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Dissertation Sur l'Importance Du Titre

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ierre » d’une œuvre, même s’il peut être changé ou être modifié tout au long du travail de l’artiste. Dans le cadre d’une œuvre littéraire par exemple, il permet à l’auteur de choisir un ton (comique, grave ou tragique), une époque, un style. Antoine Campagnon, historien et professeur de la littérature française, disait que « le titre est la porte d’entrée du livre ».

Pour certains artistes, le titre fait partie intégrante de l’œuvre. Donné avant ou après son achèvement, il peut même influencer son caractère. Il est comme un nom que l’on donne à une personne à sa naissance. Il est donc important de choisir ce titre qui le qualifiera. Il est le fruit d’une recherche faite tout au long du travail sur le projet de l’artiste. C’est en réalisant son projet que l’artiste l’affine et le précise. Cette recherche du « nom » juste, approprié, contribue ainsi à la maîtrise du projet initial ou à son évolution. Le mouvement surréaliste doit être cité ici, plus particulièrement René Magritte dont les titres jouent avec les tableaux, comme la célèbre pipe annotée « ceci n’est pas une pipe ». Magritte disait [Ecrits Complets, Flammarion, chap.68] : « les titres ne sont pas des explications, les tableaux ne sont pas des illustrations des titres, leur relation est poétique ; un titre doit être compatible avec l’émotion » que suscite le tableau et « le titre poétique doit nous surprendre et nous enchanter ». Pour ces artistes, le titre fait également parti de l’œuvre. Ils cherchent à surprendre, à choquer ou à sortir des schémas habituels. Ce travail sur les titres donne une nouvelle profondeur, le jeu entre le texte et l’image intensifie la perception que l’on a de leur Art.

D’autres artistes s’appuient sur la qualité du titre pour mettre en mot ce qui n’était encore qu’une idée vague, une sensation, une rêverie, une nécessité d’écrire quelque chose, plus ou moins consciente. C’est le cas de l’écrivain Michal Chaillou qui récemment, dans le Monde des Livres, déclare que son dernier roman, «La fuite en Egypte», est resté en gestation pendant vingt ans. Il attendait d’avoir le titre pour se lancer dans l’écriture de ce roman qui est une méditation sur ses propres origines, le couple central du récit étant celui de ses grands-parents. Il déclare que «la rédaction du roman pouvait débuter : je ne fais jamais de plan. J’ai le sujet profond sur lequel je vais fonder le style avant le sujet apparent...» lorsqu’il put mettre des mots sur l’idée qui le préoccupait (qui allait devenir son titre).

Il nous arrive également de voir des œuvres d’art qui n’ont pas de titre. L’un des plus célèbres peintres Français actuels, Philippe Pasqua, est l’un d’entre eux : il est notamment connu pour son travail sur les Vanités (il recouvre des crânes humains d’or ou de peinture et de papillons) et il expliquait à l’exposition « Art Paris » qu’il préférait laisser notre imagination donner un sens à ses œuvres plutôt que d’indiquer une piste évidente par un titre. Ce faisant, il donne de l’importance aux titres, puisque selon lui, leur présence peut nous orienter dans une direction qui serait trop univoque (en l’occurrence le sien).

Dans cette première partie, nous avons démontré l’évidence de l’importance du travail sur le titre pour l’artiste (qu’il choisisse d’en donner un ou pas à son œuvre). Le titre apparaît également comme un acteur sur l’inconscient du public puisqu’il oriente notre pensée, que nous le voulions ou non.

Le titre permet à l’artiste d’inciter le public à lire, écouter ou voir son oeuvre en lui permettant de comprendre d’emblée, en quelques mots son projet. Depuis quelques siècles, le titre d’une œuvre d’Art est même le premier rapport que nous avons avec cette œuvre, voire souvent la seule « connaissance » que l’on en ait. L’exemple de La Joconde de Léonard de Vinci illustre parfaitement cette idée : dès le XVIe siècle, on parle à travers l’Europe de ce chef-d’œuvre de portrait, alors que sa diffusion est inexistante, et aujourd’hui encore, son titre est devenu une « marque » mondialement connue, même par ceux qui ne l’ont jamais vu.

Certains titres annoncent d’une manière explicite le projet de l’artiste. Dans Les Misérables de Victor Hugo, l’écrivain aborde le sort d’une prostituée, Fantine, de sa fille Cosette et du bagnard Jean Valjean. Mais, au-delà de ces personnages centraux, le roman met en scène le peuple de misérables qui finira par se révolter contre les terribles conditions de vie qui lui sont faîtes. L’écrivain met en scène et prend parti, il témoigne et juge une société, un régime politique ; cela est explicite d’entrée de jeu grâce au titre choisi. Dans La Comédie humaine de Balzac, le titre évoque lui aussi explicitement un immense travail littéraire et sociologique sur la société française. Plus spécifiquement, les livres qui prennent place dans cette immense fresque, comme le Colonel Chabert ou encore le Père Goriot, indique également d’une manière explicite le travail fait sur des types de personnes, des caractères humains.

D’autres titres annoncent implicitement le projet de l’artiste. Ainsi, Les Fleurs du Mal de Baudelaire évoque parfaitement dans un titre énigmatique et lyrique, la poésie, la transgression, la beauté de la laideur (comme dans le poème de La Charogne), ou encore les paradis artificiels. L’artiste peut tenter de piquer notre curiosité, d’éveiller nos sens, ou même de les brouiller, à l’aide de titre subtil.

Il existe également des titres qui expriment de façon symbolique le projet de l’artiste. 1984 de Georges Orwell est un livre qui illustre idéalement ce procédé : cette date du futur (au moment de la rédaction de l’ouvrage), ces quatre chiffres précis sont comme une prédiction terrible, celle d’un monde déshumanisé qui s’annonce. Le titre est alors la meilleure façon pour Orwell de nous donner à réfléchir, mais surtout à s’inquiéter de la dérive du monde.

Enfin nous connaissons certaines œuvres qui portent des

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