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Dom Juan

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référence pour les droits de l'homme ! L'épisode du Congo est plus discutable, même si les ingénieurs, médecins, instituteurs ont fait sans aucun doute des choses valables là-bas. Hergé a reconnu qu'il n'avait pas pris la peine de se documenter sérieusement, pressé d'en finir, et avait trop suivi les stéréotypes de son époque : « Les Noirs sont de grands enfants, heureusement qu'on est là pour faire leur bonheur ! »

Le sujet de l'Amérique intéressait par contre Hergé et cette histoire est d'ailleurs nettement plus réussie que les deux précédentes. Hergé ne cache pas les défauts de la civilisation américaine (corruption, racisme), mais aussi ses qualités (modernité, dynamisme).

Par la suite, Hergé réalisera une histoire anti-impérialiste (Le Lotus bleu), très progressiste pour son époque. La domination japonaise en Chine y est bien sûr fortement critiquée, mais aussi celle des Occidentaux. Il suffit de relire cet épisode.

Le sceptre d'Ottokar est clairement antifasciste. Cette histoire a été réalisée juste après l'annexion forcée de l'Autriche par l'Allemagne nazie. La Syldavie figure alors l'Autriche, tandis que la Bordurie représente l'Allemagne nazie. Le comploteur pro-bordure essayant de renverser le roi de Syldavie s'appelle Müsstler, raccourci évident de Mussolini et Hitler. Il dirige par ailleurs La garde d'acier (page 58), dont le nom est inspiré de la Garde de fer, un parti fasciste de Roumanie. L'avion bordure abattu (page 56) est aussi un Heinkel 111, pour lequel Hergé fut averti par un censeur allemand sous l'Occupation : « Attention, il ne faut surtout pas recommencer ce genre de plaisanterie... »

Hergé ridiculise aussi Mussolini et Hitler dans plusieurs Quick et Flupke, non réédités car il jugeait le contexte trop dépassé et après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Je les ai dans l'intégrale des éditions Rombaldi. Vous les trouverez aussi probablement dans l'une ou l'autre rétrospective publiée par Casterman. J'ai mis l'une de ces historiettes dans la section Quick et Flupke du forum, sujet Les dictateurs.

Enfin, Monsieur Bellum, un héros comique éphémère créé par Hergé, qualifie Hitler de fou. J'ai mis cette scène dans la section Autres œuvres, sujet Mr Bellum et Hitler. Significatif, non ?

On a par ailleurs supposé des tendances antisémites chez Hergé, en s'appuyant sur le personnage antipathique de Blumenstein (plus tard, Bohlwinkel) dans L'étoile mystérieuse. Il est en effet représenté sous des traits sémites. Mais Bohlwinkel ne fait que de rares apparitions et le mot « juif » n'est surtout jamais écrit. Hergé a par ailleurs suffisamment mis en scène des affreux de toutes origines !

Contre-exemple, les activistes juifs de Palestine sont montrés sous un jour plutôt favorable dans L'or noir (première version) et le mot « juif » est là bien indiqué ! Reportez-vous à la section du forum consacrée à cette histoire.

À l'exception de L'étoile mystérieuse et de Monsieur Bellum, tous ces récits ont paru avant-guerre dans Le Vingtième Siècle. Cela montre bien que ce journal ultra-catholique n'était pas fasciste et pouvait même être progressiste sur certaines questions, la Chine par exemple.

C'est dans le cadre de ses activités au Vingtième Siècle qu'Hergé rencontra Léon Degrelle, tristement célèbre par la suite. L'amitié d'Hergé pour Degrelle ne fait aucun doute, mais n'implique pas une adhésion à ses idées politiques. Degrelle n'avait de toute façon rien fait alors de répréhensible. Son parti Rex n'était même pas fasciste au départ, seulement populiste et démagogue. C'est beaucoup plus tard, sous l'Occupation, que Degrelle versera dans la collaboration. Mais Hergé ne le voyait plus alors depuis longtemps. Il refusera par ailleurs une proposition de Degrelle pour qu'Hergé devienne le dessinateur du parti rexiste.

Pour la participation d'Hergé à un journal collaborateur sous l'Occupation, je remets les choses dans le contexte. Le Vingtième Siècle, journal où publiait Hergé, s'était sabordé lors de l'invasion de la Belgique par l'Allemagne nazie (1940). Hergé publia alors Tintin dans le journal Le Soir, un grand journal belge d'informations générales, peu orienté politiquement. Mais il est en effet devenu progressivement collaborateur, les occupants allemands faisant alors pression pour y introduire de plus en plus des journalistes fascistes. C'était d'ailleurs leur politique pour toute la presse. Tous les journaux étant finalement devenus collabos, Hergé n'avait plus le choix.

Hergé aurait évidemment pu démissionner, mais il lui fallait bien aussi gagner sa croûte. Est-ce que le fait de publier Tintin dans un journal devenu collabo était par ailleurs vraiment de la collaboration ? À ce compte-là, il aurait fallu inculper tous les cheminots et postiers sans exception,

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