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Art Yasmina Reza

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rts de force implicites qui, dès le départ, avaient rendus leur amitié un peu bancale.

Le comique de situation est particulièrement notable lorsque la toile, objet du litige qui galvanise toutes les tensions, fait des allers et venues dans la pièce principale de l’appartement de Serge. Portée avec une forme de sacralité par son acquéreur, cette toile, sera cachée avec le même sens de l’ésotérique au regard réprobateur de celui qui n’en comprend pas le sens. Serge dira à Marc qu’il ne mérite pas de voir la toile. Il n’est pas à la hauteur. Seuls les initiés pourront la contempler. Yvan seul est, à ce titre, jugé apte. Or cet homme, le farfadet, est tolérant au point de dire à l’un qu’il trouve la toile touchante et d’approuver les moqueries de l’autre sur le même objet. Finalement, le public est comme pris à partie et doit trancher, ce qu’il ne saurait faire.

Le comique de geste, farcesque, est mis en œuvre dans la dernière séquence de la pièce quand les hommes en viennent aux mains pour régler leurs comptes. Yvan, pleutre, perturbé par l’imminence de son mariage et le délitement constaté des liens qui unissent ses deux amis, prend par mégarde un coup violent à l’oreille qui fera basculer la tension. Sa souffrance paraît toutefois exagérée et deviendra l’objet de la moquerie des deux autres, les réunissant là où les coups allaient les séparer. A cette occasion l’apparition d’une souris (en réalité un rat) laissera penser que le personnage souffre d’hallucinations alors qu’il n’en est rien. Le rat existe bel et bien ; il est d’ailleurs question à trois reprises de cet animal dans la pièce : Serge est comparé à un rat d’exposition, le rat passe dans la pièce et Yvan se plaint que, célibataire, il était seul comme un rat.

Plus subtile, le fait que ces hommes se servent de la nourriture pour apaiser leurs tensions ou simplement différer les vraies explications. Le nœud du problème à savoir que Marc soit jaloux de l’œuvre, est renvoyé à la fin de la pièce par ce procédé qui se répète (des olives et des noix de cajou entre autres seront picorées et il sera question de se rendre au restaurant)

Le comique de mots est à l’œuvre dans toute la pièce mais de façon assez mécanique. Les répétitions des propos des uns puis des autres rend la chose un peu fastidieuse mais le comique passe aussi par cette mécanisation de ce qui, par définition, est tout sauf mécanique : le langage et par extension les conversations.

Les échanges sont assez rapides, truculents et cette efficacité accentue l’absurdité du fond : un tableau blanc avec des liserés blancs vendu et donc acheté deux cent mille francs.

Le comique de caractère : trois hommes incarnent trois personnalités très différentes.

Marcest sans doute la figure la plus intéressante. Il incarne la science, la rigueur, la rationalité mais aussi l’absence d’imagination. La toile qui est exposée chez lui témoigne de ce souci de la concrétude des choses : le tableau est un paysage, qui dévoile peut-être une forme de misanthropie et appartient au genre figuratif ; pour apprécier la toile, Marc a besoin de voir ce qu’elle représente. Sa dépendance aux pilules, fussent-elles des gélules d’homéopathie, montre qu’il est nerveux, anxieux. Il n’y a chez lui aucun laisser-aller ; il se prend très au sérieux et tout lui tient à cœur au point qu’il en devient tyrannique (car que lui importe finalement que son ami ait acquis une toile aussi onéreuse). Plus encore, il est fondamentalement jaloux de cette œuvre et de l’importance qu’elle a prise dans la vie de son ami Serge. L’œuvre l’a remplacé aux yeux de ce dernier et voyant que Serge prend une forme d’indépendance en matière de goût, d’initiative, de choix de vie Marc s’agace tant il croyait incarner pour lui un modèle, une référence indépassable. Il y a finalement chez lui quelque chose de très enfantin, de puéril dans l’idée de ne pas supporter qu’un ami cesse de vous prendre pour le centre du monde. L’image de Serge renvoie à Marc est celle d’un autre remplaçable, substituable, donc non nécessaire. C’est cette vision qui l’afflige plus que le tableau lui-même. Marc fait rire dans son rigorisme mais la fragilité que l’on ressent à la fin de la pièce nous le rend plus sympathique et partant moins drôle : le spectateur est pris de pitié pour cet homme qui crie de façon maladroite sa peur de l’abandon.

Sergen’est pas à proprement parler un personnage comique : vexé quand Marc se moque de son achat, donc de lui, il fait preuve d’un peu d’arrogance, d’assurance mais se révèle finalement assez sympathique : cette position médiane (entre l’antipathie et la sympathie) fait que ce n’est pas lui qui cristallise le comique dans la pièce.

Yvanincarne un comique populaire : il est un valet là où les deux autres sont des bourgeois. Sa lâcheté en fait un être risible d’autant plus comique qu’il semble ne pas avoir de consistance. C’est Sganarelle dansDom Juan. Il vit dans l’ombre de ses amis mais tient à leur amitié en ce qu’elle est valorisante et eux tiennent à lui parce qu’il amuse ; sa légèreté cache en fait un sentiment d’infériorité et une peur de la solitude. Sa tirade dit beaucoup du personnage : pour se faire entendre de ses deux amis, il lui faut se mettre en scène parce qu’il est un homme de peu de poids. Son retard est par ailleurs impardonnable aux yeux des deux autres ; aussi le récit de ses mésaventures peut-il contribuer à attirer leur bienveillance.

Le rire des personnages :

Le rire de Marc est clairement un rire de supériorité, ce qui lui sera d’ailleurs reproché par Serge tandis que Serge et Yvan rient ensemble du caractère farfelu de cette acquisition, de cette folie que Serge a faite, mais qui ne porte pas à

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