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Dossier Ruy Blas

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bre de personnages secondaires, dont le très important don César de Bazan, grand d’Espagne caché sous les traits de Zafari. • Le lieu et temps : : à Madrid, dans les différentes pièces du palais royal (I,II,III), puis dans la petite chambre d’une maison (maison secrète de Salluste) (IV,V). L’action se situe sous le règne de Charles II, en mai (I), le 29 juin (II), six mois plus tard, les 29 et 30 décembre (III,IV,V) de l’année 169… L’imprécision volontaire quant à l’année permet à Hugo de faire de sa pièce un concentré des éléments du règne, et non pas simplement la chronique d’un moment précis. Personnages : Ruy Blas, laquais du Premier ministre, jeune homme idéaliste, amoureux de la reine ; la reine, jeune femme qui s’ennuie et tombe amoureuse de Ruy Blas en qui elle voit un homme providentiel ; don Salluste, grand d’Espagne, froid calculateur et sans pitié ; don César de Bazan, noble désargenté qui s’est fait bandit (sous le nom de Zafari) mais qui reste fidèle à son code d’honneur ; un ensemble de « grands », tous plus corrompus les uns que les autres ; des personnages caricaturaux (don Guritan, la duchesse d’Albuquerque, la duègne et un valet) qui apporte une note comique. Intrigue : don Salluste, grand d’Espagne et homme de pouvoir, médite dans l’ombre une terrible vengeance contre la reine qui l’ disgracié. Après avoir surpris les confidences amoureuses de Ruy Blas à son ami Zafari (alias Don César de Bazan) et s’être débarrassé de celui-ci en le faisant vendre aux barbaresques, il imagine de donner, tout en le tenant à sa merci, son valet comme amant à la reine en le faisant passer pour Don César. L’entreprise réussit et Ruy Blas devient Premier ministre et amant (de cœur) de la reine. Mais au moment où le piège va se refermer et le

scandale éclater, Ruy Blas se démasque, tue don Salluste et se suicide, alors que la reine l’assure de son amour. • Enjeux : éclatante illustration de la théorie du drame romantique prôné par Hugo. A côté des passages comiques, le spectateur ne peut que s’angoisser de voir un ignoble et machiavélique personnage poursuivre de sa haine deux innocents qui s’aiment d’un amour aussi impossible que romantique. Mais la pièce n’est pas que pathétique. Hugo y met aussi l’Histoire et invite à une réflexion politique : le peuple, incarné par Ruy Blas, ne peut-il pas légitimement demander des comptes à ceux qui le gouvernent et l’oppressent ? Jusqu’à quand sa parole sera t-elle muselée.

Hugo et Ruy Blas

Victor Hugo a un peut plus de 25 ans lorsque, le 5 décembre 1827, il fait son entrée dans l’univers du théâtre. Entrée fracassante, s’il en est, non pas à cause de Cromwell, la pièce qu’il publie alors – elle est énorme et injouable – mais grâce à sa Préface qui l’accompagne. Dans cette Préface, Hugo, qui a vu représenter Shakespeare à Paris cette même année et qui connaît les deux Racine et Shakespeare de Stendhal (1823 et 1825) s’en prend à la dramaturgie classique et définit un nouveau genre pour la scène (aujourd’hui communément appelé « drame romantique »), dont il analyse et justifie les principes esthétiques : mise en pièce de la règle des trois unités, mélange des genres, liberté dans l’expression et le ton, libération de l’alexandrin qui s’assouplit, refus des modèles. La Préface de Cromwell, véritable manifeste, enthousiasme la jeune génération d’écrivains autour de Hugo, dont la plupart sont d’ailleurs ses amis, et le pose comme le chef de file d’un nouveau théâtre.

Les luttes jusqu’en 1838

C’est sans doute le succès de la pièce d’Alexandre Dumas, Henri III et sa cour, premier drame écrit selon les principes de la Préface à être applaudi en février 1829 à la ComédieFrançaise, qui donne à Hugo l’envie de revenir à la création dramatique. Entre-temps, il s’est surtout consacré à la poésie. Hugo écrit alors un drame, Marion Delorme, qui, bien qu’ayant été reçu par la Comédie-Française, est interdite en juillet 1829 par la censure de Charles X, effarouchée de l’image qui est donnée de la royauté en la personne de Louis XIII. Presque aussitôt, à la fin août, Hugo se remet au travail et, en moins d’un mois, écrit Hernani. La pièce est accepté par la Comédie-Française le 4 octobre 1829 et la première a lieu le 25 février 1830. La soirée s’énonçait chaude, elle le fut. Le chahut est tel entre les tenants de la tradition classique et les jeunes romantiques emmenés par Théophile Gauthier et son « gilet rouge » qu’on en parle encore aujourd’hui comme de « la bataille d’Hernani », laquelle, en fait, se prolonge jusqu’en juin 1830, durant les trente-cinq représentations suivantes. Mais au total, c’est un succès, et le drame romantique gagne là son droit de cité, sans toutefois parvenir à désarmer entièrement ses adversaires. Les années qui suivent sont loin d’être un long fleuve tranquille pour Hugo. Si, par ailleurs, il s’affirme comme poète avec Les Feuilles d’automne (1831) ou Les Voix intérieures (1837), et comme romancier avec, notamment, Notre-Dame de Paris (1831), pour la scène, il n’en va pas de même. Globalement, le public « populaire » applaudit, mais Hugo doit constamment faire face à la censure royale, à l’hostilité presque générale des critiques de la presse majoritairement conservatrice, à quoi s’ajoutent des démêlés avec les théâtres eux-mêmes.

La représentation de Marion Delorme dans une version remaniée, à la salle de la Porte SaintMartin en 1831, sont houleuses. Le roi s’amuse, drame en vers dont le héros est le pathétique Triboulet, fou du roi, et qui évoque la cour de François Ier, est interdit immédiatement après la première à la Comédie-Française (novembre 1832). Viennent ensuite trois drames en prose : en 1833, Lucrèce Borgia, qui triomphe en février, et Marie Tudor, dont l’accueil est plus mitigé (novembre) représentés tous deux à la Porte SaintMartin ; et Angelo tyran de Padoue qui, malgré les critiques, fait un triomphe à la ComédieFrançaise. Hugo se brouille avec les deux théâtres habituels et c’est ainsi qu’il en vient à participer, avec le soutien du duc d’Orléans, qui souhaite la création d’un second Théâtre-Français, à la fondation du Théâtre de la Renaissance pour l’inauguration duquel il écrit un drame en cinq acte et en vers Ruy Blas.

Ecriture et création

Victor Hugo écrit sa pièce Ruy Blas en quelques semaine du 5 juillet au 11 août 1838. Il apporte un soin jaloux aux décors qu’il dessine en bonne partie. Il insiste pour qu’on ne diminue pas le nombre des places « populaire » et qu’on ne supprime pas entre la scène et la salle la rampe quinquets. C’est lui qui choisit Frédérick Lemaître pour le rôle de Ruy Blas et qui finit par préféré pour celui de la reine Louise Beaudoin à Juliette Drouet, sa maîtresse. Il tient lui même à expliquer leur rôle aux acteurs et à surveiller leur jeu. En fait, il assure la mise en scène de sa pièce dans les moindre détails. La première a eu lieu le 8 novembre 1838 et est applaudie. Même si au cours des représentation suivantes (surtout la 4e), il y a des remous et des sifflets à la fin du troisième acte et durant de quatrième, Ruy Blas est joué une cinquantaine de fois jusqu’au 26 mai 1839 et s’avère un succès, tant populaire que financier. Seuls, comme cela avait déjà été souvent le cas pour les pièces précédentes de Hugo, les critiques professionnels, pour des raisons politiques ou esthétiques, se montrent virulents. Dès le mois de décembre 1838, Ruy Blas paraît chez l’éditeur parisien Delloye.

Les sources de Ruy Blas

Les sources de la pièce sont extrêmement nombreuses : aussi n’en retiendrons-nous que les plus significatives.

Les sources historiques Pour évoquer cette Espagne de la seconde moitié du XVIIe siècle, Hugo a minutieusement accumulé les informations. Il dispose d’abord, quant au lieux, de souvenirs personnels, puisqu’il a passé une partie de son enfance en Espagne. Il possède aussi la documentation qu’il avait déjà réunie pour Hernani. Hugo s’est particulièrement servi de trois textes : L’Etat présent de l’Espagne par l’Abbé Vayrac (1718) pour les renseignements économiques et politiques, Les Mémoires de la Cour d’Espagne de Mme d’Aulnoy (1690) pour ce qui est des mœurs et des personnages de l’entourage de Charles II et enfin Les mémoires secrètes non répertoriées jusqu’alors du marquis de Louville (1818) qui peint la décadence de l’Espagne (cf tirade de Ruy Blas Acte III,2)

Victor Hugo a pris la liberté de faire fusionner dans sa reine trois reines différentes : MarieLouise d’Orléans, première épouse de Charles II, jeune et charmante, Marie-Anne de Neubourg, sa seconde épouse, et Marie-Anne d’Autriche, la mère du roi, la seule à avoir eu un favori, un petit gentilhomme, Fernando de Valenzuela. Les sources littéraires L’histoire de reines se mourant d’ennui sous l’étiquette impérieuse se retrouve dans Don Carlos de Schiller, qui raconte le sort malheureux d’Elisabeth de Valois contrainte d’épouser le roi Philippe II, alors qu’elle aime l’infant Don Carlos. On retrouve ce même thème dans le drame en prose de Latouche La reine d’Espagne (1831) qui met en scène précisément Charles II et Marie-Louise d’Orléans. Il semble

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