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paysages et couleurs. Cet aspect de l’art correspond à une volonté de représenter la réalité sans pour autant renvoyer à l’histoire.

C’est à travers le gobelet d’argent, de Chardin en 1768 que nous pouvons comprendre ce propos. En effet, nous pouvons contempler dans ce tableau, trois pommes, deux marrons, un bol avec une cuillère et un gobelet d’argent. Le fond et le socle sont de couleur neutre ce qui permet au regard d’être attiré immédiatement par les objets qui composent le tableau. Ces éléments transmettent une expérience visuelle émouvante, bien que le sujet en soit indifférent. Le tableau lui-même nous émeut en nous transmettant des sensations par la forme des objets. Nous sommes d’abord frappés par le reflet des pommes à la verticale du gobelet d’argent, puis l’œil passe aux pommes elles-mêmes, et des pommes au bol opaque et enfin aux marrons. Dans ce tableau des choses très simples peuvent nous illuminer par leur présence. Ainsi, le travail de l’artiste sur les sensations qu’il peut transmettre au spectateur nous fait alors oublier l’histoire qui n’a guère d’importance. L’artiste porte un soin tout particulier aux détails et souhaite représenter simplement la réalité. Chardin apporte aux objets de tous les jours une touche de sérénité et une dignité nouvelle qui sert finalement à convoquer des sensations au public qui se focalise sur les impressions que lui apportent des objets banals. Chardin ne cherche pas à éblouir, à enseigner dans ses tableaux "les objets qu’il choisit illustrent les incontournables nécessités du quotidien". Douze autres tableaux de Chardin décrivent ce gobelet d'argent dont l'artiste s'est attaché à traduire les reflets. La composition est caractéristique des œuvres tardives du peintre, de plus en plus dépouillées qui cherche à montrer qu'un objet banal du quotidien, ou un élément naturel peut devenir artistique.

Cette impression peut également être procurée par un portrait, notamment celui que nous offre Jean-Baptiste Greuze avec la Jeune fille qui pleure son oiseau mort de 1765. Ce dernier est une représentation d’une jeune adolescente accoudée sur son balcon et qui semble affligée de constater la mort de son oiseau. Cette proposition a d’autant plus de sens si on accompagne l’œuvre de Greuze de l’écrit de Diderot sur celle-ci et qu’il a exposé au salon de 1765. Le tableau représente la jeune fille appuyée sur une main et accablée de chagrin. Son oiseau, qui est un Serin, est étendu sur sa cage. Son décès, si on y réfléchi bien, n’a guère d’importance. Nous nous intéressons ici aux sentiments que peut éprouver la jeune fille face à la mort d’un être cher à ses yeux. Au-delà de ses propres sentiments, le spectateur lui aussi éprouve du chagrin, de la compassion devant cette enfant qui semble si triste. Celui-ci se surprend même à vouloir la consoler, à la prendre dans ses bras. En fin de compte, peu importe l’histoire de cette demoiselle, tout ce qui importe c’est le chagrin qui se lit sur son visage et auquel nous voulons enfin mettre un terme. Qu’elle personne face à une mine aussi triste voudrait savoir comment l’oiseau est décédé ou même ou se trouve le balcon sur lequel elle se trouve. Non, le simple fait de la regarder nous procure cette envie de réconfort. La vérité des détails du tableau nous feraient presque oublier que la jeune fille n’est pas présente. Ainsi, l’artiste a finalement si bien représenté la réalité que l’histoire est oubliée, et Diderot se laisse prendre en jeu en se risquant à parler à la jeune fille.

Par conséquent, le travail opéré pour réaliser certaines œuvres prouve parfaitement que l’histoire n’est pas forcément convoquée, notamment à travers des natures mortes et des portraits. Cependant, il existe bien d’autres caractéristiques composant l’œuvre d’art. Il faut désormais envisager que l’art ait besoin de l’histoire pour montrer une certaine véracité de l’œuvre.

L’œuvre d’art nous offre la possibilité de se lier à l’histoire. Elle doit d’ailleurs être au plus près de cette dernière pour exposer une certaine vérité. L’histoire doit être perçue comme un gage de la véracité de l’œuvre qui la représente.

La représentation du réel ne peut être qu’une reconstruction ou une transposition. En effet l’artiste utilise des équivalences : mots pour la littérature, gestes pour la danse, notes pour la musique. Il doit les façonner par une technique. Comme disait Kant : « Une beauté naturelle est une chose belle, la beauté artistique est une belle représentation d’une chose ». L’art ne saurait être qu’une transposition, une équivalence plastique du monde sensible. Le sacre de Napoléon de David peint entre 1905 et 1907 illustre parfaitement les propos tenus précédemment. En effet, plus qu’une représentation de la réalité le tableau une représentation d’un évènement important de l’Histoire. Sans l’Histoire, cette peinture ne semblerait pas aussi considérable. Le fait que le personnage de Napoléon soit mis en scène lors de la cérémonie de son couronnement rend le tableau historiquement impressionnant. S’il avait originellement prévu de peindre une sorte de héros se couronnant dans un geste grandiloquent, David semble avoir finalement réduit son œuvre à un tour de force évoquant la somptuosité et la grandeur du nouveau faste impérial. Même si le tableau ne reflète aucun sentiment religieux, il y a une dimension très solennelle puisque l’art est mis au service de la propagande napoléonienne : il doit former les esprits et préparer la postérité de l’empereur. Il s’agit d’une œuvre de commande et Napoléon rendait de visites régulières à l’atelier de David afin de contrôler l’exécution du tableau. Le pape est représenté assis, moins haut que l’empereur. Ce dernier lui tourne le dos. Sa présence au couronnement est contrainte ; il n’a qu’un rôle de second plan.

Guernica est une des œuvres les plus célèbres du peintre espagnol Pablo Picasso. Peinture d'histoire, à l'huile, exécutée en camaïeu de couleurs gris-noir barré de jaune et blanc, Picasso semblent évoquer une simple querelle entre des chevaux et des taureaux qu'une femme, tendant au bout de son bras une lampe à pétrole, chasse de la place du village par ses cris. Mais finalement, le taureau présent sur le tableau n'étant plus que l'avatar du Minotaure et son regard celui du monstre mythique qui a joui de son forfait, le viol d'une jument qui représente symboliquement d'après Picasso lui-même, le peuple espagnol. Quand il aura connaissance des photographies de Guernica en flammes, il intègrera le bombardement dans son œuvre comme une conséquence de ce viol. Il la réalisa à la suite du bombardement de la ville de Guernica qui eut lieu le 26 avril 1937, lors de la guerre d'Espagne, et qui devint rapidement un symbole de la violence de la répression franquiste avant de se convertir en symbole de l'horreur de la guerre en général. Non seulement cette œuvre est une représentation de l’Histoire, mais à travers elle, Picasso exprime sa propre vision de l’Histoire. L’œuvre est réalisée à partir de l’histoire de l’artiste. Même si l’artiste nous expose une conception de l’Histoire plus du tout visible il nous montre sa conception de l’Histoire, sa propre vision. Ce tableau représente une scène de violence, de douleur, de mort et d'impuissance dont la cause n'est pas représentée explicitement. Picasso a dit : « La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l'ennemi ». C’est à travers des métaphores que Picasso expriment ses sentiments face au bombardement de Guernica. C’est en racontant au monde comment il perçoit la guerre en Espagne, toute l’horreur et la colère qu’il ressent que Picasso consigne l’Histoire à sa façon et qu’il transmet aux générations futures son témoignage.

Ainsi, que l’histoire soit collective ou personnelle, elle répond incontestablement à une réalité, présente ou passée comme à su le faire Picasso avec Guernica en exposant sa vision des événements qui se sont déroulés à son époque. Cependant, pour représenter l’histoire à sa façon, Picasso intègre des éléments imaginaires pour constituer son œuvre.

Nous avons pu constater précédemment que l’art d’un côté peut très bien représenter le réel sans pour autant faire appel à l’histoire et de l’autre que l’histoire témoigne de la réalité illustrée dans une œuvre. Mais pourquoi ne pas concilier imagination et histoire dans une même peinture ?

Si l’Art est une copie, alors la plus belle œuvre est la photographie. Prenons celle de Willy Ronis, Le café Mestre de 1947. La photographie représente un homme et une femme se trouvant devant le café Mestre en soirée ou dans la nuit si on considère que nous n’apercevons finalement que l’ombre des deux personnages. Si nous observons attentivement cette photographie, notre regard est attiré par le mot « Téléphone » écrit sur la devanture du café ainsi que l’ampoule éteinte visible juste au-dessus de celui-ci. Bien sûr on aperçoit une personne et quelques détails dans le café mais ils n’ont aucune importance puisque notre regard ne peut se détaché

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