les républiques italiennes. Mais on ne saurait, en aucune façon, parler de régime capitaliste, au sens moderne du mot. Quels sont, en effet, les caractères essentiels de la société capitaliste, telle que nous la connaissons aujourd’hui ? C’est, non seulement l’expansion du grand commerce international, mais aussi l’épanouissement de la grande industrie, le triomphe du machinisme, la prépondérance de plus en plus marquée des grandes puissances financières. En un mot, c’est l’union de tous ces phénomènes qui constitue véritablement le capitalisme moderne. Aussi les origines lointaines de ce régime ne remontent-elles pas plus haut que l’époque, où, dans les régions économiquement les plus actives, comme l’Italie et les Pays-Bas, le capitalisme commence à exercer son emprise sur l’industrie à partir du XIIIe siècle. Il s’agit encore surtout, et presque uniquement, d’un capitalisme commercial, mais qui commence à « contrôler l’activité industrielle. Ce n’est encore, qu’un humble début. Cependant, il y a là quelque chose de nouveau, l’aurore d’un mouvement qui finira par bouleverser tout le monde économique. En fin de compte, pour éviter toute confusion, il faut prendre soin de distinguer nettement le capital et le capitalisme. Nous plaçant au point de vue strictement historique, nous n’avons pas, comme les économistes, à prendre dans toute son étendue le sens du mot capital. Sans doute, la terre, les instruments de production sont, comme les valeurs mobilières, des capitaux, producteurs de richesses. Mais c’est comme valeur mobilière que le capital a joué le grand rôle. Dans la pratique, le mot capital est né assez tard et il a uniquement désigné la somme destinée à être placée (invested, comme disent les Anglais) et à rapporter un intérêt. C’est sans doute par extension que les économistes ont donné au mot le sens qui a prévalu dans la science économique. En réalité, le capital est né du jour où la richesse mobilière s’est développée, principalement sous la forme d’espèces monnayées. L’accumulation des capitaux a été une condition nécessaire de la genèse du capitalisme, et elle s’est accentuée de plus en plus, à partir du XVIe siècle, mais elle n’a pas suffi pour achever la formation de la société capitaliste. Ce sont les formes du capitalisme commercial et du capitalisme financier qui se sont dessinées les premières. Mais, pour que l’évolution fût achevée, il a fallu une transformation de toute l’organisation du travail, des relations entre employeurs et employés, laquelle a eu pour effet d’exercer sur les classes sociales l’action la plus profonde qu’on ait jamais pu observer jusqu’alors. Aussi le triomphe de l’organisation capitaliste n’est-il pas antérieur au XIXe siècle, et même, presque partout, à la seconde moitié de ce siècle.

LA REVOLUTION DE 1848/49

Le milieu du XIXe siècle avait vu la montée d’un fort mouvement d’opposition libérale et démocratique, liant dans ses revendications réformes sociales et unité politique de l’Allemagne. Mais le dénominateur commun de ces mouvements d’opposition ne masqua pas les divergences qui éclatèrent au grand jour lors des nombreuses discussions et négociations, ainsi que des combats qui jalonnèrent la révolution des années 1848/49.

Sur fond de crise économique rampante (depuis 1846), ce sont les événements politiques en France (février 1848) qui donnent le signal des premiers soulèvements à Vienne et Berlin (mars 1848). Les princes allemands se voient contraints à des concessions : ils accordent des constitutions libérales, nomment des ministres libéraux, promettent la liberté de la presse, le droit de réunion et un parlement national allemand.

Francfort devient le théâtre principal de la Révolution. C’est là que siège le "proto-parlement" issu des mouvements révolutionnaires. Il est dominé par une majorité libérale qui, repoussant les tentatives de la gauche républicaine (minoritaire en nombre) de transformer le parlement en comité exécutif révolutionnaire permanent, appelle de ses vœux un parlement national respectueux des gouvernements des différents états allemands. L’assemblée nationale élue fin avril entre solennellement dans l’Eglise Saint-Paul le 18 mai 1848. On n’y trouve certes aucun parti politique au sens moderne du terme, mais le centre libéral, qui représente lors des débats le courant majoritaire, se caractérise dès le début par une remarquable volonté

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