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Observe-t-On Une Volatilité Électorale Croissante?

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importance prise par la question de la volatilité électorale dans la sociologie électorale a notamment été dûe à la restructuration de l’espace politique, avec principalement trois phénomènes :

* la baisse de l’extrême-gauche : en 1981, l'élection de François Mitterrand à la Présidence de la République bouleverse à nouveau les rapports de forces au sein du système partisan français. Au cours de cette élection et des législatives qui suivront, le Parti communiste perd une grande partie de son audience à gauche au bénéfice du Parti socialiste, qui devient très largement majoritaire seul à l'Assemblée nationale. Si à droite, les rapports de forces restent inchangés, le PCF amorce de manière brutale un inexorable déclin

* la montée de l’extrême-droite : À l'occasion des Élections européennes de 1984, le Front national (FN), formation populiste classée à l'extrême droite de l'échiquier politique, effectue une percée phénoménale, passant d'un niveau proche de zéro à plus de 10 % des suffrages exprimés. Son audience électorale et médiatique de croitre, Jean-Marie Le Pen obtenant plus de 14 % des suffrages exprimés au premier tour de l'élection présidentielle de 1988. Le FN s'impose peu à peu comme une troisième force politique alternative, en dehors de la bipolarisation traditionnelle entre droite et gauche.

* La montée des mouvements écologistes : création du parti Les Verts en 1982. Sa devise est « ni droite, ni gauche ». Le mouvement n’est pas réellement unifié, les forces politiques écologistes pullulent jusqu’à la fin du siècle

Autre phénomène : les alternances à répétition à partir des années 90 et l’émiettement partisan.

* Une sensibilité accrue aux effets de l’offre et de la conjoncture politique

Cette restructuration de l’espace politique a eu des effets sur les électeurs. Dans les systèmes multipartisans, l’instabilité électorale est plus importante que dans les systèmes bipartisans, et la France connaît traditionnellement un niveau de volatilité électorale particulièrement élevé par rapport à d’autres pays européens. Les variations de l’offre politique, du nombre et de la configuration des candidatures, non seulement entre deux tours, mais également entre deux élections, renforcent très directement la probabilité de la mobilité des électeurs.

B) Des électeurs moins assurés dans leur système de croyance et de conviction

* L’autonomisation des choix

Cette autonomisation des choix procède de la montée des valeurs d’individualisation dans les sociétés européennes. Dans tous les domaines de la vie, les individus se veulent originaux, ils ne veulent pas se laisser dicter par la tradition, la famille, les habitudes, ou encore les institutions. Les choix ne sont en rien automatiques, mais se font dans le tâtonnement et l’hésitation, chacun estimant d’avoir le droit de faire ses expériences, d’éprouver ce qui fait sens pour lui. Avant de se décider, aussi bien en matière familiale que professionnelle, religieuse, ou politique, chacun veut avoir de bonnes raisons d’agir.

* L’érosion des indentifications partisanes

L’affaiblissement des allégeances partisanes découle de l’individualisation des attitudes politiques. La part des électeurs fidèles et systématiques reste toujours importante, mais elle tend à se réduire. On observe que les gens acceptent davantage de déclarer une sympathie partisane mais que celle-ci est souvent moins intense. De 1988 à 2002, davantage de personnes déclarent une sympathie pour un parti, mais l’intensité du lien partisan s’affaiblit. Alors que 40% en 1988 se déclaraient très ou assez proches d’un parti, seulement 32% sont dans ce cas en 2002. La relation entre le vote reconstitué et la proximité partisane tend aussi à s’affaiblir : alors que 75% en 1988 votaient pour le parti le plus proche, seulement 57% le font en 2002. En revanche, le pourcentage de ceux qui votent pour un autre candidat du même camp politique augmente en passant de 18% en 1988 à 27% en 2002, et le pourcentage de ceux qui votent pour un candidat d’un autre camp passe de 7% en 1988 à 16% en 2002.

II. Une volatilité électorale croissante

A) Indécision et abstention

* Le poids de l’indécision

L’accroissement de l’indécision électorale est un phénomène en lien direct avec la mobilité électorale. En effet, la perplexité des électeurs, pour certains jusqu’au jour même du scrutin, renforce les chances de mobilité. L’élection présidentielle de 2007, pourtant particulièrement politisée et médiatisée et suscitant un fort élan de participation, ne s’est pas départie de cette perplexité, quasiment devenue structurelle dans le comportement électoral des Français. Ce sont près de la moitié des Français (49%) qui se sont montrés hésitants pour le premier tour, soit dans se décidant dans le cours même de la campagne (27%), soit au dernier moment, le jour même de l’élection (22%). Dans les jeunes générations, la part de cette hésitation est encore plus grande, puisqu’elle concerne les deux tiers des 18-24 ans (62% ; 31% s’étant décidés au cours de la campagne et 31% au dernier moment). Cette perplexité traduit bien un lien plus lâche aux organisations partisanes ainsi qu’une baisse effective des allégeances politiques dans la chaîne des générations. Elle ouvre un espace de choix possibles et débouche donc sur une volatilité de principe.

* La diffusion de l’abstention

La part de l’abstention systématique reste relativement stable dans le temps. En revanche, l’abstention intermittente s’est fortement accrue et même généralisée. L’alternance du vote et du non-vote est devenue une nouvelle norme de comportement, tout particulièrement dans les jeunes générations. La systématisation de l’abstention intermittente induit une augmentation de la mobilité électorale. Une partie importante des trajets de mobilité est constituée d’allers-retours entre le vote et le non-vote. Il a été montré qu’en France, les itinéraires de mobilité reconstitués entre les législatives de 1993 et les législatives de 1997 sont pour moitié constitués par une alternance entre le vote et le non-vote. D’une élection à l’autre, le différentiel dans la mobilisation électorale induit de fait une augmentation de la mobilité électorale. Dans l’appréciation de la mobilité, l’abstention est donc une clé essentielle, tant pour comprendre les différentes facettes du comportement électoral aujourd’hui que pour saisir le travail des équilibres partisans à l’intérieur même de système politique.

B) La volatilité électorale sous la Ve République

* Jusqu’aux années 90 : une mobilité larvée

En France, des observations menées sur la longue période prenant en compte les élections depuis le début de la Ve République jusqu’aux années 80 ont montré que sous l’apparente stabilité des rapports de force pouvait être décelée une importante mobilité des électeurs, notamment au moment de certaines critiques comme 1958 ou encore 1986, entraînant des reclassements internes à gauche ou à droite conséquents.

R. Cayrol a suivi un même panel d’électeurs durant la campagne de l’élection présidentielle de 1981, et a mis en lumière l’importante fluidité des intentions de vote : seuls 43% des panélistes sont restés stables de septembre 1980 à avril 1981 dans leur intention de vote.

A. Muxel a suivi une même cohorte de jeunes pendant 12 ans, sur une période couvrant six élections de 1986 à 1997. Elle a montré l’importante part de volatilité électorale, en particulier dans l’électorat jeune. Sur la période d’observation, la fidélité électorale reste faible, et le vote n’apparaît pas comme un comportement très structuré.

J. Jaffré, J. Chiche : en reconstituant les itinéraires électoraux entre les législatives de 1993 et la présidentielle de 1995, leur étude a évalué la part d’électeurs mobiles à 30%. D’autres études ont aussi reconstitué des trajectoires électorales qui ont montré une importante mobilité d’un camp à l’autre qui reste réduite, autour de 10-12%.

* Depuis le début du siècle : la mobilité prend le pas sur la stabilité ?

En France, depuis les années 80, dans un système multipartisan qui entretient une forte mobilité, un électeur sur deux peut être considéré comme mobile dans son comportement électoral. Dans le cadre du Panel électoral français 2007, dans le temps court de la séquence électorale ou présidentielle, la mobilité électorale, comprenant le jeu de l’abstention, prend le pas sur la stabilité : 40% d’électeurs stables et 60% d’électeurs mobiles.

* L’élection présidentielle de 2002

L’élection présidentielle de 2002 connaît un taux d’abstention record pour un premier tour sous la Ve République : 28,40%. Cette abstention a été l’un des symptômes majeurs du malaise politique ayant conduit au séisme électoral du

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