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uteurs y recourent si souvent. Aujourd’hui hommes politiques et journalistes y coulent leurs projets, leurs expériences ou leurs jugements. L’essai prend la forme d’un article étoffé, d’un traité, d’un livre d’histoire, de mémoires, d’une étude, d’une discussion philosophique, d’une lettre ouverte, d’un pamphlet… Certains sont rédigés au moyen d’un plan rigoureux, thématique, analytique, logique sur un sujet précis. D’autres présentent des digressions, un parcours imprévisible comme les Essais de Montaigne.

L’essai se caractérise surtout par un ton personnel : l’essayiste cherche à marquer son lecteur par un style bien à lui qui rende le propos attrayant et accessible et surtout qui lui permette de se distinguer des prédécesseurs ou des adversaires.

Le dialogue d’idées

Une argumentation peut prendre la forme d’un dialogue entre deux ou plusieurs personnes.

Le dialogue est un moyen essentiel pour confronter des idées. Autour de nous, nombreux sont ceux qui cherchent à promouvoir le dialogue entre les cultures, les générations, les blocs, les pays, les religions, les idéologies pour éviter les affrontements violents et destructeurs…

Dans un dialogue s’opposent non seulement des idées, mais des valeurs : selon une logique des principes et des sentiments :

* morales (le bien / le mal, le juste / l’injuste, la sincérité / le mensonge…) ou sociologiques (le convenable / le choquant…) ;

* esthétiques (le beau / le laid, l’attirant / le repoussant, l’exposé / le caché, l’admissible / le provoquant…) ;

* intellectuelles (le vrai / le faux, l’ordre / le chaos, le logique / l’absurde, le réel / la fiction…) ;

* pratiques (l’utile / le futile, le rentable / le superflu, le payant / le gratuit…).

En littérature, le dialogue d’idées s’inscrit dans des genres divers

* Au théâtre, le dialogue constitue généralement l’essentiel du texte prononcé, et même sous la forme du monologue délibératif il garde son caractère de dialogue avec soi-même9. C’est lui qui assure la progression dramatique dans la tension entre des intérêts divergents. Ce discours est souvent coloré extérieurement par les didascalies (indications scéniques) qui indiquent notamment les émotions et les sentiments qui agitent les personnages.

Au théâtre (mais aussi parfois dans le roman ou le dialogue philosophique), ce dialogue est marqué par la double énonciation :

* deux émetteurs : les personnages qui parlent et le dramaturge, auteur de la pièce, qui, utilise la scène comme une tribune ; plusieurs destinataires, les propos d’un personnage sont généralement adressés à un interlocuteur particulier, mais ils peuvent viser d’autres participants de la discussion et, en dernier ressort, le lecteur ou le public.

Dans le roman ou la nouvelle, le dialogue d’idées entre les personnages constitue une des formes de la pause dans le récit. Les propos sont rapportés au discours direct, indirect, indirect libre ou narrativisé. Parfois l’auteur se mêle aux propos de ses personnages. Le recours au dialogue d’idées dans un roman permet, comme au théâtre, d’animer un débat idéologique, de dépeindre sur le vif la vie intellectuelle ou les questions brûlantes d’une époque. De même le roman peut contenir des monologues délibératifs, l’un des plus connus est la « Tempête sous un crâne » des Misérables.

On peut le trouver aussi dans l’essai. Par exemple il sert de fil conducteur à plusieurs niveaux dans le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot, sorte d’essai polémique sur la civilisation et la morale sexuelle.

L’apologue, la fable ou le conte philosophique utilisent parfois (souvent ?) le dialogue pour opposer des thèses, suggérer une critique, dénoncer des travers…

Candide discute avec le nègre de Surinam chez Voltaire, le loup dispute avec l’agneau ou avec le chien dans les Fables de La Fontaine…

Le dialogue philosophique est hérité de l’Antiquité. Platon, philosophe grec du Ve siècle av. J.-C., présente l’enseignement de son maître Socrate sous forme de dialogues avec ses élèves et ses adversaires, selon la méthode de la « maïeutique » (ou accouchement) qui, par des questions appropriées, faisait naître les vérités qu’ils portaient en eux sans le savoir.

Ce type de dialogue suppose deux interlocuteurs bien disposés, qui font avancer la conversation de manière à exposer dans son entier le domaine examiné. Chez Socrate, il ne s’agit pas de débattre, mais de pratiquer un dialogue dialectique où les interrogations croisées conduisent à faire émerger une réponse. Sa visée est essentiellement didactique car, utilisé par un maître habile, il sert à transmettre un savoir.

Ce dialogue philosophique a été particulièrement utilisé dans le combat philosophique du siècle des Lumières. Sous le nom de dialogue ou d’« entretien », il devient une forme littéraire commode pour polémiquer : Fontenelle écrit le Dialogue des morts (1683) et les Entretiens sur la pluralité des mondes (1686).

Diderot en écrit de nombreux : Entretien d’un philosophe avec la maréchale de***, Entretien avec Dorval sur le Fils nature, Le Rêve de d’Alembert… Voltaire aussi qui l’emmène parfois aux confins du burlesque animalier comme avec le Dialogue du chapon et de la poularde, Sade lui donne des allures théâtrales avec le Dialogue entre un prêtre et un moribond.

Cet engouement s’explique par la pratique de l’art de la conversation dans les salons littéraires où chacun cherche à briller par l’exposé et la défense d’idées nouvelles ; c’est aussi la continuité de l’art didactique classique qui veut instruire en plaisant, comme de l’ambition philosophique de vulgariser des concepts difficiles.

Un tel dialogue d’idées utilise plutôt les registres polémique et satirique. La persuasion y est en particulier un art de réutiliser le matériau fourni par l’adversaire. La critique des idées nécessite un esprit brillant qui n’est pas exempt d’une certaine mauvaise foi réductrice. Elle amène souvent à reprendre les propos de l’adversaire : citation directe, reprise ironique, reformulation, déformation…

* par contestation du sens de ses affirmations ;

* par la mise en cause personnelle (apostrophes, arguments ad hominem, interrogations oratoires…) ;

* par la dérision ou la caricature réductrice (épithètes péjoratives, déductions poussées jusqu’à l’absurde, déformation intentionnelle du sens, ironie mordante…)…

Cette argumentation dialoguée peut mettre en œuvre différentes stratégies argumentatives :

Exposer ses idées sous le questionnement d’autrui, c’est le jeu de l’entretien, de l’examen ou de l’interview.

Contester une thèse, se confronter avec mesure ou mordant, concéder pour montrer largeur d’esprit ou pour renforcer sa propre thèse, examiner plusieurs points de vue, aboutir à un compromis, un accord. Le dialogue est une manière de désamorcer les conflits en évitant une issue violente. Il est ainsi pratiqué en diplomatie, dans la vie des sociétés, des entreprises…

Le dialogue est marqué par la polyphonie : le dialogue se caractérise par la pluralité des voix qui s’y font entendre.

Il y a d’abord la voix du narrateur qui peut se confondre avec celle de l’auteur10. Dans la plupart des cas, le dialogue contribue à caractériser le personnage11, au même titre que les descriptions ou les portraits. Ce personnage est tributaire de son créateur qui lui prête tout ou partie de sa propre nature ou expérience.

Ensuite nous pouvons découvrir les voix d’autres personnages. Le dialogue mêle alors des voix singulières pour susciter un monde fictionnel, individualisé, caractéristique de son créateur. Le roman épistolaire utilise d’ailleurs une telle forme du dialogue qui serait une suite de monologues réactionnels dans une « conversation des absents » (Cicéron).

Le dialogue est marqué :

* Par des signes typographiques particuliers,

* Par les indices d’énonciation des personnes qui jouent un rôle déterminant pour exprimer la divergence des positions ou du statut des personnages.

* Par des tournures visant à capter l’attention (fonction impressive ou conative du langage, fonction phatique), à impliquer l’interlocuteur dans le point de vue de son contradicteur (emploi du « nous ») ou à le prendre à témoin.

* Par des procédés argumentatifs qui évoquent l’éventualité, l’hypothèse.

La correspondance

La lettre est un genre à la fois fixe et divers, souple.

La correspondance peut être un genre argumentatif. En effet la lettre est un succédané du dialogue. Substitut du contact visuel et de l’échange verbal, elle acquiert la potentialité d’un dialogue différé. Avec la correspondance le temps s’étire, les réponses sont mûries, globales, moins interactives, mais le fil de la discussion demeure.

Si nous comprenons

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