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Comment la dernière se distingue-t-elle formellement des autres ?

Quatre alinéas composent Enfance IV. Les trois premiers sont marqués par la même introduction syntaxique : « Je suis ». Sans connaître le contenu même des phrases, on voit là une volonté réelle d’apposer une identité forte. Or, le quatrième alinéa débute par un conditionnel. Cette rupture déséquilibre le rythme présent jusqu’alors et permet d’engager sur une nouvelle situation, plus élargie, dans le dernier alinéa.

Le conditionnel qui engage le dernier paragraphe exprime finalement une certitude : celle de l’enfant contemplatif qu’il aurait aimé resté mais que le temps lui interdit. Pour autant, les thèmes employés dans la construction de la phrase demeurent riches et continus. On y retrouve, en effet, le maritime et le céleste, alliance verticale très fort.

On y retrouve également, le refus de toute filiation, par l’abandon. Ce qui est terrible apparaît alors bien vite, l’impression tenace d’une enfance gâchée, d’une enfance dont les rêves n’ont pas été réalisés. Le poète assiste ainsi à la perte de l’enfance sans trop savoir comment en conserver la magie.

Le quatrième alinéa semble au premier abord répéter le précédent. C’est au fond la même image du voyageur marchant, dans un décor qui l’écrase, vers un horizon mélancolique. Mais de subtiles différences marquent en fait un sensible changement de perspective.

D’abord, le « piéton » est présenté explicitement pour la première fois comme un enfant. C’est toujours le vagabondage, mais donné cette fois moins comme un destin imaginaire que comme une réalité vécue dès l’enfance.

L’enfant est dit « abandonné », c’est un « petit valet », un petit pauvre.

Paradoxalement, c’est donc le mode de l’hypothèse qui signale ici le passage du monde imaginaire au monde réel. Et sans doute ce quatrième paragraphe a-t-il paru nécessaire à Rimbaud pour indiquer clairement au lecteur que, parmi les personnalités d’emprunt qui avaient aimanté ses rêves d’enfant, l’une avait fini par devenir réalité, pour son malheur. Le pathétique accentué du paragraphe 4 montre qu’on est progressivement passé du rêve héroïque (le saint, le savant, l'aventurier) au remords d’une jeunesse gâchée.

3. Dans chaque paragraphe un décor naturel est suggéré. Montrez, en observant les formes verbales, que les éléments du décor qui entoure le poète semblent dotés de vie. Qu’est-ce qui fait qu’ils inspirent tous une certaine tristesse ?

Le poète endosse les costumes de plusieurs identités.

Ainsi, au premier alinéa, on le retrouve en « saint ». Il domine les dévots et les fidèles, ces « bêtes pacifiques ». Le recours à cette vision revêt plusieurs significations :

1) La remise en cause, par le sarcasme, d’une notion forte en Occident, la religion.

2) La vision réelle qu’il a pu avoir de lui-même en tant que « saint ».

Le verbe « être » conjugué au présent de l'indicatif confère une actualité et une présence forte à la petite scène imaginée. L’enfant, se projetant peut-être dans l’avenir, se voit sous les traits d’un saint en prière. La vision adopte la forme d’une image. La « mer de Palestine », à la fin de l'alinéa, rappelle aussi une iconographie chrétienne.

Le tiret qui précède la proposition subordonnée introduite par "comme" indique un commentaire du narrateur, ici probablement : un sarcasme typiquement rimbaldien contre la religion. Le "comme" qui régit cette subordonnée est un comparatif. Le mystique en prière est souvent représenté à genoux, le front courbé vers la terre. Cette attitude de prosternation inspire au narrateur une comparaison irrévérencieuse avec "les bêtes pacifiques" qui "paissent jusqu'à la mer de Palestine". Voilà la bête que j'étais ou que je rêvais d'être quand j'étais enfant, semble dire Rimbaud, un dévot stupide et soumis. L'allitération en /p/ : pacifiques-paissent-Palestine n'est peut-être pas sans rapport avec la tonalité ironique de la phrase.

Le principe est le même en deuxième alinéa, avec ce savant. Ici, le savant semble être prisonnier d’une bibliothèque.

La célébration de l’asile douillet, protégé des intempéries, dans la seconde phrase du paragraphe, est une preuve supplémentaire de ce que Rimbaud n’était pas insensible à la poésie, aux charmes de la vie. La belle formule évoquant la pluie atteste la présence dans le texte d'un registre lyrique. C'est que le poète adopte complètement, ici, le point de vue de l'enfant.

Le troisième alinéa reprend à présent, le marcheur. Voici une nouvelle image sublimée de soi-même : l’image du coureur de chemins.

L’image employée renvoie à celle d’un conte. Les bois sont nains parce que Rimbaud enjambe avec amplitude. Ici encore, le lyrisme est à l’appel. Le paysage est à la fois réaliste et symbolique. Les « bois nains » (plantations récentes, sans doute), contrastant avec la « grand’route », apportent un effet de réalité : il s’agit d’un paysage particulier — il n’y a pas des « bois nains » partout — que le lecteur explique spontanément par l’existence d’un souvenir précis. Mais ces « bois nains » suggèrent aussi, par contamination, un autre contraste, entre le caractère imposant de la grand’route et la silhouette minuscule du voyageur. Mêmes caractéristiques dans la proposition suivante : la « rumeur » de chute d’eau produite par les écluses paraît comme amplifiée. Enfin, l’adverbe « longtemps » suggère la lenteur de la marche, et le spectacle « mélancolique » du couchant parachève la description d’un ultime détail romantique. Le mot « lessive » peint de façon presque triviale un ciel brouillé, qu’un dernier soleil latéral parvient malgré tout à éclairer et comme à laver. C’est une de ces géniales trouvailles permettant à Rimbaud de renouveler une métaphore (l’or du couchant) et de lui conférer un aspect à la fois plus familier et plus expressif.

On retrouve « l’écluse ». Ce n’est pas sans mélancolie pourtant que Rimbaud nous fournit cette superbe image de « lessive d’or » marquant la succession des jours, le temps qui passe, l’enfance qui s’enfuit, la marche qui se poursuit, et le déluge qui peine encore à accomplir ses promesses.

Alors, finalement des trois identités évoquées, aucune ne semble satisfaisante.

Le conditionnel qui engage le paragraphe suivant exprime finalement une certitude : celle de l’enfant contemplatif qu’il aurait aimé resté mais que le temps lui interdit. Pour autant, les thèmes employés dans la construction de la phrase demeurent riches et continus.

On y retrouve également, le refus de toute filiation, par l’abandon. Ce qui est terrible apparaît alors bien vite, l’impression tenace d’une enfance gâchée, d’une enfance dont les rêves n’ont pas été réalisés. Le poète assiste ainsi à la perte de l’enfance sans trop savoir comment en conserver la magie.

Le dernier paragraphe clôt ce poème avec un mouvement descriptif et métaphorique sur la perte

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