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Démocratie Et Représentation

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eu pour effet d’entrainer une démocratisation de cette « démocratie représentative » (II).

I) La représentation politique comme système politique résolvant les problèmes posés par la démocratie directe.

On peut écrire que les régimes politiques modernes sont nés avec les Révolutions Anglaise, Américaine et Française. Ces Révolutions, bien que s’inscrivant dans des contextes différents (en France se libérer de la Monarchie Absolue, aux USA s’émanciper de la tutelle anglaise par exemples), ont toutes prôné un type de régime : le gouvernement représentatif (ou y ont abouti pour ne pas oublier l’exception française). Ainsi, la démocratie directe qui était la référence a été congédiée (A) et s’est vue remplacer par un régime libéral (B).

A) La représentation politique : un remède aux maux de la démocratie directe.

Ce sont sans aucun doute les révolutionnaires américains qui ont le plus pris au sérieux la démocratie directe comme régime possible. En effet, comme l’a noté B. Manin, loin de balayer d’un revers de la main le tirage au sort par exemple, les Constituants vont argumenter contre et surtout pour l’élection et le système représentatif. Pour Madison par exemple, le principal danger de la démocratie directe est la tyrannie d’une minorité, d’une « faction ». Par opposition, il croit en la sagesse des gouvernants choisis par le peuple, qui sauraient voir au-delà de leurs intérêts personnels pour atteindre le bien commun. Il croit également dans le pouvoir de la délibération, celle-ci accouchant de l’intérêt général. Ce gouvernement représentatif doit, pour fonctionner, accepter toutes les « factions » qui, en s’entrechoquant, se neutraliseront et feront avancer les idées. La mort de Socrate, dans ce sens, sert toujours d’argument contre un régime tyrannique et ne supportant pas l’opposition. Ce n’est donc pas tant l’impossibilité matérielle de la mise en pratique de la démocratie directe qui est pointée du doigt que les effets pervers d’un possible gouvernement tyrannique. En France, la « volonté générale » se déchainera lors du Comité de Salut Public emmené par Robespierre, ce qui aura pour conséquence de faire développer les thèses libérales.

Ainsi, la représentation politique se montre, à ses débuts, comme le contraire de la démocratie directe. Ceci sera accentué par la mise en place d’un régime représentatif restreint d’essence libéral.

B) Le gouvernement représentatif comme mode de « distinction » (B. Manin) des « capacitaires ».

A cette volonté dont témoignait Madison de représenter toutes les factions, a répondu, en France, une représentation politique restreinte réservée à une élite de propriétaires. Les libéraux français comme Guizot vont reprendre l’idée de Locke selon laquelle la liberté se mesure à la propriété. Ainsi, le vote et plus encore la possibilité de participer à la prise de décision (d’être élu) est soumis à un cens qui exclu la majorité de la population. Le gouvernement représentatif est alors conçu comme le gouvernement des meilleurs, assimilés à ceux qui sont libres, ceux qui peuvent payer le cens. Ainsi, ici, le gouvernement représentatif est un système de « distinction » et la représentation est réservée à une élite économique qui est loin de ressembler au peuple français. Ce sera durant ces années que sera poussée à son paroxysme la différence avec la démocratie pure, le « premier venu » n’ayant pas le droit ni de voter ni de remplir des fonctions publiques. Mais se manifeste très vite l’idée d’un déficit de figuration sociale dans l’opinion comme le sentiment d’une coupure entre représentants et représentés.

Voulant répondre aux maux de la démocratie directe – gouvernement des factions et incompétence – le gouvernement représentatif va vite faire face à ses limites. Il va devoir répondre à des demandes politiques et sociales que l’abstraction et cette « distinction » avaient niées. Ainsi, et on peut le voir comme un paradoxe au vu des aspirations des pères fondateurs, la « démocratie représentative » va devoir se démocratiser.

II) Démocratiser pour résoudre l’aporie de la démocratie représentative.

Dans son ouvrage Principes du gouvernement représentatif, B. Manin n’emploi pas le terme « démocratie représentative » justement parce que ces deux termes sont, à leur début, conçus comme étant contradictoires. Mais avec le suffrage universel, l’acceptation que chaque citoyen puisse voter sans condition de fortune, il peut être permis de parler de cette « démocratie représentative ». Celle-ci, en effet, rompt avec la différence fondamentale entre les deux termes pour essayer de les faire se rejoindre. Ainsi, la représentation politique va entreprendre une démocratisation sous l’influence de plusieurs facteurs que nous allons examiner.

La représentation va se pourvoir peu à peu de « béquilles » (P. Rosanvallon) essayant d’amener une diversification du personnel politique (A). Mais ces dernières se trouvent elles-mêmes, aujourd’hui, être insuffisantes face à une demande des citoyens d’une démocratie en mouvement (B)

A) Des aides à la figuration sociale : les « béquilles » de la représentation.

A la fin du 19ème siècle dans de nombreux pays, dont ceux ayant connu une révolution, vont se mettre en place des institutions de conquête de pouvoir. Ces « entreprises politiques » (M. Weber) ne vont pas être conçues seulement comme des « machines » voulant engranger les voix mais aussi comme des moyens pour démocratiser la représentation. Ainsi, les « cocus » aux USA ou les premiers partis en France (analysés par Ostrogorski et Michels) vont être le lieu d’un apprentissage des règles du jeu démocratique et le moyen d’amener des citoyens démunis socialement et économiquement à participer à la décision. Dans une perspective subversive, le Parti Communiste Français (PCF) sera l’archétype de cette institution (« totale ») socialisant et permettant à ses membres de pouvoir s’élever, sinon dans la société, du moins dans le parti, apportant ainsi de fortes rétributions et, paradoxalement pour lui, diminuant les velléités révolutionnaires (G. Lavau). Ces partis, « enfants du suffrage universel » (M. Weber) vont émettre l’espoir d’une vie politique ouverte à tous.

En parallèle naîtront également les syndicats. Ceux-ci viendront pallier le manque de figuration sociale du système représentatif (cette abstraction individualiste). En défendant les « travailleurs », les syndicats créent un homme social, avec une substance sociale, professionnelle, que ne possédait pas l’individu politique. C’est le mouvement ouvrier qui sera à la base de cette demande de figuration. Bien qu’appelant à la Révolution sociale, les mouvements ouvriers ont aidé à réformer le système représentatif, en le faisant « coller » davantage au « pays réel ».

Mais les partis, comme les syndicats, porteurs d’espoir quant à une éventuelle démocratisation, ont vu leur légitimité attaquée, notamment depuis la fin du régime soviétique en URSS.

B) L’insuffisance de ces « béquilles » : une demande de démocratie en mouvement.

La « démocratie représentative » apparaît aujourd’hui, pour beaucoup, comme insuffisante. Et pour cause : comme on l’a vu, elle est la juxtaposition de deux termes qui, au départ, étaient contradictoires. Ainsi, elle dessine une « aporie constitutive » qui ne peut être résolue totalement mais aménagée (c’est pour cela que P. Rosanvallon parle de « béquilles »). Mais celles-ci – partis et syndicats – apparaissent elles aussi discréditées. L’abstention est forte, la désaffiliation partisane est une réalité et la baisse des effectifs dans les syndicats est criante. Ceci dit, au regard de l’ « aporie

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